L'Aisne avec DSK

09 mai 2007

"La prise de l'Elysée".

J'ai regardé lundi soir le film de Serge Moati, La prise de l'Elysée (eh oui, ma télé remarche, sauf France 2 et Arte, mais je consomme avec modération, puisque la télé tue l'esprit!). Avec Moati, j'ai un problème: je suis passionné de documentaire politique, Moati est un grand professionnel, mais je n'accroche pas à ce qu'il fait. Lundi soir, j'aurais dû normalement être emballé. J'ai seulement été intéressé, et irrité à plusieurs reprises par les commentaires.

Le Pen nous est montré comme un vieux monsieur qui s'endort devant le débat Royal-Sarkozy et qui chante Joe Dassin au soir du second tour. Amusant, et alors? Ségolène Royal devient, sous la caméra de Moati, un ange de lumière qui ne cesse de sourire, comme celui de la cathédrale de Reims. Et après? Bayrou joue au paysan qui fait attention à ce que les journalistes ne piétinent pas les salades. Et pourquoi? Sarkozy, je ne me souviens plus. Car une fois la télé éteinte, il ne me reste plus grand chose de ce film. Que se passe-t-il?

La réponse, je crois la trouver dans Charlie-Hebdo, où Moati explique son travail, et là, pour le coup, c'est passionnant. Je vous cite quelques extraits:

"Je me suis rendu compte que la mise en scène était plus forte que la réalité, qu'elle créait la réalité".

A propos de sa manière de filmer Mitterrand: "Comment on peut réussir à lui faire dire quelque chose qui vient du plus profond de soi, de là où on ne peut pas mentir?"

"Je suis en train de raconter la comédie humaine".
"J'écoute la musique de ce qui est dit, plus que le fond".
"Je ne suis pas journaliste".

Et ce dernier aveu, surprenant, à propos de son émission de télévision: "Si on savait ce que j'ai dans la tête pendant Ripostes... Un vide sidéral. Je suis dans la musique de la rencontre ou du débat et je ne pense à rien. Je suis un hall de gare traversé par des émotions".

Maintenant, j'ai compris pourquoi je n'aimais pas les films pourtant remarquables de Moati. C'est une affaire personnelle. Moati est un poète, un intuitif, un émotif, ses documentaires sont des oeuvres impressionnistes. Moi, je suis (hélas?) un cérébral, un rationnel, je recherche dans le docu politique une thèse, une vérité, des concepts. C'est pourquoi, à mes yeux, le chef d'oeuvre du genre, c'est Le chagrin et la pitié d'Ophuls. Je veux de grandes idées, pas de belles images. Pardon Serge Moati.

Bonne fin d'après-midi.

1 Comments:

  • Nous sommes des fourmis. Certaines ont des antennes plus sensibles que d’autres. D’autres on une perception en relief du réel. La majorité avance n’importe où. Mais aucune ne perçoit le réel. Et pourtant nous devons vivre...

    By Anonymous Anonyme, at 11:19 PM  

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