L'Aisne avec DSK

22 juin 2007

Les grandes manoeuvres.

Bonjour à toutes et à tous.

J'aimerais vous donner de bonnes nouvelles du PS. Hélas il n'y en a pas. Je dirais même que la situation se dégrade. Ségolène Royal avoue avoir défendu pendant la campagne un programme qui n'était pas le sien et en lequel elle ne croyait guère, du moins pour deux dispositions qui ne sont pas secondaires, la hausse du SMIC et la généralisation des 35h. C'est inquiétant: comment a-t-elle pu se battre pour des propositions qu'elle désapprouvait? Je sais bien que la discipline a un sens, mais une élection présidentielle, épreuve extrêmement difficile, exige d'adhérer de toutes ses fibres au message que l'on porte.

De ce fait, Jean-Luc Mélenchon, et ce matin Pierre Moscovici sur RTL ont raison de s'interroger sur ce qu'aurait été une victoire et ses suites. Jean-Luc, comme toujours, y va un peu fort en parlant de "duplicité". Ségolène n'arrange pas son cas lorsqu'elle annonce sa "probable" candidature à la prochaine présidentielle. Une vient de s'achever, ne commençons pas maintenant à parler de l'autre. En le faisant, le PS réactive la course entre présidentiables.

De plus, Ségolène souhaite que les problèmes de leadership soient réglés avant les élections municipales alors que François Hollande tient à ce que le calendrier fixé soit respecté, soit le congrès à l'automne 2008. Ajoutez à cela le départ de Gaëtan Gorce du secrétariat national (qui me fait penser au départ de DSK du bureau national) et la candidature d'Arnaud Montebourg à la présidence du groupe parlementaire contre Jean-Marc Ayrault et et le tableau est complet.

J'oubliais: Ségolène n'a pas envie de briguer le poste de premier secrétaire, pour "ne pas être candidate à tout". Peut-être aussi pour laisser ce poste crucial à un allié actuel ou potentiel, Peillon, Montebourg, Valls, Hamon (les "jeunes" ont la cote en ce moment), afin de constituer une majorité au prochain congrès. Mais Hollande et quelques autres pensent qu'il serait sage que le prochain secrétaire soit aussi le prochain candidat. On a du mal à s'y retrouver!

La difficile passe que traverse le PS est renforcée par une incongruïté. Normalement, après l'échec subi par Ségolène Royal, celle-ci devrait être disqualifiée pour la prochaine présidentielle (je ne porte pas de jugement de valeur sur notre candidate, je souligne simplement une conséquence logique d'une défaite, quel que soit le perdant). Or Ségolène a conservé presque intacte sa popularité auprès des socialistes, qui ne lui en veulent absolument pas d'avoir perdu. A se demander si les 17 millions de vote Royal ne les conduisent pas à interpréter cette défaite comme une sorte de victoire!

Dans le même temps, lorsqu'on interroge l'ensemble des français, c'est DSK qui est perçu comme le meilleur futur représentant de la gauche. Ce décalage est lourd de conséquences, on l'a vu à la présidentielle: d'un côté des sympathisants socialistes enthousiastes et fervents à l'égard de Ségolène, de l'autre des français beaucoup plus sceptiques. Le problème, c'est que ce ne sont pas les sympathisants qui décident de la victoire, c'est l'ensemble des français.

Il y aura demain, à Paris, la réunion du Conseil national du PS. Nous y verrons alors un peu plus clair. J'aurais peut-être de bonnes nouvelles à vous annoncer. Il ne faut jamais désespérer de la politique. Quoi qu'il en soit, les strauss-kahniens seraient bien avisés de ne pas entrer dans ces grandes manoeuvres et de travailler à la réflexion sur ce que doit être le socialisme dans une France qui a majoritairement voté à droite. C'est le seul combat qui vaille à l'heure actuelle.

Bonne journée.

6 Comments:

  • il me semble déplacer de laver son linge sale en famille , d'autant plus en médias. Il est regrettable que BON ( ma profonde conviction de gauche) se transforme en CON ( images transmises). Pourquoi nous instiller ces discours de récréactions. que propose t on? ON c'est un con.....

    By Anonymous Anonyme, at 3:08 PM  

  • Il y a un grand décallage entre le bureau national et consorts et la base. En effet la base proche du peuple a beaucoup apprécié la démarche de Ségolène, démarche de gauche mais autonome. La base et les sympathisants en ont assez des querelles des éléphants, je ne cesse de le dire.
    Ségolène doit sans cesse se justifier auprès d'eux et la base se moque des problèmes de leaderships. Elle a donné de la fraicheur au PS et veut pas faner trop vite! Le PS devrait profiter de cela pour amener chacun à s'exprimer et à se mobiliser en vue des prochaines échéances plus ou moins lointaines. Je ne suis pas plus ségolien que strauss kahnien ou fabusien... je suis sympathisant de base du parti (même si par le passé j'ai eu quelques responsabilités locales)et je ne me retrouve pas dans les préchi précha de l'un ou l'autre à Solférino. Je veux entendre un discours clair, simple, de gauche et concrêt axé sur la réalité tant sociale qu'économique. Et crois moi je ne suis pas le seul dans ce cas, c'est pourquoi Ségolène a plu.
    Je comprends que les personnes qui ont une culture et une certaine intelligence (tout le monde n'a pas un bac plus 3, 4 voire 5) n'accepte pas Ségolène et son discours. Il est parfois brouillon, parfois ambigu, parfois limite mais il est compris. Mieux, ses fautes et ses hésitations sont comprises et pardonnées car elles touchent au coeur et non au cerveau.
    je ne sais pas si j'ai réussi à exprimer ma pensée et celle de pas mal d'amis avec qui je parle...Ce n'est pas facile de se mettre à la place d'un autre!
    MD

    By Blogger md, at 3:40 PM  

  • Le problème c’est que Ségolène, son approximation et son ambition est incapable de déboucher dans le réel. Sa fraîcheur de midinette n’a rien à faire dans l’arène politique. Des gens souffrent parce qu’ils ne disposent pas d’assez d’euros, et la belle du Poitou est incapable de discerner une vision crédible pour y parvenir. Tout le drame du PS est là, avoir été conduit dans une impasse.

    By Blogger jpbb, at 10:41 PM  

  • A Michel, je réponds que je le comprends, que la popularité de Ségolène doit faire réfléchir, y compris le strauss-kahnien que je suis. Elle a certainement su parler le langage du coeur, dans une société qui se tourne plus vers les sentiments que vers les arguments. Mon histoire personnelle me fait apprécier beaucoup plus la tête que le coeur, d'où ma préférence strauss-kahnienne.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:03 PM  

  • « Comment a-t-elle pu se battre pour des propositions qu'elle désapprouvait ? » : sur ces deux propositions, je te rappelle qu’elle s’est battue bien mollement, en faisant durer le « flou » (très préjudiciable d’ailleurs) :
    - Sur le SMIC : 1500 euros brut, 1500 euros net, 1500 euros d’ici 2012, 1500 euros le plus vite possible…
    - Sur les 35 heures : des réserves avant l’investiture (polémique), puis généralisation et enfin discussion avec les partenaires sociaux.
    Mais aussi :
    - Sur le nucléaire : -20% dans le projet PS, proposition à -50%, puis à nouveau -20% après les interventions de Chevènement, Montebourg et Cie.
    En bon « ségoliste », ces aveux ne m’ont rien appris. Car je connaissais bien ses positions initiales, beaucoup plus fermes et cohérentes que ce qui a suivi (après l’investiture).
    Le projet socialiste initial était un compromis, que même DSK dénigrait, si j’en crois les indiscrétions de journalistes (c’est la mode, les journalistes qui révèlent les coulisses). Un seul aurait pu porter ce projet avec cohérence : le responsable du parti et de son projet… François Hollande ! Je suppose que c’est ce qui était prévu initialement…

    « Normalement, après l'échec subi par Ségolène Royal, celle-ci devrait être disqualifiée » : Waouh ! Heureusement (pour eux) que Mitterrand et Chirac n’ont pas été disqualifiés, respectivement en 1974 et 1988 ! Sinon, ils n’auraient pas été élus le mandat suivant…

    Enfin, c’est vrai que DSK est perçu comme le socialiste préféré des français. Mais :
    - l’année dernière, à la même époque, c’était SR la préférée des français, la seule qui pouvait battre Sarkozy…
    - Les électeurs de Sarkozy et Bayrou préfèrent DSK, parce qu’ils le jugent « plus à droite ». Ils ont tort, car je crois que DSK et SR sont politiquement ultra-compatibles (en tout cas, largement plus que Boutin et Amara).

    C’était long, pardon… ça t’apprendra à faire des articles riches et sources à polémiques ! Amicalement.

    Thierry

    By Anonymous Anonyme, at 11:32 PM  

  • Bonjour Thierry.

    Trois points nous rapprochent, derrière les désaccords apparents ou mes formulations maladroites:

    1- Le Pacte présidentiel était un compromis un peu bancal et parfois contestable. Sur les 35h et le SMIC, Royal et DSK se rejoignent assez.

    2- Un homme ou une femme politique ne sont jamais "disqualifiés" par une défaite. Même Jospin a songé revenir sur scène il y a quelques mois. On ne meurt jamais en politique, sauf par suicide (politique) et surtout mort naturelle.

    3- L'avenir du PS passe par une majorité strauss-kahno-ségoliste. Politiquement, je ne vois que cette cohérence là. Mais je ne sais pas si tous les strauss-kahniens sont sur cette ligne. Je sais aussi que la politique est faite de considérations tactiques et stratégiques. Alors...

    La longueur de ton article n'était pas gênante puisque la fluidité et la clarté étaient présentes.

    Bon week-end.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:50 AM  

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