L'Aisne avec DSK

12 septembre 2007

Les mots pour le dire.

Bonjour à toutes et à tous.

Je demandais hier clarté, netteté, précision et unanimité des socialistes sur la question des régimes spéciaux, d'ici mardi, date à laquelle Nicolas Sarkozy va arrêter sa position définitive. Ca avance, moins que je ne voudrais mais plus que ce que je craignais. Nous restons englués dans une langue de coton, sympathique, diplomatique, mais qui n'est pas toujours très lisible pour les français, à défaut d'un décodeur pour la décrypter.

Notre bureau national, qui se réunit à Solférino tous les mardis soirs, a rédigé un communiqué pas trop mal mais pas assez explicite. Ne nous plaignons pas, les choses évoluent. Le projet Fillon n'est pas condamné, ok, mais n'est pas non plus soutenu. La clé de notre position est dans ces mots: pour une "évolution négociée" des régimes spéciaux. En clair, nous voulons leur suppression, à condition d'en discuter avec les intéressés et leurs organisations syndicales (c'est la moindre des choses), dans le cadre d'une "négociation globale" sur les retraites. Reconnaissez que la clarté n'est pas totale mais que chacun comprend le sens et l'orientation.

Côté unanimité, c'est presque ça aussi, il n'y a eu que cinq abstentions (le bureau national doit regrouper une quarantaine de personnes), dont celles, opposées, de Manuel Valls et Jean-Luc Mélenchon. Je vous avais dit avant hier à quel point la clarté de Valls m'avait surpris, un socialiste étant généralement plus prudent, alambiqué, dans le but de créer une unanimité factice. Il est certain que Valls ne pouvait pas accepter ce terme d' "évolution", qui signifie qu'on va vers l'alignement des régimes de retraite sans le dire vraiment. Car "évoluer", c'est bien joli, mais on évolue vers quoi? "Négocier", c'est très bien, mais on négocie sur quoi?

Henri Emmanuelli, ex-NPS et toujours membre de l'aile gauche, a tenu des propos ce matin sur RTL, chez Apathie, dans lesquels je me retrouve et qui différent assez de la position de Mélenchon (qui lui est néofabiusien et doit faire ses preuves de radicalité). Bien sûr, Henri a repris les termes du BN, passablement flous, en parlant de "faire évoluer" les régimes spéciaux. Mais il a apporté des informations complémentaires et utiles: 1,8 millions de personnes sont soumis à 128 régimes spéciaux, qui "disparaîtront dans le temps sans doute" (je le cite et je souligne sa prudence de chanoine). Emmanuelli propose un examen entreprise par entreprise. Pourquoi pas, c'est à voir, mais je suis un peu sceptique.

J'ai l'impression que mes camarades, pour ne choquer personne et plaire à tout le monde, péché mignon des socialistes, n'osent pas prononcer les mots vrais: suppression et alignement (alors qu'en fin ce compte, les acrobaties de langage cachent ces deux objectifs). Arnaud Montebourg a trouvé une autre ruse pour contourner la réalité, il parle d' "harmonisation" des régimes de retraite. Mais harmoniser est un terme qui ne veut rien dire en lui-même. Harmoniser par rapport à quoi, voilà la vraie question.

Excusez-moi d'insister, mais la politique a un préalable, c'est la clarté. Quand je sors de certaines réunions, j'ai l'impression de n'y être jamais entré puisque rien de clair n'a été décidé. Jean-Luc Mélenchon, dont je partage rarement les analyses et les propositions, a au moins le mérite de la clarté. En politique, c'est oui ou c'est non, on est pour ou on est contre. Sinon le citoyen n'y comprend rien, interprète mal, se retrouve déçu et se détourne alors de la politique. La rénovation du socialisme passe par un effort de clarté. Commençons dès maintenant.


Bonne soirée.

4 Comments:

  • On voudrait etre d'accord mais la politique ça ne peut pas etre oui ou non ,pour ou contre. C'est heureusement plus complexe que ça.
    C'est l'art du possible pas du souhaitable.

    By Anonymous Anonyme, at 9:06 PM  

  • Il faudrait pourtant qu'un jour le parti cesse de tourner autour du pot et propose quelque chose qui soit clair et compris par le peuple. Sarkozy dans ses propos a été clair, des propositions, un slogan clair,... une majorité l' a suivi même si certains n'ont pas compris des conséquences de leur vote!
    MD

    By Blogger md, at 9:29 PM  

  • Ah non, la politique, c'est l'art du souhaitable! Beaucoup de choses sont possibles, les meilleures comme les pires, et l'art politique, c'est de choisir entre elles ce qui est souhaitable.

    Quant à la complexité, elle fait partie de la vie, c'est vrai. Mais la simplicité aussi. Un homme politique est celui qui sait rendre simple des choses complexes. Et ça aussi, c'est un art!

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:31 PM  

  • Souhaitable ou possible?
    Puisque beaucoup de choses sont possibles on pourrait tout aussi bien dire que beaucoup de choses sont souhaitables et que l'art politique c'est de choisir entre elles ce qui est possible à un moment donné. CQFD.

    By Anonymous Anonyme, at 10:54 PM  

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