L'explosion des inégalités.
Bonsoir à toutes et à tous.
J'ai regardé hier soir un très bon numéro d'Arrêt sur images ( le 144 ème) consacré aux retraites, avec Jean-Louis Malys, secrétaire national de la CFDT, chargé de ce dossier. Quelle clarté et quelle intelligence de la situation ! Ce syndicat a toujours été celui dont je me suis senti le plus proche, même si en tant qu'enseignant j'ai rejoint l'UNSA, lui aussi réformiste.
Le problème des retraites n'est pas celui de l'âge, 60 ou 62 ans, mais de la durée de cotisations. Bien sûr il ne faut pas plier sur les 60 ans, marqueur idéologique, politique, symbolique. Mais le fond est ailleurs. Les manifestants qui réclament le maintien absolu du départ à 60 ans ont à la fois raison et sont victimes d'une ambiguïté. Pour celui qui a normalement travaillé et cotisé, le problème n'est pas majeur. C'est pour les carrières longues et courtes, pour les femmes qui ont travaillé sans cotiser, que les difficultés seront majeures. Le pire de la réforme Sarkozy est dans cette explosion des inégalités.
En définitive, la question des retraites pose celle du travail : pourquoi pas mal de gens s'accrochent aux 60 ans alors que l'allongement de la durée de la vie leur permettrait de travailler plus longtemps, de partir à la retraite à taux plein, sans se soumettre à la pénalisante décote ? C'est parce qu'ils en ont marre de leur travail et de ses conditions d'exercice. Et tous ceux qui ne trouvent pas de boulot, qui ne cotisent pas ? Pour eux, l'horizon de la retraite est inimaginable. Pendant longtemps, la retraite a été le seul patrimoine de ceux qui n'avaient pas de patrimoine. C'est cela qui désormais est remis en question.
Bonne soirée.
J'ai regardé hier soir un très bon numéro d'Arrêt sur images ( le 144 ème) consacré aux retraites, avec Jean-Louis Malys, secrétaire national de la CFDT, chargé de ce dossier. Quelle clarté et quelle intelligence de la situation ! Ce syndicat a toujours été celui dont je me suis senti le plus proche, même si en tant qu'enseignant j'ai rejoint l'UNSA, lui aussi réformiste.
Le problème des retraites n'est pas celui de l'âge, 60 ou 62 ans, mais de la durée de cotisations. Bien sûr il ne faut pas plier sur les 60 ans, marqueur idéologique, politique, symbolique. Mais le fond est ailleurs. Les manifestants qui réclament le maintien absolu du départ à 60 ans ont à la fois raison et sont victimes d'une ambiguïté. Pour celui qui a normalement travaillé et cotisé, le problème n'est pas majeur. C'est pour les carrières longues et courtes, pour les femmes qui ont travaillé sans cotiser, que les difficultés seront majeures. Le pire de la réforme Sarkozy est dans cette explosion des inégalités.
En définitive, la question des retraites pose celle du travail : pourquoi pas mal de gens s'accrochent aux 60 ans alors que l'allongement de la durée de la vie leur permettrait de travailler plus longtemps, de partir à la retraite à taux plein, sans se soumettre à la pénalisante décote ? C'est parce qu'ils en ont marre de leur travail et de ses conditions d'exercice. Et tous ceux qui ne trouvent pas de boulot, qui ne cotisent pas ? Pour eux, l'horizon de la retraite est inimaginable. Pendant longtemps, la retraite a été le seul patrimoine de ceux qui n'avaient pas de patrimoine. C'est cela qui désormais est remis en question.
Bonne soirée.
posted by Emmanuel Mousset at
9:46 PM
3 Comments:
60 ans ? Pour les métiers les plus terribles ? ok cent fois ok
Mais autrement, la cripation me semble inutile.
La seule bataille à venir me semble être de savoir où vont les gains de productivité ?
Dans un super marché où 200 caissières vont être demain remplacées par des machines 24/24 ?
Investissement ? Formation ? Apport aux caisses de retraites ? Revalo des salaires ? Au même titre que les actions de la boite !
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baillergeau, at 1:15 AM
Il me semble que j'avais tenté de dire ces choses, il y a quelques semaines, en commentaire d'un de tes billets sur les retraites et que tu avais fait sourde oreille. Ta phobie du terrain semble assez souvent t'incliner à considérer comme démagogie toute parole qui ne provient pas d'une autorité dûment estampillée ?
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Ane-Vert, at 10:24 AM
Une inégalité rarement aperçue et défendue c'est celle des femmes qui ont eu et éduqué beaucoup d'enfants. Ma mère et ma belle mère par exemple ont eu à elles deux 15 enfants. Notre société si vantarde de solidarités leur dit qu'elles ont "peu travaillé" et elles sont toutes les deux au minimum vieillesse (plus un petit pourboire bien dérisoire). J'avais calculé une année qui si leurs enfants leur versaient leurs cotisations retraites elles toucheraient environ une fois et demi le Smic. Bien entendu je ne suis pas pour un système de retraite fondé sur la solidarité familiale mais que vaut une société qui donne ce niveau de retraite à de telles femmes ? Chaque fois que je soulève ce problème à des "politiques" on me dit : c'est un problème marginal, ça n'intéresse pas les syndicats. Est-ce que ce n'est pas un élément qui devrait être pris en compte dans les itinéraires de carrière (ou de vie) ? Un des mérites du débat actuel c'est qu'il met en évidence que ce sont les femmes et plus généralement les précaires qui vont le plus trinquer dans la réforme en cours. La gauche parviendra-t-elle à se dégager d'une approche corporatiste des retraites et à promouvoir un modèle plus solidaire ? C'est à voir.
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Ane-Vert, at 3:40 PM
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