L'Aisne avec DSK

11 septembre 2007

Que faire?

Faire de la politique, ce n'est pas parler, c'est faire. Mais faire quoi? Les socialistes ne pourront pas se contenter, dans les cinq prochaines années, de critiquer pendant que Nicolas Sarkozy fera (ou plutôt défera). Le problème, c'est que pour faire, il faut avoir le pouvoir. Nous devrons donc dire ce que nous ferions ou ferons aux responsabilités. J'ai évoqué hier ce que Manuel Valls, qui a le mérite de se mouiller, proposait. Je reviens maintenant sur l'ouvrage de Luc Ferry dont j'ai commencé à vous parler ce week-end. Son chapitre IV est consacré à la politique. Il y a des remarques intéressantes, justement à props de ce qu'il faut faire... ou ne pas faire. Il reprend des propos de Jacques Attali, dans L'Express du 24 août 2006:

"Les actions à entreprendre sont claires, simples, mathématiques, indiscutables. Elles peuvent être résumées en quelques lignes terribles: il faudra, progressivement, réduire de moitié la dette publique, retarder de huit ans l'âge de la retraite, accueillir 500000 travailleurs étrangers par an, permettre à ceux qui le voudront de travailler au-delà des 35 heures, doubler les dépenses publiques par étudiant à l'université et décider en conséquence d'économies budgétaires..." (p. 127, et je vous rappelle que c'est Attali qui écrit ses lignes, rapportées par Ferry).

Faut-il faire ce qu'Attali, homme de gauche, préconise et que Ferry, homme de droite, approuve? Dans le même ouvrage, Ferry s'en prend aux libéraux, et là encore, c'est intéressant, car il nous dit cette fois ce qu'il ne faut pas faire:

"Ecoutons nos libéraux saisis par la ferveur réformatrice: il faudra, aussitôt l'élection gagnée, remettre à plat la totalité du code du travail afin d'y introduire massivement de la flexibilité, réduire drastiquement le nombre de fonctionnaires en évitant de renouveler au moins un départ sur deux à la retraite, sinon sur trois, supprimer la carte scolaire, augmenter les droits d'inscription, rétablir la sélection à l'entrée des universités, effectuer une stabilisation des dépenses en euros constants pour une somme de 25 milliards sur cinq ans, achever la réforme des retraites, ce qui implique non seulement la suppression des régimes spéciaux, mais aussi porter l'âge de départ à 69 ans, dérembourser les médicaments de confort, pratiquer un rééquilibrage automatique en cas de déficit par l'ajustement des tickets modérateurs, supprimer la CMU et la gratuité des soins pour les étrangers en situation irrégulière, instituer un plafonnement strict et une dégressivité des allocations de chômage comme dans les pays scandinaves, etc." (pages 144-145)

Je me demande, en lisant Ferry, s'il n'a pas une part d'admiration pour un tel programme libéral. Mais il le croit impossible à réaliser, il pense que les turbulences seraient trop grandes. Il préfère la position d'Attali. Ce qui m'intéresse dans ces deux extraits, c'est la confrontation entre deux projets (qui parfois se ressemblent), l'un de centre gauche (Attali) soutenu par le centre droit (Ferry), l'autre carrément libéral (et dans lequel on reconnait partiellement la politique que mène Sarkozy). L'avenir est sans doute dans cette alternative, libéralisme contre centre gauche. Le combat Sarkozy-Royal avait tout à fait ce profil. La radicalité est de ce côté-là, pas chez les radicaux proclamés, qui n'auront pas le pouvoir, qui ne pourront rien faire (sinon protester) et dont le parti le plus cohérent et le plus puissant, le PCF, a été définitivement marginalisé.


Bon après-midi.

1 Comments:

  • Autant j'apprécie l'esprit de Jacques Attali, autant je m'oppose amicalement à ses conclusions. Il ne part pas d'une nouvelle dynamique, il raisonne à partir des conditions actuelles, comme si l'on ne pouvait pas injecter de nouveauté dans le cours des choses. Les actions à entreprendre ne sont pas mathématiques, les chiffres ne disent que ce qu'on veut bien leur faire dire, et le dernier en date sur lequel l'ami Jacques s'était formellement engagé aurait dû placer Ségolène Royal à l'Élysée... les chiffres des sondages d'opinion étant mathématiquement clairs et nets. :-)

    Tout repose sur une amélioration des rentrées fiscales, donc sur une économie qui redémarre, donc sur un plan concerté pour créer de la richesse dans le cadre de la mondialisation. Avoir des étudiants formés, c'est bien, les laisser au chômage, c'est mal. C'est prendre un peu du recul et proposer une ligne d'action à la place du factuel. Ceci peut aussi bien être mené par un gouvernement de droite que de gauche, car la dette appartient aux deux bords. Créer de nouveaux emplois dans le cadre de la mondialisation impose à l'économie européenne de le faire sur des produits innovants. Pour obtenir dès le départ une taille suffisante, il convient de disposer des capitaux correspondant en capital risque, ce qui constitue actuellement notre talon d'Achille. Jacques Attali est spécialisé sur le micro crédit, parfait pour les emplois de proximité dans les pays émergeants. Nos besoins sont gigantesques et c'est une guerre économique que nous menons. Même DSK ne s'est pas encore mouillé sur ce problème, il ne commence qu'à l'aborder. C'est dire la nouveauté.

    By Blogger jpb, at 3:14 PM  

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