L'Aisne avec DSK

24 avril 2007

Parler aux bobos.

Bonsoir à toutes et à tous.

Ségolène Royal a franchi un pas supplémentaire ce soir en direction de l'UDF, proposant des ministres centristes dans son futur gouvernement. Elle a de nouveau brisé un tabou de la gauche: ne jamais s'allier avec les centristes, ne même pas y penser, sinon l'accusation de droitisation, de trahison tombait comme un couperet. Eh bien, Ségolène a osé, dans des circonstances certes particulières, tout faire pour battre Sarkozy, tout faire pour gagner.

Le problème, ce sont ces "bobos", nouvelle catégorie sociale, couches moyennes diplômées, progressistes, qui ont opté, comme je le craignais, pour Bayrou et qu'il faut absolument ramener à gauche au second tour. Ce n'est pas gagné. Cette bourgeoisie moderne, foncièrement social-démocrate, n'adhère plus aux réflexes du socialisme traditionnel. Ce n'est pas un joli tract ou un beau discours qui va la faire changer d'avis. Pour la convaincre, il faut parler son langage, traiter de ses préoccupations. Comme toute catégorie sociale, son idéologie est celle de ses intérêts (eh oui, je suis un social-démocrate marxiste), et je vais énumérer quelques thèmes qui sont les siens:

- La dette publique. Ce sujet technique n'intéresse presque personne. Mais les bobos sont en mesure de comprendre ses implications sur l'avenir. N'ayant pas de problème de pouvoir d'achat, leur inquiétude se porte sur l'avenir de leurs enfants. Que deviendront les futures générations si elles sont écrasées par la dette publique?

- L'éducation. Les bobos sont concernés. Ils doivent beaucoup à leur formation, en connaissent le prix et la valeur, se préoccupent de la baisse des diplômes, de l'Université qui manque de débouchés. D'autant qu'ils sont un certain nombre à travailler dans l'Education nationale.

- La décentralisation. Cette bourgeoisie qui vit dans le confort et dispose d'emplois solides est sensible à ce que l'Etat ne se mêle pas de tout, qu'il leur laisse l'initiative. L'autonomie et la mobilité sont leurs valeurs principales. Ils apprécient les services publics mais ne les opposent pas au secteur privé, qui doit garder pour eux sa vitalité.

- L'Europe. C'est sans doute leur plus fort idéal. Ils ne craignent pas l'euro, qui leur est utile quand ils se déplacent à l'étranger. Ces bobos sont de toutes leurs fibres cosmopolites. Le national est à leurs yeux le comble de la ringardise.

Je pourrais continuer, j'arrête là. Je ne dis pas que je suis d'accord avec ce qui précède, ni en désaccord. Je ne suis pas un bobo. Mais cette catégorie existe, elle peut rejoindre Ségolène Royal, ses aspirations ne sont pas contraires à celle de la gauche. A nous de faire la synthèse autour de Ségolène et du Pacte présidentiel.

Bonne nuit.

1 Comments:

  • Si une catégorie sociale a comme idéologie celle de ses intérêts, cela implique qu’il en est de même des membres qui la composent, et donc par extension tout individu défend ses intérêts. Le marxisme est donc une tautologie, ce n’est pas en segmentant par le discours que l’on donne une description conforme au réel. On a juste fabriqué un modèle. L’avantage d’un modèle, c’est si on le parvient à le faire partager à un grand nombre de personnes, il devient opératoire. Et en opposant les uns aux autres, en diabolisant puis en manipulant on peut espérer réduire la complexité du modèle par rétroaction sur le réel. Il suffit de dire “les bourgeois vous sucent le sang” face à une majorité, pour liquider la bourgeoisie. C’est bien ce qui s’est passé en Russie. Mais du coup on affaiblit le réel.

    De fil en aiguille, on en arrive à la chute du mur de Berlin, où le réel reprend ses droits.

    On ne peux donc pas être social-démocrate et marxiste. On ne peut pas aller dans deux directions différentes. C’est la porte ouverte à la schizophrénie. Et tous les beaux discours, toutes les justification n’y peuvent rien changer. Personnellement, je choisis la raison, en conscience...

    By Anonymous Anonyme, at 12:53 PM  

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