L'Aisne avec DSK

20 mai 2007

CQFD.

Bonsoir à toutes et à tous.

Jacques Julliard invite, dans sa chronique du Nouvel Observateur, à "réinventer la gauche". Fort bien, et je vous ai précédemment donné l'adresse électronique pour participer à ce débat. Mais il y a petit désaccord lorsque je lis: "Ecartons (...) le mirage de la social-démocratie, qui correspond à une phase aujourd'hui dépassée de développement des idées sociales." Le jugement, sévère, fait inconsciemment écho à un propos de François Hollande et quelques camarades: la social-démocratie serait un "vieux" modèle aujourd'hui inopérant. Vive la modernisation du socialisme, mais non à sa social-démocratisation!

Premier argument de Julliard: l'Etat-providence, symbole de la social-démocratie, est en crise, donc inutile de s'en inspirer. Jean-Luc Mélenchon, sur son blog, est plus radical (Jean-Luc est toujours plus radical!): la social-démocratie a partout échoué.

Ma réponse: DSK est le premier à avoir analysé la crise de la social-démocratie, plus précisément les limites et les défaillances des systèmes de pure distribution. On ne peut plus envisager l'égalité sous l'angle exclusif de la fiscalité fortement progressive et la répartition de ses recettes. DSK défend un "socialisme de la production", où l'Etat joue un rôle dans l'économie, avec comme objectif "l'égalité réelle". Ces concepts modernisent et renouvellent la pensée social-démocrate, qui comme toute pensée doit s'adapter à son temps.

Il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une réflexion qui s'inscrit idéologiquement dans le courant historique de la social-démocratie, qui n'a pas failli mais qui au contraire a amélioré considérablement les conditions de vie des salariés en Europe. En comparaison avec le communisme, camarade Mélenchon, il n'y a pas photo!

Deuxième argument de Julliard: la social-démocratie n'existe que là où il y a un mouvement syndical puissant avec lequel elle s'articule, ce qui n'est pas le cas, et de loin, en France.

Ma réponse: nous, strauss-kahniens, n'avons jamais pris la social-démocratie comme un modèle étranger à appliquer en France dans l'ignorance des conditions nationales. Nous sommes partisans, comment en serait-il autrement? d'une social-démocratie à la française. Je ferais remarquer à Jacques Julliard que la social-démocratie, comme le communisme, est un phénomène politique universel qui a su s'adapter à des sociétés très différentes. Nous n'avons pas, chez nous, de fortes structures syndicales, c'est vrai, mais nous disposons d'un héritage très riche en matière de conquêtes sociales, de droit du travail, de mentalités et de réactions collectives, à quoi la social-démocratie peut et doit s'articuler.

Lorsque je lis la fin de l'article de Julliard, je me demande si sur le fond et les idées, nous ne sommes pas d'accord, et en divergence sur la forme et les mots: "Le socialisme de demain sera un socialisme de marché. Il devra donc se préoccuper de la production des richesses autant que de leur redistribution. C'est le mérite de Dominique Strauss-Kahn que de l'avoir souligné à maintes reprises." CQFD.

Bonne soirée.

1 Comments:

  • Et oui, il faut créer les richesses avant de les distribuer, il faut du capital risque pour lancer de nouvelles entreprises innovantes et fournir ainsi des emplois bien payés, rembourser la dette grâce à la croissance retrouvée le tout dans un cadre européen à Schuman-Kanfen pour organiser la chose...

    Je me tue à le dire. C'est bizarre, au PS les gens sont sourds.

    By Anonymous Anonyme, at 8:24 PM  

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