Le progrès et l'utopie.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je vais terminer devant vous ma lecture de Luc Ferry, en vous recommandant les pages 182 à 189, très précieuses, puisque l'ancien ministre de l'Education nationale qualifie de "pur et simple tissu d'âneries" les affirmations des libéraux sur les 60000 à 70000 enseignants en France sans élèves. Il expose une contre-argumentation chiffrée très convaincante. Je vous laisse la lire, car je veux terminer l'ouvrage sur autre chose, un dernier passage que je trouve très beau. Le voici:

"Imaginez un instant qu'on ait dit à Hugo qu'au siècle prochain, l'enseignement et la médecine seraient gratuits, que les ouvriers bénéficieraient de retraites et de congés payés, que la liberté d'opinion serait garantie et que nul ne risquerait plus d'être exilé à Guernesey ou ailleurs pour avoir critiqué son gouvernement, qu'on ne travaillerait pas 70 ou 80 heures par semaine dans des usines insalubres mais 35, dans des endroits plus convenables, que des machines volantes permettraient à tous de découvrir le vaste monde en des temps record, qu'une étrange lucarne ouverte chaque soir dans des millions de foyers offrirait à ceux qui le souhaitent des moyens de s'informer, d'assister, voire de participer, à des débats contradictoires, d'entendre parler de livres ou de théâtre par ceux qui les font vivre... il aurait sans aucun doute éclaté de rire" (Familles je vous aime, page 192).

Ce que j'aime dans ce texte, c'est ce recul historique que nous avons perdu aujourd'hui, qui nous fait oublier que le présent doit être jugé à la lumière du passé, qui réactive notre progressisme, c'est-à-dire la croyance au progrès de l'humanité, qui redonne vie et espoir à l'utopie, qui montre que celle-ci est bien souvent dépassée par la réalité.


Bonne soirée.