L'Aisne avec DSK

12 novembre 2006

Haro sur la social-démocratie?

Laurent Fabius, cette semaine dans Le Monde, s'en est pris à la social-démocratie. Vendredi soir, à Saint-Quentin, mes camarades fabiusiens ont repris le mot d'ordre, sur lequel je reviens puisque DSK est le seul candidat qui se soit ouvertement réclamé de la social-démocratie.

A Jean-Pierre qui affirme que la social-démocratie, c'est l'alliance avec les centristes, je réponds clairement que non. D'abord parce que la social-démocratie est une composante authentique du mouvement ouvrier, certes réformiste, non révolutionnaire, mais ancrée fortement à gauche, dans le salariat et ses revendications. Bien sûr, en Allemagne et parfois ailleurs, la social-démocratie, pour des raisons historiques et tactiques qui ne choquent là-bas personne, a choisi de gouverner avec des partis de droite. Mais la tradition socialiste française n'est pas celle là et ne doit pas le devenir.

Mohammed avance une objection plus sérieuse: le compromis social cher à la social-démocratie n'est concevable qu'en présence de syndicats puissants, comme dans les social-démocraties nordiques. Sinon, c'est le patronat qui s'imposera. Il faut donc plus compter sur les rapports de forces et sur la loi que sur la négociation.

Je réponds à Mohammed que le compromis n'exclut pas le rapport de forces mais au contraire qu'il l'exige. On ne passe de compromis qu'au terme d'un rapport de forces qui s'établit autour de la table de négociation ou, s'il le faut, dans la rue et par la grève. De même, le dialogue social n'efface pas le rôle de l'Etat. Au contraire, la puissance publique joue un rôle déterminant dans la conduite de la négociation, à partir du mandat que lui a confié le peuple.

En vérité, je raisonne à l'inverse de Mohammed. Comment croire que le pur et simple rapport de forces, grèves et manifs, puisse aboutir dans un pays comme le nôtre où les syndicats sont faibles? Ponctuellement, exceptionnellement oui, le rejet du CPE en a donné l'exemple. Mais combien de rapports de forces se sont terminés par un échec, je pense en particulier au mouvement contre la réforme Fillon des retraites!

La droite a tout intérêt à provoquer le rapport de forces car elle se sait généralement gagnante. C'est pourquoi elle n'a pas recours à la négociation, beaucoup trop dangereuse pour elle et la défense de ses intérêts. Voilà pourquoi la gauche doit se convertir entièrement à la social-démocratie et au dialogue social.

J'y vois un autre avantage. Les salariés adhéreront plus spontanément aux syndicats lorsque ceux-ci auront fait la preuve de leur capacité à obtenir des gains pour les salariés. Et cela ne se fera que dans des solutions de compromis, pas dans une opposition intransigeante et stérile.

Bon après-midi.