Retour de Cise.
Bonsoir à toutes et à tous.
Eh oui, je vous ai été infidèle pendant six jours. J'ai trouvé refuge dans un endroit merveilleux de la côte picarde, le Bois de Cise, commune de Ault, non loin du Tréport. Victor Hugo est passé dans le coin et a laissé une belle lettre à son épouse. Dans cette petite bourgade, la cyberboutique était fermée. Et me voilà sans le plaisir de vous écrire, au beau milieu de la bataille électorale!
Pas de blog, mais la télé (que je ne regarde plus depuis le début de l'année). Ségolène sur France 2 m'a agréablement surpris. Depuis la campagne interne au Parti socialiste, elle a gagné en force, en précision, en crédibilité. Elle a désormais la prestance d'un chef d'Etat. Il y en a en revanche qui ne changent pas, les journalistes de TF1, Poivre d'Avor en tête: devant Sarkozy, c'est la servilité complète, les questions banales, les faire valoir du candidat de droite. Finalement, autant renoncer à la télé et se contenter de la radio, qui informe tout aussi bien.
A part ça, les six jours ont été dominés par le débat entre Royal et Bayrou. Ségolène a eu raison de faire cette proposition, elle a fort bien dialogué avec le leader de l'UDF et ne peut politiquement qu'y gagner. Il fallait montrer à l'électorat centriste que des convergences sont possibles et que le pire, c'est Sarkozy. Mais ne nous faisons pas d'illusions: la majorité des députés UDF ont rallié Sarkozy. Observons de près les prises de position des fédérations: celle de la Somme, où je résidais, s'est prononcée pour le candidat de l'UMP.
Les uns et les autres, après tout, pourraient s'en tenir à la neutralité de leur leader, d'autant que cette neutralité fait preuve, sur certains points, de bienveillance envers Ségolène Royal. Non, le passé, la sociologie, les intérêts électoraux reprennent leurs droits et l'UDF, parmi ses élus et ses représentants locaux, retourne à sa source, la droite. Avez-vous entendu une seule personnalité de l'UDF appeler à voter pour Ségolène? Je ne désespère pas, il reste quelques jours mais, encore une fois, je ne me fais pas trop d'illusions.
J'en viens au fond du débat. Il y a un moment où j'ai applaudi Bayrou, sur la nécessité de la carte scolaire. Pour le reste, les divergences sont fortes entre les centristes et les socialistes. C'est flagrant en matière économique et sociale. Les rapprochements se font sur l'Europe, les institutions et les questions de société. Ce n'est pas rien mais c'est globalement insuffisant pour créer une communauté d'idées. Il n'en reste pas moins qu'un électeur de Bayrou, conséquent avec lui-même, fidèle à ses choix de premier tour, ne peut pas voter Sarkozy sans se renier. Quant à l'abstention, c'est un non choix, politiquement irresponsable. On ne peut pas rester neutre quand l'avenir de la France est en jeu.
J'ajouterais une considération purement tactique: la victoire de l'UMP signerait la fin de l'UDF et du Parti démocrate que Bayrou veut constituer. Avec la gauche au pouvoir et la défaite de Sarkozy, le centre droit retrouverait un espace politique.
Faire de la politique, c'est faire des choix, qui ne sont jamais parfaits, mais qui doivent être au moins cohérents.
Bonne soirée.
Eh oui, je vous ai été infidèle pendant six jours. J'ai trouvé refuge dans un endroit merveilleux de la côte picarde, le Bois de Cise, commune de Ault, non loin du Tréport. Victor Hugo est passé dans le coin et a laissé une belle lettre à son épouse. Dans cette petite bourgade, la cyberboutique était fermée. Et me voilà sans le plaisir de vous écrire, au beau milieu de la bataille électorale!
Pas de blog, mais la télé (que je ne regarde plus depuis le début de l'année). Ségolène sur France 2 m'a agréablement surpris. Depuis la campagne interne au Parti socialiste, elle a gagné en force, en précision, en crédibilité. Elle a désormais la prestance d'un chef d'Etat. Il y en a en revanche qui ne changent pas, les journalistes de TF1, Poivre d'Avor en tête: devant Sarkozy, c'est la servilité complète, les questions banales, les faire valoir du candidat de droite. Finalement, autant renoncer à la télé et se contenter de la radio, qui informe tout aussi bien.
A part ça, les six jours ont été dominés par le débat entre Royal et Bayrou. Ségolène a eu raison de faire cette proposition, elle a fort bien dialogué avec le leader de l'UDF et ne peut politiquement qu'y gagner. Il fallait montrer à l'électorat centriste que des convergences sont possibles et que le pire, c'est Sarkozy. Mais ne nous faisons pas d'illusions: la majorité des députés UDF ont rallié Sarkozy. Observons de près les prises de position des fédérations: celle de la Somme, où je résidais, s'est prononcée pour le candidat de l'UMP.
Les uns et les autres, après tout, pourraient s'en tenir à la neutralité de leur leader, d'autant que cette neutralité fait preuve, sur certains points, de bienveillance envers Ségolène Royal. Non, le passé, la sociologie, les intérêts électoraux reprennent leurs droits et l'UDF, parmi ses élus et ses représentants locaux, retourne à sa source, la droite. Avez-vous entendu une seule personnalité de l'UDF appeler à voter pour Ségolène? Je ne désespère pas, il reste quelques jours mais, encore une fois, je ne me fais pas trop d'illusions.
J'en viens au fond du débat. Il y a un moment où j'ai applaudi Bayrou, sur la nécessité de la carte scolaire. Pour le reste, les divergences sont fortes entre les centristes et les socialistes. C'est flagrant en matière économique et sociale. Les rapprochements se font sur l'Europe, les institutions et les questions de société. Ce n'est pas rien mais c'est globalement insuffisant pour créer une communauté d'idées. Il n'en reste pas moins qu'un électeur de Bayrou, conséquent avec lui-même, fidèle à ses choix de premier tour, ne peut pas voter Sarkozy sans se renier. Quant à l'abstention, c'est un non choix, politiquement irresponsable. On ne peut pas rester neutre quand l'avenir de la France est en jeu.
J'ajouterais une considération purement tactique: la victoire de l'UMP signerait la fin de l'UDF et du Parti démocrate que Bayrou veut constituer. Avec la gauche au pouvoir et la défaite de Sarkozy, le centre droit retrouverait un espace politique.
Faire de la politique, c'est faire des choix, qui ne sont jamais parfaits, mais qui doivent être au moins cohérents.
Bonne soirée.
4 Comments:
Bien sûr qu’il faut être cohérent par principe, mais tout dépend du référentiel. La pensée unique, cela n’existe pas, chacun se définit selon ses intérêts, éventuellement selon sa conscience, et accessoirement selon les circonstances. Oui, c'est compliqué.
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Anonyme, at 10:54 PM
En politique, les petites gens suivent toujours le vent pour aller à la soupe. C'est le cas des députés udf (il est d'ailleurs intéressant de noter que les sénateurs sont bcq moins nombreux à rallier le camp UMP...)
En revanche, les vrais hommes d'état se posotionnent par rapport à eux même. C'est ce que fait Bayrou en ne ralliant pas la cause Sarkozienne.
Là est la différence entre lui et ses troupes...
Sylvain
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Anonyme, at 2:36 PM
Bayrou ne disparaitra pas du tout si Sarkozy l'emporte, au contraire...C'est d'ailleurs tout le pari de Bayrou.
Pour moi, il a fait le pari que Sarkozy va gagner dimanche. Bayrou vise incontestablement 2012 et il est clair que Sarko voudra se représenter la prochaine fois (personne ne l'imagine ne voulloir faire qu'un seul mandat...).
En s'opposant dès maintenant à lui, il se place en contradicteur crédible pour toute la durée de la legislature et surtout se postionne déjà comme son adversaire pour la revanche de 2012. Alors que Royal, de toute façon a peu de chance d'être une 2° fois candidate...
Alors que s'il rallie Sarkozy, sa postion sera plus délicate en 2012 : "Vous le critiquez, mais pourtant vous avez appelé à voter pour lui, non?" sera la question d'Arlette Chabot...
Tactiquement, c'est très bien joué de sa part.
Sylvain
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Anonyme, at 2:43 PM
Remarque intéressante sur les sénateurs UDF, dont il faudrait vérifier les soutiens.
Qu'est-ce qui te fait dire, Sylvain, que Ségolène Royal ne se représentera pas une seconde fois?
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Emmanuel Mousset, at 8:38 PM
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