La Rochelle en chantant.

Je ne suis pas présent physiquement à La Rochelle mais par l'esprit et l'internet. J'apprends (voir le précédent commentaire de jpb) que 400 strauss-kahniens, réunis hier soir, ont rendu public notre manifeste social-démocrate, sous le nom de "Manifeste pour un socialisme nouveau". J'y reviendrai. A la lecture de la presse, je constate que l'absence des personnalités du parti (les "éléphants", comme on dit, sans savoir ce que ça veut dire) inspire des remarques négatives. D'habitude, c'est leur présence qui est critiquée, à travers la dénonciation du "bal des egos" que serait devenue La Rochelle. Les grincheux ne savent décidemment pas ce qu'ils veulent. C'est pour ça qu'ils sont grincheux.

François Hollande a tenu vendredi un discours devant le Mouvement des Jeunes Socialistes, en donnant quelques pistes de sa rénovation à lui: "il ne faut pas avoir peur du mot nation", nous devons défendre "l'ordre social public", la France doit "collectivement travailler plus", etc. Savez-vous à qui j'ai pensé en lisant le résumé de ce discours? Je me suis retrouvé quelques mois en arrière, écoutant les grands discours fondateurs de Ségolène Royal: réhabilitation du drapeau et de l'identité nationale, appel à l'armée pour mater les délinquants, critique des 35heures. Hollande nous la joue en plus soft, mais c'est bien la même musique.

Je dis attention: ne refaisons pas ce qui n'a pas convaincu les français. Bien sûr qu'il faut parler de la France, de la sécurité et du travail, mais d'une autre façon, avec d'autres analyses et de nouvelles propositions. La fin du discours m'a littéralement sidéré, même si ma remarque est un détail, mais un détail révélateur. François Hollande venait de proclamer que "le grand soir, c'est fini" (ce que nous savons depuis longtemps) quand la salle s'est mise à entonner l'Internationale, le chant le plus révolutionnaire qui soit!
Comprenez moi bien: je suis amateur de chants révolutionnaires qui passent en boucle dans ma voiture, j'apprécie tout particulièrement l'Internationale dont les paroles sont magnifiques, je comprends que la jeunesse a besoin d'hymnes enthousiasmants, mais je ne peux pas m'empêcher de sourire et de souligner la contradiction entre un discours de rénovation qui prend ses distances avec la tradition et une réaction en chanson la plus traditionnelle qui puisse exister. Encore une fois, c'est un détail, mais les détails, ce n'est pas rien. Freud nous a appris que derrière les comportements anodins se cachait la vérité des situations.


Bon après-midi, en chanson ou non.