L'Aisne avec DSK

12 novembre 2010

Un philosophe contre DSK.

Bonjour à toutes et à tous.


L'article est passé relativement inaperçu parce que le philosophe n'est pas très connu du grand public et que l'intervention d'un intellectuel n'intéresse plus guère notre société. C'était dans Le Monde du 23 octobre dernier, sous le titre "DSK, une bulle politique", une charge assez sévère de Jean-Pierre Dupuy, philosophe économiste à Polytechnique, dont je suis et apprécie les travaux depuis une trentaine d'années mais qui là s'en prend à mon DSK ! Je reprends un par un les griefs exposés, qui ne m'ont pas du tout convaincu :

1- DSK est "une création médiatique". Oui c'est vrai, une sorte de conformisme des médias se met en place autour de son nom. Mais c'était tout aussi vrai avec Ségolène Royal en 2006. Dans une société médiatique, tout présidentiable est forcément une "création médiatique". Ça ne me dérange pas, c'est même très bien puisque ça favorise grandement une possible victoire. A condition que DSK ne soit pas que ça, "une création médiatique".

2- Sur le fond justement, Dupuy estime que l'image d'économiste qu'on colle à DSK est usurpée , puisqu'il n'a jamais été, selon lui, un "économiste théoricien", une référence universitaire. Là encore, je suis d'accord, mais ça ne me gêne absolument pas : DSK a une culture économique mais ce n'est pas exactement, selon les critères académiques, un penseur de l'économie. C'est parce qu'il est autre chose : militant et responsable politique, homme de pouvoir et pas intellectuel. Je m'en réjouis : DSK échappe ainsi à l'accusation de technocrate ou de gestionnaire, de simple mécanicien de l'économie.

3- Jean-Pierre Dupuy critique ensuite le bilan de DSK à la tête du FMI, lui reprochant finalement, sans le dire explicitement, d'être un libéral. De ce point de vue, notre philosophe n'est pas très éloigné de la gauche radicale. C'est son droit, comme c'est celui de DSK d'avoir un autre regard, une autre perspective, social-démocrate. De fait, il y a deux gauches nationale et mondiale, la réformiste et la radicale. Chacun choisit sa voie, l'une autant respectable que l'autre.

4- Dupuy estime que DSK serait à la tête du pays "un économiste inutile" parce que la France a besoin d'un chef politique, pas d'un expert. Admettons, mais alors Dupuy se contredit : on ne peut pas reprocher à DSK de ne pas être un vrai économiste et dans le même temps lui reprocher d'en être un s'il accèdait au pouvoir suprême. Il y a là quelque chose qui ne va pas dans le raisonnement.

5- La candidature DSK, ce n'est que la projection de nos désirs, et aucunement une perspective politique solide et sérieux, dit Dupuy. Mais tous les grands personnages de l'Histoire ne sont-ils pas, chacun à leur niveau, des produits du désir de l'opinion ? La politique n'est pas que rationnelle ; elle charrie des craintes, des espoirs, les individus ont besoin de s'identifier à quelqu'un. Ca ne suffit bien sûr pas mais c'est un passage obligé.

Lisez dans les archives du Monde cet article de Jean-Pierre Dupuy. Il est intéressant, mais en ce qui me concerne il ne me fait pas changer d'avis sur DSK, sa ligne politique et sa nécessaire candidature.


Bonne journée.

2 Comments:

  • en effet, DSK n'est pas un théoricien de l'économie, donc pas un idéologue, dont l'activité toute théorique, mène à des "yaka".
    DSK n' a rien à voir avec ces prétentieux qui s'obstinent à faire de l'économie une "science dure".
    Un bon économiste évalue quels effets peut donner une ou plusieurs décisions précises, dans un contexte qui lui change sans cesse, pas toujours saisissable.

    By Anonymous Anonyme, at 11:30 AM  

  • Le FMI est au contraire totalement anti-libéral, il prône l'interventionnisme étatique et compagnie

    By Anonymous P., at 2:05 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home