L'Aisne avec DSK

27 août 2007

Nos amies les bêtes.

L'actualité dramatique d'une enfant qui meurt sous les morsures d'un chien, d'autres enfants violemment agressés, nous rappellent que la présence de centaines de milliers de ces animaux dans la société française pose un véritable problème politique, j'irai plus loin: un problème de civilisation. A Paris, les déjections canines constituent le dossier politique n°1. Les nuisances sont multiples: manquement à l'hygiène, aboiements intempestifs et le pire, les agressions multiples. L'existence massive de chiens, souvent en liberté, fait régner un climat d'inquiétude et de peur. J'avoue ne pas pratiquer certains sentiers de randonnée, de crainte de me retrouver face à des molosses surgissant d'une cour de ferme. Mais les villes, le soir, dans certains parcs, ne sont pas mieux protégées.

Je disais: problème de civilisation. Ce n'est pas excessif. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, des millions de personnes remplacent les enfants et les compagnons par des êtres à quatre pattes qui sont, tournant hallucinant des sociétés occidentales, humanisés. Les panneaux "chien méchant"à l'entrée d'une maison, qui surprennent tellement les visiteurs étrangers, détruisent la civilité la plus élémentaire. Quoi de plus désagréable et discourtois que de voir un chien renifler vos fesses et parties génitales?

Contre ce mal contemporain, il est difficile de lutter. La vanité des maîtres leur fait dire qu'un chien "bien éduqué" ne mordra jamais personne. Leur perversité les fait sourire quand ils constatent que leur bête fait peur: "n'ayez pas peur et il ne vous mordra pas", comme si la peur était maîtrisable! En vérité, les hommes de notre temps ne savent plus ce qu'est un animal, c'est-à-dire une créature qui peut devenir dangereuse, surtout en présence d'enfants.

Alors que faire? Beaucoup de municipalités se sont dotées de motos-crottes, bacs à sable pour les besoins, ramasse-crottes pour la promenade du soir. C'est manifestement insuffisant, les merdes augmentent et les mâchoires se referment autant sur les mollets. Je suggère quelques pistes: les pénalités pourraient être alourdies et multipliées, mais le flagrant-délit de défécation n'est pas simple à établir. Le port obligatoire de la muselière dans les endroits publics serait une mesure radicale pour stopper les attaques, y compris pour les petits chiens, qui sont souvent les plus hargneux (les caniches par exemple). L'école a son rôle à jouer. l'instruction civique se doit de rappeler les droits et devoirs de chacun vis à vis des autres citoyens, la biologie enseigner la nocivité des bêtes en matière d'hygiène, l'histoire rappeler la lutte ancestrale des hommes pour se défendre des animaux, la philosophie exposer la dignité de l'homme et l'inconscience pulsionnelle de la bête. On pourrait même aller jusqu'à délivrer un permis de propriétaire de chien, comme pour la conduite ou la chasse, afin de dissuader les mauvais maîtres en les soumettant à des épreuves.

Pour finir, j'aimerai, après avoir parler de la protection des enfants et des hommes, exprimer une pensée pour nos amies les bêtes. Dans sa grande marche pour l'émancipation de l'humanité, le socialisme ne devrait-il pas songer aussi à l'émancipation des chiens et des chats? Combien sont-ils à vivre malheureux dans les petits appartements des grandes villes? Combien souffrent-ils des coups et hurlements de ceux qui osent se dire leurs "maîtres"? Le comble de l'indignité, c'est de voir une bête au bout d'une laisse ou s'aplatir aux pieds de quelqu'un qui la siffle. Ces comportements sont humiliants, et pour l'homme, et pour le chien. Laissons donc tranquilles les bêtes, qui se sont passées de nous pendant des millénaires.


Bon après-midi.