L'Aisne avec DSK

23 avril 2007

Un mot pour chacun.

Mes réactions sur chaque candidat et leur score à l'issue de ce 1er tour (dans l'ordre officiel):

Besancenot: chapeau! La LCR s'en tire très bien, après des décennies de domination électorale de LO à l'extrême gauche. Certes, la gauche radicale ne réitère pas ses excellents scores de 2002 mais elle existe. Nous aurions tort de l'oublier. Sa persistance doit conduire les socialistes à affiner et conforter leur projet social.

Buffet: Marchais, Lajoinie, Hue, à chaque fois, le PCF croit et espère qu'il va au moins enrayer son déclin, à chaque fois la chute se poursuit. Les socialistes ne doivent pas s'en réjouir mais s'en inquiéter. Que faire de notre partenaire historique? Ce qui pose aussi le problème de nos alliances, qu'il faudra bien un jour sérieusement aborder.

Schivardi: le plus mauvais score de la présidentielle, mais la dialectique des lambertistes saura probablement nous expliquer que ce résultat n'est pas si mauvais. Le seul candidat de gauche qui n'appelle pas à voter pour la gauche au second tour. Encore un coup de la dialectique?

Bayrou: le candidat de l'UDF peut se réjouir, mais c'est maintenant le proche avenir qui l'attend. Car en politique, il faut savoir ce que l'on fait d'une victoire, qui peut rapidement se transformer en échec si on n'y prend pas garde. Si Bayrou rejoint Sarkozy, il se discrédite. S'il rejoint Royal, et je l'y encourage, il devra faire des choix, ne plus se contenter d'une vague posture ni droite ni gauche. Aura-t-il ce courage et cette lucidité? Nous verrons.

Bové: cette figure populaire et internationalement reconnue de l'altermondialisme n'a pas eu le score qu'elle méritait, en partie par sa faute tactique: ne pas être le candidat unitaire de l'antilibéralisme, c'était se condamner. Il n'empêche que Bové, que je préférais à Besancenot, a développé d'utiles considérations planétaires, à l'âge du mondialisme.

Voynet: le résultat le plus cruel, le plus injuste. Dominique Voynet représente avec intelligence (lisez son interview à Charlie-hebdo de cette semaine) un courant écologiste qui correspond à une sensibilité contemporaine. Alors, que s'est-il passé? Le phénomène Hulot et son pacte signé par beaucoup d'autres candidats lui auront coupé l'herbe sous le pied. C'est dommage, très dommage.

Villiers: son petit résultat est encore beaucoup trop pour un candidat qui porte atteinte aux libertés publiques en voulant interdire le port du voile islamique dans les lieux publics. Un ultra catho qui s'en prend aux musulmans, non merci!

Nihous: la chasse et la pêche sont des sujets fort importants mais qui n'ont pas leur place dans une élection présidentielle. Le chef de l'Etat se préoccupe de l'avenir et de la sécurité de la France, pas des jours d'ouverture de la chasse ou de la taille des poissons pêchés à rejeter à l'eau. Nihous prendra sa décision pour le second tour quand les deux finalistes présenteront leur programme. Comme si aucun de deux ne l'avait pas déjà fait!

Le Pen: sa déception et son amertume doivent provoquer notre joie. Le FN régresse très nettement, enfin. Qu'il continue sur cette pente et la démocratie s'en portera mieux. J'en profite pour rappeler à leur bon souvenir quelques camarades socialistes qui m'annoncaient une extrême droite en progression et une réédition possible du 21 avril 2002. Combien de fois faudra-t-il rappeler que l'histoire ne se répète pas en politique?

Laguiller: son plus mauvais score à une présidentielle ne me gêne guère, je n'ai jamais compris quel débouché politique Arlette espérait pour ses revendications sociales. Je suis en revanche agréablement surpris (et même un peu interloqué) par la rapidité et la clarté avec laquelle elle a appelé hier à voter pour Ségolène Royal. Mais, comme pour Schivardi, j'ai sans doute beaucoup de mal à comprendre le monde de l'extrême gauche!

Royal: bravo, ce n'était pas gagné d'avance, le score est prometteur, la voie pour le second tour s'ouvre. Maintenant, une nouvelle campagne démarre. Plus que jamais, Ségolène devra rester elle-même et développer ce qui a fait son succès, une gauche moderne qui n'hésite pas à revisiter ses fondamentaux. Plus que jamais, face à Sarkozy, les socialistes devront faire du social.

Sarkozy: un adversaire qui sera difficile à battre mais que nous pouvons battre et que nous devons battre, sinon la France subira pendant cinq ans un libéralisme économique tel que nous n'en avons jamais connu.

Bonne journée.