Le rapport Montebourg.

Bonsoir à toutes et à tous,


Du rapport Montebourg, je retiens d'abord que la confidentialité n'existe plus dans notre société médiatique et transparente. Ce document initialement interne est rapidement devenu public. En politique, les seuls secrets qu'on peut désormais garder sont ceux qui n'ont strictement aucune importance et qui n'intéressent personne. Mais n'est-ce pas mieux ainsi ? La démocratie n'est-elle pas l'ennemie de l'opacité ?

Je n'ai jamais partagé la sensibilité d'Arnaud, chevalier blanc pourfendeur des méchants. Je n'aime pas trop les personnages de justicier, sauf au cinéma. Mais je reconnais qu'il est bon de temps en temps qu'un Zorro vienne botter les fesses d'un sergent Garcia, même au Parti socialiste. Car les accusations sont graves : corruption, clientélisme, fraude, nous ne pouvons pas accepter ça, précisément parce que nous sommes des socialistes, des républicains, que nous avons de l'action publique une certaine éthique.

Mais je ne voudrais pas non plus que mon Parti se laisse entraîner dans une polémique désastreuse et injuste, qui ternirait son image et celle de la politique en général. C'est pourquoi j'apporterais six précisions :

1- Les pratiques malhonnêtes ne touchent qu'une toute petite partie d'entre nous, l'exception en quelque sorte qui confirme la règle. Le PS n'a pas à rougir de ce qu'il est ni se soumettre à des leçons de vertu.

2- Dès qu'il y a quelque part des hommes, du pouvoir et de l'argent, il y a des tentations. Ce n'est pas propre au Parti socialiste, c'est dans la nature humaine. Et les socialistes, en général, y résistent mieux que bien d'autres milieux.

3- Ces pratiques condamnables sont fort anciennes (ce qui ne les excuse absolument pas mais ce qui les explique), des sortes de traditions sur lesquelles on a longtemps fermé les yeux, acceptées et entretenues parce que c'était pour la bonne cause.

4- La société a changé ces dernières années, l'opinion est devenue plus exigeante en matière de moralité publique, et je m'en réjouis. Le degré de tolérance a fortement baissé et ne supporte plus ces survivances de corruption.

5- Il faut distinguer scrupuleusement ce qui relève de l'illégalité, du délit et ce qui ressort du cynisme politique : le premier doit être laissé à la seule Justice, le second doit être soldé par le Parti dans les plus brefs délais.

6- Michel Rocard en son temps, Martine Aubry aujourd'hui ont entrepris de moraliser le Parti socialiste, nous devons soutenir cette inéluctable réforme. Si le rapport d'Arnaud Montebourg nous fait avancer dans cette voie, avec les précautions que je viens d'émettre, ce sera une excellente chose pour nous tous et la démocratie s'en trouvera renforcée au sein de notre Parti.


Bonne soirée.