L'Aisne avec DSK

28 février 2011

De la démission en politique.

Bonjour à toutes et à tous,


Le remaniement gouvernemental annoncé hier soir n'appelle pas de commentaires particuliers, tant c'est la continuité qui l'emporte. En revanche, la démission du ministre des Affaires Etrangères m'inspire quelques remarques générales sur la pratique de la démission en politique, qui ne s'adressent pas spécifiquement au présent cas :

1- Démissionner n'est pas en soi un acte glorieux. C'est le signe d'un échec, la preuve d'une faute. "L'esprit de démission" est une attitude critiquée : le renoncement à sa mission, dé-missionner. C'est pourquoi il est regrettable, déplorable d'en arriver là. Dans l'idéal, un responsable politique qui fait ce qu'il doit n'a pas à démissionner : il assume. Démissionner, c'est fuir, abandonner. Surtout, devant les difficultés, il convient d'accomplir jusqu'au bout sa tâche, d'autant lorsqu'il s'agit d'un mandat confié par le peuple.

2- Il y a ceux qui démissionnent et ceux qui appellent à la démission. Je ne me reconnais pas plus dans les uns que dans les autres. Souhaiter la démission de quelqu'un, c'est réduire la politique à une affaire personnelle, ce que je ne fais jamais : car les hommes s'en vont mais la ligne peut fort bien demeurer, ce qui ne change rien du tout au problème. Dans la demande de démission, il y a une logique du bouc émissaire, du sacrifice, de l'exorcisme qui ne me plaît pas. Comme si un départ suffisait ...

3- Pourtant, la démission n'est pas sans valeur, elle est même au contraire vertueuse quand elle traduit une prise de conscience personnelle, le sentiment d'une faute, la conséquence d'une responsabilité. "Prendre sur soi" comme on dit, et en tirer les conclusions. Cette attitude n'existe que dans quelques rares situations particulièrement graves. On ne va tout de même pas se sentir coupable et s'en aller à la moindre faute, la vie consistant à se tromper, sauf chez ceux qui ne font strictement rien !

4- Dans la vie politique française, il y a une inexactitude et une hypocrisie à parler de démission lorsqu'il s'agit en réalité d'un limogeage. Michèle Alliot-Marie n'a pas démissionné, c'est Nicolas Sarkozy qui l'a démissionnée, et ça change tout. La ministre explique même qu'elle n'a rien à se reprocher, et c'est là en vérité le plus choquant : elle ne comprend pas ce que le président a hier expliqué, l'image politique déplorable donnée ces derniers temps, même si moralement ou psychologiquement Alliot-Marie n'a sûrement pas le sentiment d'avoir mal agi. C'est ce que je rétorque régulièrement aux commentaires de ce blog : en politique il faut faire de la politique, pas de la morale ou de la psychologie.


Bonne journée politique.

14 Comments:

  • Pas d'accord ; ALLIOT était un ministre avec un capital politique ancien , capital qu'elle a dilapidé par aveuglement et atteinte de son seuil d'incompétence ; logiquement elle n' avait plus aucune légitimité à rester au gouvernement ....

    By Anonymous Anonyme, at 10:43 AM  

  • D'accord avec vous.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:46 AM  

  • Vous ne parlez pas d'une démission pour désaccord patent : l'exemple de JP Chevènement est dans toutes les têtes.

    By Anonymous papi 2, at 1:49 PM  

  • Omission corrigée par vous.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 4:24 PM  

  • DSK démissionna en son temps,
    c'était un échec, la preuve d'une faute, il a fuit, abandonné ?

    By Anonymous Anonyme, at 4:30 PM  

  • Rien de tout ça, il a appliqué un principe édicté par Lionel Jospin : un ministre mis en examen démissionne afin de se défendre efficacement devant la Justice. C'est ce qu'a fait DSK, et il a été blanchi.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 5:11 PM  

  • Dans cette histoire on a le parfait exemple qu'une personne trop longtemps dans les hautes sphères du pouvoir fini par se déconnecter de la réalité et du peuple.
    l'ivresse du pouvoir...

    By Anonymous Anonyme, at 6:41 PM  

  • L'ivresse du pouvoir et les avantages , où est la frontiére ??

    By Anonymous Anonyme, at 7:54 PM  

  • Je ne vois toujours pas la référence à Chevènement.

    Et vous auriez pu parler des démissions de Longuet et Juppé : elles en disent bien plus sur la politique que la démission de MAM.

    By Anonymous Fleur de Paris, at 5:53 AM  

  • 1- Papi 2 l'a faite (voir commentaire plus haut).

    2- Oui, j'aurais pu parler aussi des démissions au Moyen Age et sous l'Antiquité. Mais je préfère la réflexion aux références.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:55 AM  

  • En filigrane autoportrait d'un conformisme confondant : on comprend qu'en Egypte, en Tunisie ou en Lybie Mousset resterait dans sa chambre en se demandant si c'est politique, moral, ou psychologique.
    Il y a peu il avouait avoir découvert, bien surpris de la chose, que le régime Ben Ali n'était pas fréquentable... c'est tout dire ! Sa compassion pour les démissionnés semble bien narcissique, c'est de la compassion pour ses propres démissions.

    By Anonymous Mamie 2, at 10:45 AM  

  • Je n'ai jamais de ma vie démissionné de quoi que ce soit.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 3:16 PM  

  • De quoi auriez vous pu démissionner,
    pour démissionner il faut avoir été élu.

    By Anonymous Anonyme, at 4:02 PM  

  • Je suis élu.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 4:41 PM  

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