L'Aisne avec DSK

27 août 2007

Je ne comprends pas.

Bonjour à toutes et à tous.

Tout s'explique parce que chaque chose a ses raisons. Il y a une rationalité évidente de nos actes. Laissez une liasse de billets sur le banc d'un jardin public très fréquenté, il est mathématiquement certain que les billets vont disparaitre dans l'heure. Ce qui signifie qu'il est anormal de ne pas comprendre un phénomène (sauf s'il est absolument inconnu). C'est ce qui m'arrive avec le vandalisme des gens du voyage.

Chez moi, à Saint-Quentin, une aire d'accueil a été aménagée pour les gens du voyage. C'est pour eux un grand progrès, voulu par une loi récente. Avant, en France, ils stationnaient dans un bout de champ, quand ce n'était pas près d'une décharge publique. Or, que se passe-t-il? Les installations électriques et sanitaires sont systématiquement détruites (et rien n'indique que ces méfaits soient causés par des personnes extérieures), les réparations sont financièrement lourdes, la police, la justice, la municipalité, malgré leurs efforts, ne parviennent pas à régler le problème. L'affaire tourne à l'absurde: les familles refusent d'occuper un endroit dévasté, s'installent ailleurs, sont chassées par la police et se réinstallent... une heure après. Pourquoi ne se sort-on pas de ce problème? Parce qu'on ne l'explique pas.

Le vandalisme des gens du voyage (tous ne sont pas responsables, évidemment) n'est pas comparable à celui des banlieues, quand les voitures, les bus, les écoles sont dévastés, pour quatre raisons:

1- Les banlieues sont en proie à la misère, à un environnement souvent délabré et inhumain, à une population atomisée, culturellement déstructurée, qui provoquent une rage sociale aux aspects irrationnels mais parfaitement explicables (quoique, pour moi, injustifiables).
Les gens du voyage forment une communauté forte, soudée, qui a préservé ses traditions et qui n'est pas nécessairement misérable. Souvent, des églises évangéliques puissantes encadrent cette population. Aucune rage sociale, aucun désespoir ne sont à l'origine du vandalisme.

2- Les banlieues brûlent un bus, une école, un bureau de Poste parce que ceux-ci représentent l'Etat, qui est devenu la cible de leur vengeance sociale. Aux yeux des vandales, l'école ne mène à rien, le bus est le symbole du pauvre qui n'a pas les moyens de s'acheter une voiture et qui vit dans un ghetto, la Poste est la banque des petits revenus et le travail du salarié faiblement rémunéré. S'en prendre à ces symboles qui jurent avec une société promettant à tous l'enrichissement n'est pas dépourvu de sens.
En revanche, une aire d'accueil pour nomades ne symbolise rien du tout, elle n'a qu'une fonction d'utilité, au seul service de ceux qui... la saccagent. C'est là où je ne comprends pas.

3- Les violences des banlieues résultent souvent d'interventions policières jugées provocatrices, visant des voyous qui ont intérêt à susciter un climat de peur afin de préserver leur commerce illicite.
Rien de tel chez les gens du voyage, qui sont les seules victimes d'acte générés par des membres de leur communauté.

4- Beaucoup de jeunes de banlieues sont chargés d'un passé douloureux. Leurs parents souvent immigrés ont connu la colonisation, puis l'humiliation des sales boulots dans une France en plein développement. Que les fils et petits-fils aient aujourd'hui des problèmes d'identité et d'héritage, c'est évident. Qu'ils les réglent (très mal) par la provocation (parfois islamiste) et la violence, c'est un fait désolant.
Mais les enfants du voyage vivent dans un tout autre milieu, une histoire entièrement différente. Certes, eux aussi ont été et sont parfois encore victimes de préjugés défavorables (le manouche voleur de poules), mais c'est sans commune mesure avec la condition des jeunes issus de l'immigration. Au contraire, dans une période de mondialisation qui prône la mobilité, les valeurs nomades sont au goût du jour.

Bref, je ne comprends pas, je n'explique pas et, par conséquent, je ne propose aucune solution à ce pourtant épineux problème de politique locale.


Bonne matinée.

4 Comments:

  • pas d'accord . a 'ton des preuves que le vandalisme vient des gens du voyage et non d'individus profitant de leur présence pour se déculpabiliser et s'éclater . pourquoi dire les gens du voyage et non 2, 3 abrutis parmi les gens du voyage. ils font leur police interne, ils vivent comme une sorte de ruche car l'extérieur ne veut pas d'eux. le code de l'honneur existe chez eux, jamais ils ne laissent un vieux ou un enfant dans le caniveau. stop, dialoguons avec eux bien que nous ne vivions pas dans la même sphère. les flics de st q et de la fére m'ont dit que dés qu'il y a des gens du voyage, il y a recrudescence des larcins. quand ils arrêtent les coupables , ben, ce ne sont pas eux mais de la racaille locale....VAL

    By Anonymous Anonyme, at 10:41 AM  

  • autre chose : je n'aime pas plus que ça ces personnes égoïstes qui gonflent leurs enfants qui , eux , détestent habiter en caravane et déménager régulièrement ( dixit potes de mes fils). mais cessons de les voir comme des voleurs d'enfants, des sorcières et des voleurs de poules. val

    By Anonymous Anonyme, at 10:47 AM  

  • Pas d'accord non plus. Rien ne prouve que ce sont les gens du voyage qui détruisent le site qui leur est proposé!
    La racaille locale profite de la mauvaise réputation des nomades pour leur faire porter le chapeau d'autant qu'elle a la complicité passive de la marechaussée!
    Il faut dialoguer avec les gens du voyage. Ils vivent de manière très différente. ils ont leur code, leurs coutumes, leurs règles... Ils ne supportent pas que l'on puisse décider à leur place de l'endroit où ils doivent s'installer, dormir et vivre! la société bien pensante et moralisatrice croit à tort que c'est charité chrétienne que de proposer des structures d'accueil. Ils n'en ont rien à faire.Accepter l'hébergement c'est un début d'intégration et la perte de son identité! Sans être du voyage, je refuse également de m'installer là où je suis guidé, je refuse les voyages organisés, je refuse les plages où tout le monde va, je refuse la consommation à tout va, je refuse la mode....Je ne suis pas un mouton de Panurge! L'hostilité réelle ou présumée des autres est cause d'un repli sur soi et du rejet, parfois éxagéré, de tout encadrement.
    MD

    By Blogger md, at 12:18 PM  

  • Bon, vos commentaires me font revoir ma position. Mais il reste à vérifier qui sont les auteurs des dégradations.
    Ceci dit, Michel vise juste et, en un sens, me rejoint: les gens du voyage veulent rester libres dans une société où les individus sont de plus en plus contrôlés. Cette réaction pourrait expliquer le vandalisme.
    Que faire alors? Revenir à la situation antérieure, où les gens du voyage s'installaient où ils voulaient, sans confort ni sécurité? Ou quoi d'autres? Accepter qu'une municipalité verse des sommes importantes pour des réparations qui n'en finissent pas?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:41 PM  

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