Choses entendues.
Bonjour à toutes et à tous.
Je vous rapporte quelques propos, véridiques, entendus par moi pendant la campagne:
Olivier: le SMIG à 1500 euros, ça me dérange. Je suis enseignant. Avec cette hausse, mon salaire va se rapprocher du SMIG. Ce qu'il faudrait, c'est une augmentation de tous les salaires.
Jean-Philippe: l'impôt sur la fortune, c'est discutable. Certains revenus modestes se sont vus assujettis, après amélioration de leur situation, par exemple les petits propriétaires de l'ile de Ré. Ce n'est tout de même pas normal.
Martine: les 35 heures n'ont créé aucun emploi dans l'entreprise où je travaille. Je ne vois pas à quoi elles servent.
Marie-Claire: la suppression des droits de succession, c'est normal. Chacun doit pouvoir transmettre à ses enfants le fruit de son travail.
Jacqueline: je suis contre Sarkozy, mais sur le respect, l'ordre, l'autorité, il n'a pas tort.
Olivier, Jean-Philippe, Martine, Marie-Claire et Jacqueline sont de gauche, ont voté Ségolène Royal. Je ne juge pas la cohérence de leurs remarques. Je constate comme vous l'influence des thèmes sarkozystes au coeur même de l'électorat de gauche. Que doit-il en être chez les autres!
J'ajoute ceci: Olivier est professeur certifié. Jamais une augmentation du SMIG ne fera de lui un smicard. Jean-Philippe est directeur d'école. Sauf improbable opération immobilière de sa part, il ne sera jamais frappé par l'ISF. Martine critique les 35 heures mais pour rien au monde elle ne voudrait qu'on lui enlève ses journées de RTT. Jacqueline vit dans un quartier tranquille de Saint-Quentin, n'a jamais subi ou vu d'agressions. Marie-Claire est retraitée, ancienne femme de ménage, et n'a rien à transmettre à ses enfants.
A rebours de bien des analyses, j'en conclus que le goût pour le concret, l'aspiration purement individualiste ne gouvernent pas les individus. Mes interlocuteurs n'ont aucun intérêt personnel à tenir les propos qui sont les leurs et qui sont de nature exclusivement idéologiques. Les discours sur le concret et l'individualisme sont ce qu'ils sont, c'est à dire des discours, porteurs d'idéologie.
Je fais une hypothèse: à l'heure où certaines idéologies s'effondrent effectivement (le communisme, le catholicisme), jamais l'idéologie n'aura été aussi forte, mais ses contenus et ses modes d'intervention sont différents. Autrefois, l'idéologie était produite et véhiculée par des appareils ( parti ou église), aujourd'hui, elle est secrétée par l'opinion, les médias, toute la société. D'où sans doute sa plus grande puissance qu'auparavant.
Bonne matinée.
Je vous rapporte quelques propos, véridiques, entendus par moi pendant la campagne:
Olivier: le SMIG à 1500 euros, ça me dérange. Je suis enseignant. Avec cette hausse, mon salaire va se rapprocher du SMIG. Ce qu'il faudrait, c'est une augmentation de tous les salaires.
Jean-Philippe: l'impôt sur la fortune, c'est discutable. Certains revenus modestes se sont vus assujettis, après amélioration de leur situation, par exemple les petits propriétaires de l'ile de Ré. Ce n'est tout de même pas normal.
Martine: les 35 heures n'ont créé aucun emploi dans l'entreprise où je travaille. Je ne vois pas à quoi elles servent.
Marie-Claire: la suppression des droits de succession, c'est normal. Chacun doit pouvoir transmettre à ses enfants le fruit de son travail.
Jacqueline: je suis contre Sarkozy, mais sur le respect, l'ordre, l'autorité, il n'a pas tort.
Olivier, Jean-Philippe, Martine, Marie-Claire et Jacqueline sont de gauche, ont voté Ségolène Royal. Je ne juge pas la cohérence de leurs remarques. Je constate comme vous l'influence des thèmes sarkozystes au coeur même de l'électorat de gauche. Que doit-il en être chez les autres!
J'ajoute ceci: Olivier est professeur certifié. Jamais une augmentation du SMIG ne fera de lui un smicard. Jean-Philippe est directeur d'école. Sauf improbable opération immobilière de sa part, il ne sera jamais frappé par l'ISF. Martine critique les 35 heures mais pour rien au monde elle ne voudrait qu'on lui enlève ses journées de RTT. Jacqueline vit dans un quartier tranquille de Saint-Quentin, n'a jamais subi ou vu d'agressions. Marie-Claire est retraitée, ancienne femme de ménage, et n'a rien à transmettre à ses enfants.
A rebours de bien des analyses, j'en conclus que le goût pour le concret, l'aspiration purement individualiste ne gouvernent pas les individus. Mes interlocuteurs n'ont aucun intérêt personnel à tenir les propos qui sont les leurs et qui sont de nature exclusivement idéologiques. Les discours sur le concret et l'individualisme sont ce qu'ils sont, c'est à dire des discours, porteurs d'idéologie.
Je fais une hypothèse: à l'heure où certaines idéologies s'effondrent effectivement (le communisme, le catholicisme), jamais l'idéologie n'aura été aussi forte, mais ses contenus et ses modes d'intervention sont différents. Autrefois, l'idéologie était produite et véhiculée par des appareils ( parti ou église), aujourd'hui, elle est secrétée par l'opinion, les médias, toute la société. D'où sans doute sa plus grande puissance qu'auparavant.
Bonne matinée.
posted by Emmanuel Mousset at
9:55 AM
2 Comments:
Juste une petite remarque. Aujourd'hui un professeur certifié commence sa carrière très en dessous de 1500 euros par mois.
Si le SMIC était porté à 1500, un certifié peut donc se retrouver au SMIC...
Sylvain
By
Anonyme, at 4:42 PM
Petite mais importante remarque, cher Sylvain. Mais attention: les 1500 euros que le PS a proposés, c'est du brut, et sur 5 ans. Je ne pense pas, d'un point de vue purement arithmétique, que cette mesure entrainerait une égalité de traitement entre enseignants et smicards. Sans compter qu'un enseignant en début de carrière passe assez vite à l'échelon supérieur, alors que le smicard stagne souvent longtemps au même niveau de rémunération.
Quand je suis devenu prof, en 1993, j'étais, juste avant, smicard. J'ai quand même vu la différence...
Ceci dit, la hantise de l'enseignant de se voir rabaissé à l'état de smicard traduit une crainte et même une angoisse qui donne à réfléchir.
By
Emmanuel Mousset, at 11:32 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home