La charrue et les boeufs.

Bonsoir à toutes et à tous.

François Bayrou a donc lancé aujourd'hui un nouveau parti, le Mouvement démocrate, qui affirme vouloir présenter des candidats dans toutes les circonscriptions aux législatives. Nous verrons bien ce que fera et ce que deviendra ce nouveau courant, un centrisme indépendant de la droite. Je suis sceptique sur son avenir, mais j'ai peut-être tort.

Le bipartisme est fortement enraciné dans notre pays, j'imagine difficilement qu'on puisse lui échapper. Et puis, Bayrou a été abandonné par la plupart des députés UDF. Peut-il construire une base électorale avec de sénateurs et des députés européens? J'en doute. Il y a certes, parait-il, de nombreuses adhésions. Mais un parti n'est pas fait seulement de militants. Il lui faut des réseaux. L'UDF avait les siens, composés essentiellement de notables. Le Mouvement démocrate va-t-il les récupérer? Ce n'est pas certain.

J'ai été surpris de voir Jean-Luc Bennamhias, des Verts, rallier le Mouvement démocrate. Je ne l'imagine pas au milieu d'une réunion centriste. En même temps, quel avenir y a-t-il à rester chez les Verts? Il se trouve que j'ai failli, aux municipales de 1989, faire partie de la liste conduite par Bennamhias à Pantin, où j'habitais alors. C'est un écolo sympa et ouvert, rationnel, pas du tout un intégriste de l'environnement. C'est aussi un politique: il voulait que Voynet retire sa candidature au profit de Hulot. Je le pense proche de Cohn-Bendit.

Cohn-Bendit, justement. Il a signé avec quelques autres, plutôt partisans de Royal, dans Libération de début de semaine, un appel pour l'alliance avec le centre. Il me semble difficile d'envisager cette perspective pour les législatives. Le temps est trop court. Et surtout, Bayrou n'a fait que la moitié du chemin vers nous: il n'a pas voté Sarkozy mais n'a pas dit qu'il votait Royal.

La question des alliances est importante mais n'est pas première. Ne mettons pas la charrue avant les boeufs. Ce qu'il faut d'abord, c'est définir et rénover notre projet. L'essentiel est là. Après, il faudra comparer, éventuellement négocier, et peut-être s'allier. Mais nous n'en sommes pas là, et y serons-nous vraiment un jour?

Bonne soirée.