L'Aisne avec DSK

30 août 2007

La gauche paresseuse.

Avez-vous entendu ce matin Claude Allègre chez Apathie, à RTL? Avez-vous lu son entretien dans Libération? François Hollande est comparé à Guy Mollet, traité de menteur et de "magouilleur". Ségolène Royal, Allègre la trouve courageuse mais incapable. Quand à la "jeune garde", Montebourg, Peillon, etc, ce sont des "hyènes" et des "chacals". La rhétorique de l'ancien ministre socialiste hésite, dans la forme, entre les diatribes de l'extrême droite sous la IIIème République et les belles heures du stalinisme. Et il annonce un livre "La défaite en chantant", qui s'inscrit dans un genre littéraire dont je vous ai déjà parlé: les socialistes qui critiquent les socialistes, les démolisseurs qui se veulent des bâtisseurs. Encore Allègre, à la différence d'autres, est-il logique avec lui-même: il ne renouvellera pas son adhésion au PS et s'avoue "impressionné" par Nicolas Sarkozy.

Pourtant, Allègre est loin d'être bête. Il est dommage que sa violence, ses excès et ses injustices dévalorisent certains de ses propos qui mériteraient d'être écoutés et pris en compte. Moi même, dans ce blog, je suis critique à l'égard des socialistes, parce que c'est dans la critique de soi et des siens qu'on progresse. Mais je ne rabaisse pas le parti, j'essaie au contraire de l'élever, et je ne suis nullement "impressionné" par la droite. Parmi les reproches que nous fait Allègre, un me semble viser juste, et j'en parle parce que personne n'en parle: la paresse.

Oui, la paresse! Le grand tort des socialistes (excusez-moi pour cette généralisation bien sûr hâtive) est de ne pas assez travailler. Je ne leur demande bien sûr pas de devenir hyperactif comme qui vous savez, mais il ne suffit pas d'attendre que l'opinion change automatiquement d'avis pour espérer, sans rien faire, sans rien proposer de très nouveau, reconquérir le pouvoir. Ce phénomène a existé à partir de 2004, victoires socialistes massives aux régionales et cantonales), s'est poursuivi avec le triomphe du non au référendum européen en 2005 et s'est intensifié avec les bons sondages en faveur de Ségolène Royal en 2006. L'idée s'est peu à peu installée que la droite était fichue et qu'il suffisait d'attendre la défaite. Chez certains à gauche, l'usure du pouvoir est un prêtexte à la paresse, avec cette idée complétement farfelue que "c'est maintenant notre tour". Non, en démocratie, il n'y a pas de tourniquet électoral.

Ce défaut est inscrit profondément dans les mentalités du parti. Je discutais il y a peu avec un socialiste local, m'inquiétant de notre absence de propositions et de compétences en vue des élections municipales. Quelle n'a pas été ma surprise de m'entendre dire que ce n'était pas si grave, qu'il y avait dans l'administration locale des techniciens chargés de prendre les décisions! C'est tout un état d'esprit qui est à changer. Pour beaucoup, la politique est moins considérée comme un travail que comme un jeu (ne dit-on pas d'ailleurs, dans le langage courant, le "jeu politique"?).

A quoi reconnaît-on que nous sommes dans une réunion de travail? Quand les participants prennent des notes et posent des questions. Combien de fois ai-je assisté à des réunions d'instances locales ou départementales durant lesquelles la plupart arrivait, écoutait, parfois répétait ce qu'un autre avait déjà dit ou contestait systématiquement un camarade d'une autre sensibilité, sans rien noter, sans poser aucune question! J'ai inventé une expression pour les qualifier, je les appelle "les socialistes mains dans les poches". Ils me font penser à ces élèves en classe qui gardent ostensiblement leur blouson, observent vaguement le professeur, prononcent quelques mots de protestation et repartent comme ils sont venus, en oubliant tout de ce qui s'est dit. Je sais que je vais paraitre austère, "professoral" comme disent ceux qui détestent le monde de l'enseignement. Mais je crois que la politique est une chose sérieuse, un vrai travail, et pas une activité de représentation, de commandement et d'arbitrage (même si elle est aussi cela).


Bon après-midi, bon travail!

2 Comments:

  • Je l'ai dit souvent seuls le travail et la rigueur paient. Le seul problème c'est que le français de manière générale n'a pas le sens de l'effort!
    Tu as parfaitement raison : ce n'est qu'en travaillant que la gauche pourra se relever! Il faut reprendre ses fondamentaux, retrousser ses manches et y aller! Cela prend du temps, demande de l'énergie mais c'est la clé du succès.
    MD

    By Blogger md, at 7:56 AM  

  • rappelons à allégre son article pré payé par société d'édition sur le réchauffement de la planéte... aprés il pourra parler dans la cour des grands. VAL

    By Anonymous Anonyme, at 11:06 AM  

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