L'Aisne avec DSK

17 juin 2007

Ciné philo.

Bonjour à toutes et à tous.

La France va voter... sauf moi et quelques autres, là où la droite est tellement forte que la gauche a été éliminée dès le premier tour, le combat cessant faute de combattants. Ca fait drôle, tout de même. Nous saurons ce soir si les français auront confirmé leur soutien massif à Nicolas Sarkozy ou s'ils auront eu la sagesse et la prudence d'installer un contre-pouvoir parlementaire.

En attendant, je vais vous parler de mon nouveau projet, après le café philo le ciné philo, dont la première séance a eu lieu vendredi soir, autour du film de Nikolaus Geyrhalter, Notre pain quotidien. Le ciné philo, c'est exactement comme le café philo, sauf que la réflexion n'est pas provoquée par une question type bac mais mais un film qui se prête à ce genre d'exercice. C'était assez réussi pour une première, une cinquantaine de spectateurs, presque tous sont restés pour débattre. Bien sûr, il faut maintenant que cette initiative s'installe dans la durée.

Notre pain quotidien est un document surprenant, troublant et parfois choquant. Il nous entraîne dans les fermes-usines de l'industrie agro-alimentaire, les poulaillers géants, les abattoirs modernes, les serres qui renferment des plantations entières. On y voit des aspirateurs qui avalent des poussins, des boeufs mis à mort, des poissons éventrés par des machines, des champs investis par des véhicules lunaires,... On se croit dans un film de science-fiction basculant fréquemment dans une étrange poésie.

Je vous livre les réflexions déclenchées par ce documentaire. Pendant des millénaires l'agriculture a été un travail manuel, harassant, salissant, qui est devenu une activité de technicien, mécanisée, aseptisée, maîtrisée. Il n'empêche que la question du rapport de l'homme à la nature, du traitement que nous faisons subir aux bêtes demeurent. Le public était partagé. Le premier mouvement a été épouvanté. Il est inadmissible de ranger des volailles vivantes dans des sortes de tiroirs, on ne tue pas un animal innocent qui ne demande qu'à vivre, on ne fait pas de césarienne à une vache parce que la nature ne le permet pas, etc. L'agro-alimentaire est perçu comme un monde cruel, dominant et exploitant la vie, pour le plus grand plaisir de nos assiettes et de nos estomacs.

Justement, on fait quoi si on rejette ce monde? Le poulet aux petits pois du dimanche, le saumon frais, les tomates bien rouges, les fraises en hiver, va-t-on s'en priver? Et les dizaines de millions d'affamés qui rêvent de la viande, des fruits et légumes sous plastique, en conserve ou surgelés de nos supermarchés? Une partie du public, très minoritaire, a estimé qu'il n'y avait pas, dans les fermes -usines, maltraitance des animaux et qu'il ne fallait pas avoir la nostalgie de l'ancienne paysannerie, qui tuait le lapin en lui arrachant un oeil ou le cochon en l'égorgeant.

Ce midi, autour de la table, vous méditerez à n'en pas douter ces quelques pensées. Par avance, bonne appêtit et bonne réflexion. Et n'oubliez pas d'aller voter.

Excellente journée.