A Mélenchon.
Bonjour à toutes et à tous.
Jean-Luc Mélenchon, un camarade dont je ne partage pas les idées mais que j'estime, a lancé un débat en direction de DSK au Conseil national de samedi dernier et sur son blog. Il estime que les sociaux-démocrates font fausse route. Le PS serait réformiste depuis 1920, le marché serait accepté par tous ses membres depuis longtemps, plus personne ne croyant en la révolution.
La remarque est partiellement vraie, aucun socialiste ne prétend aujourd'hui vouloir la "collectivisation des moyens de production", selon le marxisme le plus élémentaire. Il n'empêche que Mélenchon commet d'abord une erreur historique. A Tour, les communistes s'en vont (et pas les socialistes, ce qu'on oublie souvent) parce qu'ils veulent vivre leur propre vie politique, qui se distingue par leur soutien à la jeune URSS dont Blum doute qu'elle aille vers la réalisation d'un socialisme acceptable. Pour le reste, les socialistes demeurent idéologiquement des révolutionnaires, et pendant longtemps encore. Par exemple, ils n'abandonneront pas la notion de "dictature du prolétariat", que Blum lui même conserve un certain temps.
Ce qu'il faut savoir, c'est que le congrès de Tour est une rupture politique engendrée par un événement historique de politique étrangère, pas une rupture théorique. D'où le rêve entretenu jusqu' il y a peu (et encore maintenant?) d'une réunification des deux courants du "mouvement ouvrier". Bien sûr, la SFIO a adopté des pratiques réformistes. Mais le PCF aussi! Dans les années 50, Guy Mollet tient des discours qui doivent plus à l'élan révolutionnaire, certes anti-soviétique, qu'à l'inspiration sociale-démocrate.
Voyez les années 70, les espoirs nés du Programme commun, la perspective de la rupture avec le capitalisme. La plupart des cadres actuels du PS ont été formés dans cette vulgate, qui n'avait rien de social-démocrate. D'ailleurs, c'est très simple: le mot de social-démocratie était banni ou honni au PS à cette époque là.
Prenez l'adoption de la politique de "rigueur" en 1983, qui renonçait en partie aux orientations de 1981. Elle est présentée comme une "pause", une "parenthèse", pas un tournant social-démocrate. Je pourrais donner à Jean-Luc Mélenchon encore beaucoup d'exemples...
La tâche des sociaux-démocrates est d'expliciter et de moderniser la social-démocratie. Il ne suffit pas de la définir par l'acceptation des règles du marché et de ses conséquences, une banalité utile à rappeler mais qui ne constitue pas un projet mobilisateur. Il faut théoriser la social-démocratie, la mettre en perspective avec notre époque, comme Marx a su le faire avec le socialisme de son temps.
Bonne matinée.
Jean-Luc Mélenchon, un camarade dont je ne partage pas les idées mais que j'estime, a lancé un débat en direction de DSK au Conseil national de samedi dernier et sur son blog. Il estime que les sociaux-démocrates font fausse route. Le PS serait réformiste depuis 1920, le marché serait accepté par tous ses membres depuis longtemps, plus personne ne croyant en la révolution.
La remarque est partiellement vraie, aucun socialiste ne prétend aujourd'hui vouloir la "collectivisation des moyens de production", selon le marxisme le plus élémentaire. Il n'empêche que Mélenchon commet d'abord une erreur historique. A Tour, les communistes s'en vont (et pas les socialistes, ce qu'on oublie souvent) parce qu'ils veulent vivre leur propre vie politique, qui se distingue par leur soutien à la jeune URSS dont Blum doute qu'elle aille vers la réalisation d'un socialisme acceptable. Pour le reste, les socialistes demeurent idéologiquement des révolutionnaires, et pendant longtemps encore. Par exemple, ils n'abandonneront pas la notion de "dictature du prolétariat", que Blum lui même conserve un certain temps.
Ce qu'il faut savoir, c'est que le congrès de Tour est une rupture politique engendrée par un événement historique de politique étrangère, pas une rupture théorique. D'où le rêve entretenu jusqu' il y a peu (et encore maintenant?) d'une réunification des deux courants du "mouvement ouvrier". Bien sûr, la SFIO a adopté des pratiques réformistes. Mais le PCF aussi! Dans les années 50, Guy Mollet tient des discours qui doivent plus à l'élan révolutionnaire, certes anti-soviétique, qu'à l'inspiration sociale-démocrate.
Voyez les années 70, les espoirs nés du Programme commun, la perspective de la rupture avec le capitalisme. La plupart des cadres actuels du PS ont été formés dans cette vulgate, qui n'avait rien de social-démocrate. D'ailleurs, c'est très simple: le mot de social-démocratie était banni ou honni au PS à cette époque là.
Prenez l'adoption de la politique de "rigueur" en 1983, qui renonçait en partie aux orientations de 1981. Elle est présentée comme une "pause", une "parenthèse", pas un tournant social-démocrate. Je pourrais donner à Jean-Luc Mélenchon encore beaucoup d'exemples...
La tâche des sociaux-démocrates est d'expliciter et de moderniser la social-démocratie. Il ne suffit pas de la définir par l'acceptation des règles du marché et de ses conséquences, une banalité utile à rappeler mais qui ne constitue pas un projet mobilisateur. Il faut théoriser la social-démocratie, la mettre en perspective avec notre époque, comme Marx a su le faire avec le socialisme de son temps.
Bonne matinée.
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