Panne de projet.
Je disais ce matin que notre défaite venait de loin. Nous avons cru trop facilement que le 21 avril 2002 avait été effacé par notre désignation au second tour. Il est vrai que la honte et le scandale, pour un gouvernement de gauche sortant, d'être battu par l'extrême droite, ont été conjurés. Mais cette revanche n'a pas répondu à la question alors posée: pourquoi le PS, après cinq années de réformes conséquentes, n'avait-il pas attiré plus de 16% des électeurs, chiffre considérablement bas? Pourquoi les milieux populaires l'avaient déserté?
Ma réponse, c'est que nous n'avons pas su rénover en profondeur le socialisme, l'adapter aux demandes de la société contemporaine, construire une social-démocratie à la française. Ségolène Royal a tenté d'amorcer ce processus, mais il était beaucoup trop tard, et c'est collectivement qu'il aurait fallu s'engager dans cette démarche, bien avant l'élection présidentielle. C'est ce que la droite est parvenue à faire pour son projet libéral, pas les socialistes.
Ainsi, pendant la campagne, nous avons certes exposé de nombreuses propositions (une centaine dans le Pacte présidentiel), mais aucune ne s'est imposée dans l'opinion. Pendant ce temps, Sarkozy menait le débat. La revalorisation des heures supplémentaires, l'extension du bouclier fiscal, la suppression des droits de succession et d'autres thèmes, répétés jusqu'à ce qu'ils finissent par dominer. De notre côté, rien de tel, d'aussi précis n'a émergé. Nous avions bien le SMIC à 1500 euros, mais le mot d'ordre n'a pas pris.
A vrai dire, nous sommes en panne de projet depuis 2002, où nous avions pensé pouvoir l'emporter sur un bilan. Ca n'a pas marché. Le déchirement du Parti lors du référendum européen n'a rien arrangé, mettant à jour des clivages paraissant inconciliables. Et quand il y a eu la synthèse au Congrès du Mans, celle est apparue très artificielle, purement tactique. Le débat entre nous sur le projet à venir n'a pas vraiment eu lieu.
Les dernières semaines de la campagne, la panne de projet est devenue manifeste lorsque le "tout sauf Sarkozy" a pris de l'ampleur dans nos rangs, par exemple l'engouement pour le numéro spécial de Marianne, véritable pétard mouillé lancé qui plus est par un directeur "bayrouiste". Le résultat, c'est que Sarkozy a été victimisé dans la mesure même où il était diabolisé. Ainsi le tour était joué: il lui suffisait d'apparaitre calme, serein, comme lors du grand débat, pour faire mentir ses accusateurs. Retour à l'envoyeur, effet boomerang, en quelque sorte.
Au lieu de psychologiser, il aurait fallu exclusivement politiser, se battre projet contre projet. Je ne suis même pas sûr que les perches tendues aux centristes nous aient rapporté des voix. Je me demande si l'effet boomerang n'a pas là aussi joué. Attaquer Bayrou, se refuser à tout rapprochement avec lui, tancer vertement tous ceux qui envisageaint cette hypothèse, puis entre les deux tours, dialoguer avec lui et solliciter indirectement son soutien, les électeurs centristes ont-ils été dupes de la manoeuvre?
DSK l'a redit ce matin sur Europe 1: le manque de clarté sur les grands sujets économiques et sociaux nous aura profondément pénalisé. La terrible sanction vient de là. Attelons nous maintenant à notre refondation. C'est ce qu'il y a de plus urgent, mais c'est ce qu'il faut mener dans le calme et la patience.
Bonne fin d'après-midi.
Ma réponse, c'est que nous n'avons pas su rénover en profondeur le socialisme, l'adapter aux demandes de la société contemporaine, construire une social-démocratie à la française. Ségolène Royal a tenté d'amorcer ce processus, mais il était beaucoup trop tard, et c'est collectivement qu'il aurait fallu s'engager dans cette démarche, bien avant l'élection présidentielle. C'est ce que la droite est parvenue à faire pour son projet libéral, pas les socialistes.
Ainsi, pendant la campagne, nous avons certes exposé de nombreuses propositions (une centaine dans le Pacte présidentiel), mais aucune ne s'est imposée dans l'opinion. Pendant ce temps, Sarkozy menait le débat. La revalorisation des heures supplémentaires, l'extension du bouclier fiscal, la suppression des droits de succession et d'autres thèmes, répétés jusqu'à ce qu'ils finissent par dominer. De notre côté, rien de tel, d'aussi précis n'a émergé. Nous avions bien le SMIC à 1500 euros, mais le mot d'ordre n'a pas pris.
A vrai dire, nous sommes en panne de projet depuis 2002, où nous avions pensé pouvoir l'emporter sur un bilan. Ca n'a pas marché. Le déchirement du Parti lors du référendum européen n'a rien arrangé, mettant à jour des clivages paraissant inconciliables. Et quand il y a eu la synthèse au Congrès du Mans, celle est apparue très artificielle, purement tactique. Le débat entre nous sur le projet à venir n'a pas vraiment eu lieu.
Les dernières semaines de la campagne, la panne de projet est devenue manifeste lorsque le "tout sauf Sarkozy" a pris de l'ampleur dans nos rangs, par exemple l'engouement pour le numéro spécial de Marianne, véritable pétard mouillé lancé qui plus est par un directeur "bayrouiste". Le résultat, c'est que Sarkozy a été victimisé dans la mesure même où il était diabolisé. Ainsi le tour était joué: il lui suffisait d'apparaitre calme, serein, comme lors du grand débat, pour faire mentir ses accusateurs. Retour à l'envoyeur, effet boomerang, en quelque sorte.
Au lieu de psychologiser, il aurait fallu exclusivement politiser, se battre projet contre projet. Je ne suis même pas sûr que les perches tendues aux centristes nous aient rapporté des voix. Je me demande si l'effet boomerang n'a pas là aussi joué. Attaquer Bayrou, se refuser à tout rapprochement avec lui, tancer vertement tous ceux qui envisageaint cette hypothèse, puis entre les deux tours, dialoguer avec lui et solliciter indirectement son soutien, les électeurs centristes ont-ils été dupes de la manoeuvre?
DSK l'a redit ce matin sur Europe 1: le manque de clarté sur les grands sujets économiques et sociaux nous aura profondément pénalisé. La terrible sanction vient de là. Attelons nous maintenant à notre refondation. C'est ce qu'il y a de plus urgent, mais c'est ce qu'il faut mener dans le calme et la patience.
Bonne fin d'après-midi.
1 Comments:
Ce n'est pas faute d'avoir proposé un projet cohérent, argumenté, logique, permettant de placer la France en Europe dans le cadre de la mondialisation. Mais je n'ai pas été repris.
La culture de la création de richesse échappe de fait au PS. La technologie n'a rien à voir avec la philosophie, pourtant, elles doivent aller de pair. Sur les autres blogs du PS sur lesquels j'interviens, c'est la même conclusion. C'est l'homme unidimentionel qui règne en maître à gauche. C'est un constat. Il reste à espérer que la droite puisse s'en saisir pour que le peuple sorte de la misère. Ce serait bien le paradoxe, avoir un fils d'immigré qui fasse redémarrer la France.
By Anonyme, at 10:10 PM
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