Quatre roses et du muguet.

Bonjour à toutes et à tous,


J'ai commencé cette journée du Premier Mai comme je le fais depuis douze ans, date de mon installation à Saint-Quentin : aller rendre hommage aux socialistes disparus. Cette année, en l'absence de cérémonie officielle du Parti socialiste, je me suis rendu seul dans le cimetière Saint-Jean, quatre roses à la main, déposées sur les tombes d'Henri Arnould, maire de Saint-Quentin, Romain Tricoteaux, député-maire (vignette 1), Pierre Arnould, maire-adjoint, et Jean-Baptiste Langrand, syndicaliste et conseiller municipal.

Ce n'est pas un rite funèbre ou une nostalgie déplacée, contrairement à ce qu'on pourrait croire. La politique se nourrit de fidélités, d'Histoire, de références. Les vivants y côtoient les morts. Si la gauche n'a pas de passé, si elle ne le célèbre pas, elle n'aura pas d'avenir. Il faisait beau ce matin dans le cimetière Saint-Jean, j'ai connu des commémorations pluvieuses. Honorons les grands socialistes qui nous ont précédés. Sinon, nous prenons le risque d'être encore plus morts que les morts enterrés ici.

Après, je me suis rendu au rassemblement de la CGT, devant la Bourse du Travail (vignette 2), et j'ai comme chaque année acheté un pot de muguet à mes camarades communistes. Pas mal de monde pour ce Premier Mai pas comme les autres, puisque la CGT doit défendre son local, ayant fait appel à la suite de la décision d'expulsion. Pas comme les autres non plus parce qu'il est devenu urgent d'arracher le monde du travail à l'influence de l'extrême droite.

Cette gauche saint-quentinoise aujourd'hui réunie place du Marché, je ne sais pas trop quel sera son avenir. Je me sens bien parmi elle, j'en connais quasiment tous les protagonistes, je crains qu'elle ne vive, dans les prochaines années, une situation encore plus difficile. Electoralement, il est évident qu'elle est en péril. Je reste persuadé, à la place qui est la mienne, que je peux faire quelque chose, avec d'autres, pour l'en sortir.

Mais comment ? Le Parti socialiste a une grande et grave responsabilité : c'est autour de lui, et de lui seul, que le rassemblement de la gauche peut s'opérer, dans une perspective réformiste qui lui donnera toute sa crédibilité. Actuellement, qui ne voit que la gauche saint-quentinoise est marginalisée par ses alliances avec l'extrême gauche ? Celle-ci ne représente rien, n'a aucun ancrage dans les milieux populaires et nous pousse à une radicalité sans avenir, une protestation qui ne débouche pas, au grand plaisir de la droite.

Je connais mes classiques et j'en appelle à la grande tradition communiste : elle savait qu'on ne pouvait rien attendre de l'extrême gauche, que l'efficacité du mouvement ouvrier passait par les pratiques républicaines, parlementaires et gestionnaires. En ce Premier Mai, nous devrions tous nous en rappeler, même sans passer par un cimetière et ses pourtant utiles souvenirs. Un jour la gauche gagnera à Saint-Quentin, j'en suis certain, lorsqu'elle aura retrouvé ce qui depuis toujours la fait gagner. Avec mes quatre roses et mon muguet, j'y crois.


Bonne journée,
bon Premier Mai.