Scolarité à la carte.
Bonsoir à toutes et à tous.
Cet après-midi, je vous ai commenté la première mesure gouvernementale, la suppression de l'impôt pour les étudiants. En vérité, une autre mesure a été annoncée ce week-end, aux conséquences encore plus alarmantes: la suppression de la carte scolaire. Le ministre de l'éducation Xavier Darcos l'a évoquée devant le congrès de la PEEP, association de parents d'élèves classée à droite. A la rentrée prochaine, 10% des scolaires seraient concernés, pour aller vers l'abolition totale de la carte scolaire à la rentrée 2008.
Comme pour la défiscalisation du travail étudiant, l'idée au premier abord parait séduisante et je ne doute pas que dans un premier temps elle séduise. La liberté d'inscrire son enfant dans le collège et le lycée de son choix, qui ne serait pas tenté? L'argument de la droite est même "social", comme pour les heures de travail des étudiants: aujourd'hui, seules les familles des classes moyennes et aisées jouissent de cette liberté, soit en mettant leurs rejetons dans le privé, non soumis à la carte scolaire, soit en contournant dans le public cette carte par une parfaite connaissance des "bons" établissements et des moyens pour déroger à la règle. Bref, la droite se réclame habilement de la liberté et de l'égalité pour la mise en oeuvre de cette suppression. Elle dit aux plus modestes: je vais vous donner les mêmes droits que les plus nantis!
Après le discours, examinons les conséquences. D'abord, la fin de la carte scolaire va provoquer une immense désorganisation, puisque toutes les familles vont vouloir inscrire leurs enfants dans les mêmes établissements, ceux qui sont censés avoir bonne réputation. Il y aura inévitablement engorgement, il faudra que les établissements en question établissent des critères de sélection, qui se feront sur les résultats scolaires. Alors on verra des établissements réservés aux bons élèves qui progresseront encore plus et des établissements occupés faute de mieux par les élèves les plus faibles et qui le resteront. Discrimination et ghettoïsation, voilà les retombées de la suppression de la carte scolaire.
Il est bien beau de donner la liberté, encore faut-il savoir quoi en faire et ce qu'elle engendre. Ici, elle produira l'anarchie et l'injustice. Les plus riches, les plus cultivés, les plus forts socialement s'en sortiront très bien, comme toujours. Les plus démunis, les moins informés seront les victimes, comme toujours. La carte scolaire a été adoptée dans les années 60, devant l'afflux important de nouveaux élèves dans le secondaire, traditionnellement réservé aux fils et filles de la bourgeoisie et exceptionnellement ouvert aux quelques meilleurs élèves des couches populaires. Cette carte avait pour objectif de rationaliser cet afflux et d'assurer la mixité sociale. La gauche doit se battre pour que ce dispositif demeure, en faire un enjeu des législatives parmi d'autres.
Attention, je ne suis pas fermé à des évolutions. Il est évident qu'il faut redécouper la carte scolaire là où sa mission essentielle, la mixité sociale, est contredite, lorsque certains lycées et collèges sont des lieux de paupérisation et parfois de délinquance. Mais redécouper la carte scolaire, c'est l'améliorer et la conforter, ce n'est pas la supprimer! J'ajoute qu'il faut mettre un terme aux passe-droit que représentent certaines dérogations injustifiées.
Bonne soirée.
Cet après-midi, je vous ai commenté la première mesure gouvernementale, la suppression de l'impôt pour les étudiants. En vérité, une autre mesure a été annoncée ce week-end, aux conséquences encore plus alarmantes: la suppression de la carte scolaire. Le ministre de l'éducation Xavier Darcos l'a évoquée devant le congrès de la PEEP, association de parents d'élèves classée à droite. A la rentrée prochaine, 10% des scolaires seraient concernés, pour aller vers l'abolition totale de la carte scolaire à la rentrée 2008.
Comme pour la défiscalisation du travail étudiant, l'idée au premier abord parait séduisante et je ne doute pas que dans un premier temps elle séduise. La liberté d'inscrire son enfant dans le collège et le lycée de son choix, qui ne serait pas tenté? L'argument de la droite est même "social", comme pour les heures de travail des étudiants: aujourd'hui, seules les familles des classes moyennes et aisées jouissent de cette liberté, soit en mettant leurs rejetons dans le privé, non soumis à la carte scolaire, soit en contournant dans le public cette carte par une parfaite connaissance des "bons" établissements et des moyens pour déroger à la règle. Bref, la droite se réclame habilement de la liberté et de l'égalité pour la mise en oeuvre de cette suppression. Elle dit aux plus modestes: je vais vous donner les mêmes droits que les plus nantis!
Après le discours, examinons les conséquences. D'abord, la fin de la carte scolaire va provoquer une immense désorganisation, puisque toutes les familles vont vouloir inscrire leurs enfants dans les mêmes établissements, ceux qui sont censés avoir bonne réputation. Il y aura inévitablement engorgement, il faudra que les établissements en question établissent des critères de sélection, qui se feront sur les résultats scolaires. Alors on verra des établissements réservés aux bons élèves qui progresseront encore plus et des établissements occupés faute de mieux par les élèves les plus faibles et qui le resteront. Discrimination et ghettoïsation, voilà les retombées de la suppression de la carte scolaire.
Il est bien beau de donner la liberté, encore faut-il savoir quoi en faire et ce qu'elle engendre. Ici, elle produira l'anarchie et l'injustice. Les plus riches, les plus cultivés, les plus forts socialement s'en sortiront très bien, comme toujours. Les plus démunis, les moins informés seront les victimes, comme toujours. La carte scolaire a été adoptée dans les années 60, devant l'afflux important de nouveaux élèves dans le secondaire, traditionnellement réservé aux fils et filles de la bourgeoisie et exceptionnellement ouvert aux quelques meilleurs élèves des couches populaires. Cette carte avait pour objectif de rationaliser cet afflux et d'assurer la mixité sociale. La gauche doit se battre pour que ce dispositif demeure, en faire un enjeu des législatives parmi d'autres.
Attention, je ne suis pas fermé à des évolutions. Il est évident qu'il faut redécouper la carte scolaire là où sa mission essentielle, la mixité sociale, est contredite, lorsque certains lycées et collèges sont des lieux de paupérisation et parfois de délinquance. Mais redécouper la carte scolaire, c'est l'améliorer et la conforter, ce n'est pas la supprimer! J'ajoute qu'il faut mettre un terme aux passe-droit que représentent certaines dérogations injustifiées.
Bonne soirée.
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