L'Aisne avec DSK

04 mars 2007

Apprendre à conduire.

Je reviens sur l'affaire Routier et j'insiste: pas question de tomber dams le moralisme, mais il existe une morale publique que les autorités politiques doivent faire respecter et qui n'a rien à voir avec la morale privée, où chacun doit être libre, où l'Etat n'a pas à intervenir. On n'est pas dans sa voiture comme chez soi puisqu'on se trouve, sur la route, dans un espace public fréquenté par tous. Des règles par conséquent s'imposent.

Je voudrais maintenant en venir à la question plus directement politique que pose ce dossier. Les estimations, certes difficiles à établir, affirment que un à deux millions de français conduisent sans permis. Nous sommes donc passés à un fait de société, à une délinquance de masse pour un geste civique, apprendre à conduire, qui semble aller de soi.

Il faut bien sûr analyser ce phénomène préoccupant sous l'angle de l'individualisme qui caractérise notre société. Beaucoup estiment savoir conduire par eux-mêmes, sans avoir besoin de passer par une auto-école qui leur apprenne. La notion contemporaine d'autonomie est ainsi dévoyée.

Il faut surtout, c'est le rôle du politique, trouver une solution à cette situation qui, n'en déplaise à Airy Routier, ne peut perdurer et encore moins s'ériger en norme, en modèle à suivre. Là comme ailleurs, la répression est le dernier recours, signe d'échec plus que de force. Alors, que faire?

Prendre conscience d'une anomalie: quelqu'un qui passe le permis doit débourser en moyenne 1500 euros, 50% des candidats échouent à l'examen. Le coût pour cette obligation sociale, apprendre à conduire, est beaucoup trop élevé, surtout lorsque l'on sait que ce sont le plus souvent des jeunes qui sont concernés. Les résultats à l'examen (beaucoup moins bons qu'au bac!) ne sont pas acceptables. Si encore les conducteurs français, après une telle épreuve sélective, étaient les meilleurs au monde... C'est loin d'être le cas.

Il faut donc une solution politique qui parte du principe suivant: la formation coûteuse et peu probante doit être révisée afin que nul n'ait l'occasion ou le prêtexte de s'y soustraire. Cette formation doit être continue (certains ont obtenu leur permis il y a 40 ans, puis... plus rien; je pense aussi à ceux qui perdent des points et qui doivent repasser par une formation). Cette formation doit enfin être d'intérêt national, c'est-à-dire correspondre à une mission de service public. Actuellement, c'est le secteur privé qui s'en charge, dans le maquis complexe des auto-écoles.

Plusieurs possibilités se présentent: nationaliser les entreprises d'auto-école, leur confier une délégation de service public, transférer cet apprentissage à l'Education nationale, ... Aux lecteurs de ce blog de me donner leur avis...

Celui qui vous parle doit vous avouer qu'il a passé le permis à 44 ans et qu'il a déboursé environ 3000 euros!

Bonne fin d'après-midi.


PS: l'Ecole apprend aux enfants à nager, geste pourtant moins nécessaire socialement que la conduite automobile. Mais je reconnais que l'apprentissage de l'un est plus facile à mettre en oeuvre techniquement que l'apprentissage de l'autre. Pourtant, les deux ne sont pas sans similitude: l'acquisition d'un art qui doit devenir un réflexe.

2 Comments:

  • Il faut également mentionner que beaucoup de jeunes passaient leur permis lors de leur service militaire, et qu'il était facile alors de transformer un permis militaire en permis civil même pour conduire un poids lourd. Pour ma part, je l'ai passé dans les années 60 et il m'a coûté dix fois moins cher... ;-)

    Je pense que conduire un véhicule à moteur devrait se faire à 14 ans, dans le cadre de l'école, sur un terrain herbeux et boueux à souhait, histoire de se faire peur sans danger, et d'apprendre à connaître ses limites. Savoir lire, écrire, conduire, réfléchir et se conduire bien dans la vie sont les fondamentaux. La natation est également une très bonne activité sportive pour tous tout au long de la vie.

    By Anonymous Anonyme, at 6:17 PM  

  • Je n'ai pas osé l'avouer, mais je ne sais pas nager, et je le regrette. Asthmatique, je me suis fait dispenser d'éducation physique. A tort. La natation est un excellent exercice. Ce qui pose une nouvelle question, tout aussi éminemment politique: la place de la culture du corps dans l'Education Nationale. Moi, prof de philo, j'ai beaucoup de considération pour mes collègues profs d'EPS qui n'ont pas la reconnaissance qu'ils méritent.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:28 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home