L'Aisne avec DSK

10 mai 2011

Jean-Pierre d'Haeze.

Bonsoir à toutes et à tous,


J'ai appris sa disparition dimanche matin, lors de l'inauguration du marché aux fleurs, à quelques dizaines de mètres de son établissement aux rideaux baissés. Jean-Pierre d'Haeze, j'ai fait sa connaissance en début 1 999. Je venais d'être élu président de l'association Rencontre Citoy'Aisne et je cherchais un restaurant pour organiser mon premier dîner-débat. Le thème était le chômage, l'invité William Lesur, à l'époque leader du très actif Comité de chômeurs. J'ai choisi le Champs-Elysées. C'était le début d'une longue collaboration, faite de toutes sortes de réunions, débats, colloques, conférences de presse, ...

Pourquoi cet endroit ? Parce qu'on peut s'y réunir très facilement, un coup de fil suffisait : Jean-Pierre regardait son agenda, j'attendais le oui qui arrangeait tout. Plus simple que de réserver une salle municipale. Et puis, au Champs-Elysées, on peut boire et manger. La salle est grande, et si on la veut plus petite, la cloison en accordéon la coupe en deux. Les voitures peuvent se garer et c'est au centre ville. Ajoutez à ça la gratuité et vous comprenez que c'est parfait !

Mais il y a encore plus que cela : la personnalité de Jean-Pierre d'Haeze. Cet homme était d'une discrétion rare, indispensable dans le métier. On venait chez lui en toute confiance et sécurité. Il était la gentillesse même, ne portait de jugement sur personne. Par respect pour sa discrétion, je ne dirais pas ce qu'il m'a concrètement apporté, mais c'était pour moi précieux.

Il lui arrivait cependant de se livrer, au coin de son bar, quand les derniers clients étaient partis. Il racontait ce dont cet établissement avait été le témoin : les débuts d'un jeune leader nommé Xavier Bertrand, les personnalités politiques qui avaient fréquenté le lieu, parfois des célébrités nationales, mais par dessus tout son thé dansant du dimanche après-midi, et les rendez-vous des sportifs.

Jean-Pierre recevait toutes les sensibilités politiques, ce qui donnait lieu quelquefois à des croisements cocasses. C'est à la fin 1 999, alors que j'étais devenu la même année secrétaire de section du Parti socialiste, que mes camarades m'avaient mandaté pour nous trouver un nouveau lieu de réunion (jusque là, nous nous retrouvions rue de Théligny, dans un local dont nous n'étions ni propriétaires, ni locataires). Très vite, j'ai pensé au Champs-Elysées. J'étais loin de me douter que dix ans après, nous y serions encore. J'étais encore plus loin de me douter que nous réintégrerions la rue de Théligny, ironie du sort, au moment où Jean-Pierre d'Haeze disparaîtrait. Cela résonne en moi comme la fin d'une époque. Adieu Jean-Pierre.


Bonne nuit.


Les obsèques de Jean-Pierre d'Haeze auront lieu jeudi à 14h30, dans la basilique de Saint-Quentin.

6 Comments:

  • Le conseil municipal était si catastrophique pour la gauche que vous n'en parliez pas ?

    By Anonymous Anonyme, at 11:30 AM  

  • J'ai privilégié ce mardi l'anniversaire du 10 mai et la disparition d'un ami. J'évoquerai certainement la séance du dernier conseil municipal ce soir.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:01 PM  

  • Merci Emmanuel pour cet hommage juste et sensible pour un homme apprécié de tous (sauf de ses proches voisins) qui rêvait d'une retraite tranquille entouré de ses petits enfants - j'ai toujours apprécié cet homme charmant qui avait toujours un mot gentil, je suis triste de sa disparition si rapide. Chantal, son épouse fait preuve d'un courage exceptionnel et souhaite continuer d'ouvrir le café en mémoire de son mari.

    By Anonymous Martine, at 2:26 PM  

  • Les 30a de mitterrand
    ça n'intéresse que vous et quelques plumitifs qui partagent vos convictions.
    Les autres, ce n'est vraiment pas leur problème.

    By Anonymous Anonyme, at 5:48 PM  

  • Et pourtant avec le retour de l'importance de l'acteur dans l'historiographie française, un article sur F. Mitterrand, grand homme de l'histoire de France, est tout à fait légitime... Le travail de vulgarisation de l'histoire est une des tâches les plus difficiles de l'historien, il semblerait qu'elle soit ici particulièrement bien réalisée. Mais il est parfois bien plus simple de regarder le bigdil, que de se cultiver un peu^^

    By Anonymous Benoît Gosse, at 9:52 PM  

  • Les deux ne sont pas incompatibles.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:09 PM  

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