L'Aisne avec DSK

25 septembre 2010

Le laconisme en politique.

Bonjour à toutes et à tous.


En écoutant la revue de presse d'Yvan Levaï ce matin, j'apprends une maxime de Saint-Just que je ne connaissais pas : "Il est impossible que l'on gouverne sans laconisme". Au départ, on ne comprend pas, tellement la politique est une activité de discours. Et puis, en méditant, la formule s'éclaire : dans les réunions, les prises de parole sont des marquages de territoire, des preuves et des vérifications de fidélité. Sur le fond, il n'y a pas grand chose, ou très rarement, car ces interventions ne sont pas faites pour ça. A la limite, celui qui parle, surtout quand le débat est libre (j'exclus bien sûr les exposés programmés ou les discours publics), n'a pas le pouvoir. Je l'ai maintes fois remarqué : ce sont des silencieux dont il faut se méfier.

A ce propos, j'ai en tête l'habitude de François Mitterrand quand il présidait les réunions socialistes : introduire puis conclure et, entre les deux, laisser parler en rédigeant son courrier ! Aujourd'hui où plus personne n'écrit de sa main, c'est le téléphone portable qui a remplacé le papier : se concentrer ostensiblement sur son mobile, manifester qu'on est présent mais pas là, que ce qui se dit n'a strictement aucune importance, que tout est déjà joué, que le pouvoir est au dessus de tout ça. C'est le laconisme contemporain (qui est aussi une forme de cynisme).

Pour ma part, j'interviens avec beaucoup d'économie dans les réunions politiques, et jamais spontanément ("rebondir" sur ce que disent les autres, quelle horreur, je n'ai pas une tête de ballon !). Une prise de parole doit être organisée et sans illusion sur son impact. On parle plus pour soi, pour voir clair en soi-même, qu'en direction d'une assistance dont l'opinion est faite d'avance ou suivra son leader. En revanche, ce qui m'intéresse et que je pratique, ce sont les interventions devant un public ou dans un milieu extérieurs. Ce sont les seules qui sont politiquement utiles. C'est là où il faut être prolixe. Mais c'est plus difficile.


Bonne journée.

1 Comments:

  • Ce qui est remarquable avec Saint-Just c'est qu'il n'a pas barguigné à pratiquer une forme de laconisme particulièrement tranchante (la lame de la guillotine) et aussi qu'il n'a pas reculé d'expérimenter sur lui même que c'était une forme de progrès pour l'humanité toute entière.
    Je relis en ce moment l'histoire de la Révolution de Jules Michelet, une lecture bien utile quand on fréquente les blogs politiques.

    By Blogger Ane-Vert, at 9:32 PM  

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