L'Aisne avec DSK

16 avril 2011

La lutte finale.



Bonsoir à toutes et à tous,


La CGT de Saint-Quentin devra donc quitter son siège historique de la Bourse du Travail au plus tard le ... 1er Mai ; ainsi en a décidé hier la Justice (voir, en vignette, le tract de défense de la CGT, distribué avant le verdict du tribunal). Je n'entre pas dans le débat juridique, chaque partie en litige, syndicat et municipalité, ayant des droits et des arguments à faire valoir. Non, ce qui m'intéresse, c'est bien sûr la dimension politique. D'autant que la CGT va certainement essayer de donner un retentissement national à l'affaire, dans la ville dont le maire est aussi ministre du Travail.

Pour l'instant, parmi les forces de gauche, seul le PCF s'est exprimé publiquement, en soutien à la CGT, qui devrait faire de la fête du travail un temps de mobilisation (la rumeur évoque la possible venue de Bernard Thibault ce jour-là, mais je connais trop le mécanisme de la rumeur en général pour ne pas me méfier). Le prochain conseil municipal sera sûrement l'occasion pour les élus d'opposition de prendre parti. Les autres syndicats seront-ils solidaires ? C'est une question ...

Que faut-il en penser ? D'instinct politique, entre un syndicat et une municipalité UMP, je me range toujours du côté du syndicat. Mais ça ne me dispense pas non plus de réfléchir. Où est le problème ? Je mets de côté les éléments qui me semblent secondaires ( pertinence de l'extension du Conseil des Prud'hommes, engagement de la mairie dans 300 000 euros de travaux, interdiction de tout affichage extérieur dans les nouveaux locaux). Pour une organisation, le choix d'un nouveau siège est guidé par deux impératifs principaux : l'emplacement et la disposition des lieux.

Pour l'emplacement, c'est parfait : l'ancienne Mission Locale est au centre ville, le stationnement est assez facile. Le hic, c'est la configuration des locaux : il n'y a pas de grande salle de réunion qui puisse accueillir une centaine de personnes, contrairement à la Bourse du Travail. La grosse difficulté, à mes yeux, est là. A côté de ses petites salles de réunions pouvant contenir 25 à 30 personnes, un syndicat a besoin d'un espace plus vaste pour des rassemblements plus importants, type "assemblée générale". Bien des manifs, dans l'histoire saint-quentinoise, se sont terminées dans la grande pièce de la Bourse du Travail, pour discuter de la suite du mouvement !

Il ne faut pas oublier non plus qu'une ville de l'importance de Saint-Quentin, première du département, avec des mobilisations d'ampleur, mérite que sa CGT dispose de locaux à la mesure d'une cité urbaine, qui n'est pas une petite ville de campagne ! Je crois en même temps que la municipalité a fait des efforts pour trouver des solutions, alors qu'aucune obligation légale ne l'y contraignait (mais certainement une obligation politique et morale). Et puis, Xavier Bertrand, à la place nationale qui est la sienne, peut-il se permettre d'entrer en conflit avec le premier syndicat de France ? Je ne le pense pas.

Il n'en demeure pas moins que ce problème, à la fois symbolique et pratique, de la grande salle demeure, et je comprends que la CGT résiste. Il est vrai aussi que la municipalité, qui n'ignore pas la difficulté, a fait une proposition : mettre à disposition une salle municipale pour les grandes réunions. Je ne doute pas qu'elle tiendrait sa promesse. En tant que secrétaire de section du PS puis responsable associatif, je n'ai eu qu'à me féliciter des bonnes dispositions de la municipalité quand il me fallait réserver gracieusement une salle.

Mais une équipe bienveillante peut un jour laisser place à une autre qui le serait moins, qui ferait des entraves qui aujourd'hui il est vrai n'existent pas. Je comprends donc là encore les exigences de la CGT. En dehors du monde du syndicalisme, il est possible qu'on les trouve trop élevées, jugeant satisfaisants les locaux de la rue Anatole-France. Mais de l'intérieur, confronté à l'âpreté de l'activité syndicale, elles sont parfaitement compréhensibles et légitimes. N'oublions pas non plus que le monde du travail dans le Saint-Quentinois est particulièrement frappé par la crise depuis plusieurs décennies, que la revendication de l'une de ses organisations représentatives n'est donc pas un luxe ou une lubie.

En bon social-démocrate, je ne souhaite pas le conflit, d'autant que nous savons quel en serait inévitablement le perdant. Les deux parties ont intérêt à trouver une solution, je crois aux vertus de la discussion et du compromis, même quand tout semble définitivement arrêté et le dialogue épuisé. En bon républicain, je sais qu'une décision de justice doit être respectée, une fois tous les recours envisagés. En socialiste saint-quentinois, je regrette que le projet d'une Maison des Syndicats n'ait jamais été exploré et anticipé, qui aurait permis de regrouper toutes les organisations, à l'image de ce qu'est historiquement une Bourse du Travail.

Et puisque ma réflexion est politique, je ne peux pas m'empêcher de prendre en compte l'état de la gauche saint-quentinoise, ses échecs électoraux, la faiblesse de son aile réformiste, sa difficulté à imposer dans le débat local ses propres perspectives. Si je n'aime pas trop les rapports de forces entre socialistes parce qu'ils sont nocifs, je jauge de près l'équilibre entre la gauche et la droite (comment faire autrement en politique, quand on est réaliste ?). Le calcul est hélas vite fait. Dans cette lutte finale entre la CGT et la municipalité, la situation de la gauche depuis quinze ans pèse lourd. On ne peut pas en faire abstraction dans l'actuel conflit, on ne peut qu'espérer pour l'avenir une évolution toute différente. Quoi qu'il en soit, le 1er Mai, en souhaitant qu'une solution d'ici là soit trouvée, nous serons au côté de la CGT.


Bonne soirée.

8 Comments:

  • la cgt est comme toujours excessive dans ses revendications et prefere l affrontement à la négociation. eLLe va se poser en victime et clamer une volonté de tuer le syndicalisme.
    Je regrette la diminution de la capacité daccueil de sa salle de réunion mais il ne me semble pas que ca mérite d en faire une affaire nationale.
    Le 1er mai, je souhaite une mobilisation pour dénoncer le sort miserable des travailleurs pauvres exploités dans le monde, un cri pour dénoncer les ravages de la mondialisation et un défilé pour revendiquer une fois de plus notre attachement à nos droits et à la retraite à 60 ans.
    les problemes d'intendance de la cgt sont mineures.La proposition de la municipalité me semble honnete, ne nous ridiculisons pas en faisant du 1er mai à st quentin une revendication de 50 chaises.

    By Anonymous Anonyme, at 8:55 AM  

  • "Et puisque ma réflexion est politique, je ne peux pas m'empêcher de prendre en compte l'état de la gauche saint-quentinoise, ses échecs électoraux, la faiblesse de son aile réformiste, sa difficulté à imposer dans le débat local ses propres perspectives."
    Franchement, à qui la faute ?
    1) Je n'aime pas que l'on crée des boucs-émissaires, mais j'aime bien que les gens assument leurs responsabilités. Il y a eu des erreurs aussi bien dans la gestion de la ville par la gauche que dans les stratégies électorales choisies par la suite, et il y a des gens responsables de tout cela. Pas sûr qu'ils aient pris la mesure de leurs égarements.
    2) Ma question n'implique pas que ce soit vous le coupable, ni que je vous incite à dénoncer des gens pour vous fâcher avec eux - je le précise car vous êtes fort sympathique mais parfois prompt à faire preuve d'une susceptibilité inutile.
    Pour les syndicats, oui, une Maison des syndicats aurait été la meilleure des solutions. C'est amusant que organisations censées mutualiser les moyens de leur adhérents n'aient pas été capables de mutualiser entre elles leurs besoins et leurs ressources.

    By Anonymous Citoyen, at 9:32 AM  

  • Pourquoi personne ne s'intéresse au bail de la CGT à la bourse du travail ?
    De quelle nature était il ?
    La CGT aurait elle un probleme avec la loi ?
    Dans ce cas si cette organisation ne respecte pas la loi de la république,
    il faut la dissoudre et l'interdire.

    By Anonymous Anonyme, at 2:44 PM  

  • Porte voix, afficheur, censeur ; mais quand allez vous faire sérieusement de la politique ???

    By Anonymous Anonyme, at 8:28 PM  

  • A 2:44 :

    C'est vous qu'il faudrait dissoudre, dans un bac d'acide, pour qu'il n'en reste rien.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:38 PM  

  • A 8:28 :

    Quand je serai élu. En attendant, je suis porte-voix, afficheur et censeur. Il en faut !

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:39 PM  

  • En général,
    on n'attend pas d’être élu pour faire de la politique.
    Sinon on se prend des gadins comme vos camarades aux cantonales.

    By Anonymous Anonyme, at 8:54 PM  

  • Je suis bien d'accord avec vous, mais c'était une boutade. Le dimanche soir, je suis d'humeur légère.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:27 PM  

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