Une gauche FN (1).
Bonsoir à toutes et à tous,
Le titre de ce billet est volontairement contradictoire, polémique, scandaleux. Son objectif est de faire réagir et de faire réfléchir. Il y a urgence. Gauche et extrême droite, ça ne va évidemment pas ensemble, c'est totalement incompatible. Mais dans les urnes, d'étranges alchimies se réalisent, de nature explosive. On l'a vu à Saint-Quentin dimanche : une partie de l'électorat de gauche a voté au second tour FN.
Il faut bien prendre la mesure de ce phénomène, inouï, consternant. La facilité consisterait à dire : ce n'est pas bien grave, ce n'est pas un vote FN mais anti-UMP, ces électeurs reviendront à gauche au prochain scrutin. Non, c'est très grave ! Une partie de notre électorat, notamment populaire, a perdu ses repères, s'en donnent d'autres qui n'ont plus rien à voir avec la gauche. Voilà ce qu'il faut analyser et dénoncer.
Ce n'est pas entièrement nouveau. Depuis qu'existe le fascisme, au début du siècle précédent, ses accents populistes ont séduit une frange des catégories modestes. Quand le FN a commencé à progresser électoralement il y a 25 ans, il a puisé en partie chez d'anciens électeurs communistes déboussolés par le discrédit de leur idéologie et l'effondrement de leur Parti.
Mais ce à quoi nous assistons aujourd'hui est encore différent : les électeurs de gauche qui votent FN ne renient pas la gauche, ils s'accommodent des deux choix, alternent sans problème. A la limite, un ralliement à l'extrême droite sans retour serait plus clair, désespérant mais cohérent. Là, c'est inquiétant dans l'incertitude même que représente ce non sens : l'émergence d'une gauche FN.
Cette gauche FN, l'expression le prouve, est une hérésie, comme le christianisme en a connues, surtout à ses débuts. Ce sont des électeurs qui continuent à se réclamer de la gauche tout en pouvant fort bien voter à l'extrême droite. C'est une dérive, une dénaturation, une perversion de nos valeurs. Pour eux, le FN est sûrement un parti ouvrier, laïque, républicain et progressiste, aussi aberrant que cette vision puisse paraître aux yeux d'un homme de gauche normalement constitué. Ils rejettent aussi fortement que lui l'UMP, mais ne considèrent pas le FN comme une radicalisation des valeurs de droite (comme l'extrême gauche peut être une radicalisation des valeurs de gauche).
Cette gauche FN prospère sur un champ idéologique en ruines, communisme, gaullisme, catholicisme s'étant effondrés. Elle est le produit d'un bricolage politique abject. Comment la combattre ? D'abord, il faut avoir la volonté de la combattre, de ne lui reconnaître à aucun prix une quelconque légitimité (elle qui cherche tant à devenir légitime, à se banaliser).
Ensuite, il faut réactiver les idéologies de la gauche authentique (socialisme démocratique, communisme traditionnel, courant révolutionnaire) mais surtout les grands tuteurs de cette mouvance, quelle qu'en soit la sensibilité : le syndicalisme et l'éducation populaire. Il faut faire renaître ce qui s'est peu à peu estompé : un véritable "peuple de gauche" avec ses traditions, ses références, ses valeurs, ses personnages. A défaut, les imposteurs de l'extrême droite continueront à faire des ravages dans notre électorat.
Je poursuivrai cette importante réflexion dans le billet suivant.
A plus tard.
Le titre de ce billet est volontairement contradictoire, polémique, scandaleux. Son objectif est de faire réagir et de faire réfléchir. Il y a urgence. Gauche et extrême droite, ça ne va évidemment pas ensemble, c'est totalement incompatible. Mais dans les urnes, d'étranges alchimies se réalisent, de nature explosive. On l'a vu à Saint-Quentin dimanche : une partie de l'électorat de gauche a voté au second tour FN.
Il faut bien prendre la mesure de ce phénomène, inouï, consternant. La facilité consisterait à dire : ce n'est pas bien grave, ce n'est pas un vote FN mais anti-UMP, ces électeurs reviendront à gauche au prochain scrutin. Non, c'est très grave ! Une partie de notre électorat, notamment populaire, a perdu ses repères, s'en donnent d'autres qui n'ont plus rien à voir avec la gauche. Voilà ce qu'il faut analyser et dénoncer.
Ce n'est pas entièrement nouveau. Depuis qu'existe le fascisme, au début du siècle précédent, ses accents populistes ont séduit une frange des catégories modestes. Quand le FN a commencé à progresser électoralement il y a 25 ans, il a puisé en partie chez d'anciens électeurs communistes déboussolés par le discrédit de leur idéologie et l'effondrement de leur Parti.
Mais ce à quoi nous assistons aujourd'hui est encore différent : les électeurs de gauche qui votent FN ne renient pas la gauche, ils s'accommodent des deux choix, alternent sans problème. A la limite, un ralliement à l'extrême droite sans retour serait plus clair, désespérant mais cohérent. Là, c'est inquiétant dans l'incertitude même que représente ce non sens : l'émergence d'une gauche FN.
Cette gauche FN, l'expression le prouve, est une hérésie, comme le christianisme en a connues, surtout à ses débuts. Ce sont des électeurs qui continuent à se réclamer de la gauche tout en pouvant fort bien voter à l'extrême droite. C'est une dérive, une dénaturation, une perversion de nos valeurs. Pour eux, le FN est sûrement un parti ouvrier, laïque, républicain et progressiste, aussi aberrant que cette vision puisse paraître aux yeux d'un homme de gauche normalement constitué. Ils rejettent aussi fortement que lui l'UMP, mais ne considèrent pas le FN comme une radicalisation des valeurs de droite (comme l'extrême gauche peut être une radicalisation des valeurs de gauche).
Cette gauche FN prospère sur un champ idéologique en ruines, communisme, gaullisme, catholicisme s'étant effondrés. Elle est le produit d'un bricolage politique abject. Comment la combattre ? D'abord, il faut avoir la volonté de la combattre, de ne lui reconnaître à aucun prix une quelconque légitimité (elle qui cherche tant à devenir légitime, à se banaliser).
Ensuite, il faut réactiver les idéologies de la gauche authentique (socialisme démocratique, communisme traditionnel, courant révolutionnaire) mais surtout les grands tuteurs de cette mouvance, quelle qu'en soit la sensibilité : le syndicalisme et l'éducation populaire. Il faut faire renaître ce qui s'est peu à peu estompé : un véritable "peuple de gauche" avec ses traditions, ses références, ses valeurs, ses personnages. A défaut, les imposteurs de l'extrême droite continueront à faire des ravages dans notre électorat.
Je poursuivrai cette importante réflexion dans le billet suivant.
A plus tard.
6 Comments:
Certes les politologues ne sont pas tous militants socialistes mais vous devriez quand même les lire et les écouter un peu.
Si le remède est de réactiver l'idéologie communiste traditionnelle et le courant révolutionnaire, la vague bleue marine n'aura aucun mal à se transformer en tsunami.
En vérité Marine Le Pen s'est déja éloignée des turpitudes de son pére, notamment sur la Shoah. Bien entendu ce n'est pas encore un parti comme les autres et elle n'est pas entrée dans le cercle des partis démocratiques et républicains et il faudra peut être 10 ou 15 ans.
Seul aujourd'hui son programme est inexistant ou ridicule (sortir de l'Europe et de l'Euro)mais une chose est sure ce n'est pas en disant d'elle qu'elle est facho que vous ferez avancer le problème d'un millimètre.
Votre réflexion n'est pas "importante" et n'écrivez pas un 2éme billet sur le même sujet. Votre logiciel est totalement obsolète.
By Anonyme, at 10:49 PM
Ma question est de savoir si elle est facho ou pas. Vous n'y répondez pas. Courage, ami !
By Emmanuel Mousset, at 12:09 AM
Objectivement, Emmanuel, Philippe de Villiers était aussi facho que Marine Le Pen.
Résultat : le MPF siège désormais à l'Assemblée au sein du groupe UMP, il est présent au Parlement Européen ; Peltier a toujours de l'influence sur les politiques et Rivière est copain avec Ciotti.
Dire de Marine Le Pen qu'elle est facho vous donnera sans doute bonne conscience, mais ne fera pas fuir ses électeurs si c'est là notre seul argument.
Il faut dire qu'elle est fasciste, mais ça ne suffit pas.
By Citoyen, at 12:18 AM
Il va de soi.
By Emmanuel Mousset, at 9:02 AM
Le problème étant que vous ne dites que cela.
By Anonyme, at 12:35 PM
Parce que c'est le plus important et parce que personne n'ose plus le dire.
By Emmanuel Mousset, at 12:37 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home