Le manifeste altermondialiste.

A un peu plus de trois heures du résultat fatidique, occupons nous un peu de politique fondamentale. Nous aurons tout le loisir de revenir à la politique appliquée après 20h00. J'avais présenté il y a quelque temps le livre de Jared Diamond, Effondrement, comme un véritable manifeste écologiste que des sociaux-démocrates seraient bien inspirés de prendre pour source d'inspiration. J'en dirais de même avec un ouvrage déjà ancien, sorti en 2000, Empire, écrit par deux philosophes, Michael Hard et Tony Negri, ouvrage qui a fait parler de lui et que je qualifierais cette fois de manifeste altermondialiste.

Là encore, les sociaux-démocrates peuvent en tirer grand profit, ce qui ne signifie pas tout avaliser. Comme c'est de la philo, il faut s'accrocher. C'est un livre à méditer, annoter et relire. Le grand mérite de Negri est de se lancer dans une conceptualisation de la mondialisation, et peu nombreux sont les philosophes qui s'y sont essayés. C'est surtout la mondialisation économique qui a suscité des efforts de théorisation. L'Empire, à ne pas confondre avec l'ancien impérialisme, c'est le dépassement de l'Etat-nation par une gouvernance complexe, diversifiée, décentrée, dans laquelle se dissolvent l'Etat et la nation traditionnels.

Dans ce règne des réseaux, il faut penser une nouvelle souveraineté démocratique qui ne peut plus procéder de l'antique Peuple. Negri, marxiste et spinoziste, utilise le concept de multitude pour penser cette nouvelle réalité et cet objectif.

Ce résumé d'Empire est odieusement réducteur et appauvrissant. Je ne peux conseiller mieux que sa lecture régulière. Tony Negri avait surpris son monde en appelant à voter oui à la Constitution européenne, s'opposant ainsi au milieu altermondialiste qu'il était pourtant censé inspirer. Lisez, vous dis-je, ce penseur original, puissant et libre.

A tout à l'heure, 20h00.