Le style et la méthode.
Bonjour à toutes et à tous.
Nicolas Sarkozy affirme virilement qu'il n'attend pas la croissance mais qu'il ira la chercher. Quel homme! Le petit problème, c'est que cette formule n'a strictement aucun sens. Elle est prononcée pour épater les gogos. La croissance, ça ne se décrète pas, ça ne va pas se chercher, j'ai presque envie de dire: ça se mérite, c'est le résultat d'une politique économique, d'efforts constants, d'un environnement national et international favorables. Sarkozy laisse croire que nous pourrions atteindre bientôt les 5%. Serait-ce un rêve éveillé? Le président parle pour impressionner dans l'instant, en espérant peut-être que les propos très vite seront oubliés.
Derrière ces excès et ces imprudences de langage, il y a une opération de camouflage. La France n'est pas prête pour retrouver la croissance, sa situation économique n'est pas florissante. Sur quoi reposait la campagne de Sarkozy, quel a été son formidable attrait, y compris auprès des couches les plus acquises à la gauche? La revalorisation du pouvoir d'achat sur fond de décor sécuritaire. Jamais la relance de la croissance n'a été privilégiée, jamais la création d'emplois n'a été mise en avant, jamais la lutte contre la dette et les déficits sociaux n'a été prioritaire. Dans ces conditions, comment la situation économique pourrait-elle être assénie, comment la croissance pourrait-elle redémarrer?
Je trouve que les medias ont fait peu de cas de la grosse bourde de la secrétaire d'Etat Rama Yade, qui est allée soutenir à Aubervilliers des squatters en voie d'expulsion. Pourtant, l'incident, pour lequel Fillon a dû sermonner sa secrétaire d'Etat, est instructif à plusieurs titres, car il est révélateur de la méthode Sarkozy, que Rama Yade n'a fait qu'appliquer, avec le zèle maladroit de ceux qui veulent égaler et pourquoi pas dépasser leur modèle:
- Intervenir directement, sur le terrain, dès qu'à la radio la nouvelle de l'expulsion tombe. On ne cherche pas à savoir, on ne se donne pas le temps de réfléchir, on agit. Et le résultat est fâcheux...
- La venue de la secrétaire d'Etat a lieu sous l'oeil des caméras. On me filme, donc je suis..., voilà le nouveau principe cartésien de la politique sarkozienne. Politique rime désormais avec médiatique.
- Les décisions de Justice sont ignorées, puisque l'institution est régulièrement mise en accusation. Un seul est juste, Sarkozy.
- La gauche est systématiquement prise à contre-pied. Yade va administrer une leçon de progressisme et d'intégration dans une municipalité communiste, Aubervilliers, tout comme Sarkozy pendant la campagne citait les ancêtres de la gauche et serrait la main aux ouvriers.
Cette méthode activiste, médiatique, démagogique et populiste, c'est celle de beaucoup de membres du gouvernement, c'est la méthode Sarkozy.
Bon après-midi.
Nicolas Sarkozy affirme virilement qu'il n'attend pas la croissance mais qu'il ira la chercher. Quel homme! Le petit problème, c'est que cette formule n'a strictement aucun sens. Elle est prononcée pour épater les gogos. La croissance, ça ne se décrète pas, ça ne va pas se chercher, j'ai presque envie de dire: ça se mérite, c'est le résultat d'une politique économique, d'efforts constants, d'un environnement national et international favorables. Sarkozy laisse croire que nous pourrions atteindre bientôt les 5%. Serait-ce un rêve éveillé? Le président parle pour impressionner dans l'instant, en espérant peut-être que les propos très vite seront oubliés.
Derrière ces excès et ces imprudences de langage, il y a une opération de camouflage. La France n'est pas prête pour retrouver la croissance, sa situation économique n'est pas florissante. Sur quoi reposait la campagne de Sarkozy, quel a été son formidable attrait, y compris auprès des couches les plus acquises à la gauche? La revalorisation du pouvoir d'achat sur fond de décor sécuritaire. Jamais la relance de la croissance n'a été privilégiée, jamais la création d'emplois n'a été mise en avant, jamais la lutte contre la dette et les déficits sociaux n'a été prioritaire. Dans ces conditions, comment la situation économique pourrait-elle être assénie, comment la croissance pourrait-elle redémarrer?
Je trouve que les medias ont fait peu de cas de la grosse bourde de la secrétaire d'Etat Rama Yade, qui est allée soutenir à Aubervilliers des squatters en voie d'expulsion. Pourtant, l'incident, pour lequel Fillon a dû sermonner sa secrétaire d'Etat, est instructif à plusieurs titres, car il est révélateur de la méthode Sarkozy, que Rama Yade n'a fait qu'appliquer, avec le zèle maladroit de ceux qui veulent égaler et pourquoi pas dépasser leur modèle:
- Intervenir directement, sur le terrain, dès qu'à la radio la nouvelle de l'expulsion tombe. On ne cherche pas à savoir, on ne se donne pas le temps de réfléchir, on agit. Et le résultat est fâcheux...
- La venue de la secrétaire d'Etat a lieu sous l'oeil des caméras. On me filme, donc je suis..., voilà le nouveau principe cartésien de la politique sarkozienne. Politique rime désormais avec médiatique.
- Les décisions de Justice sont ignorées, puisque l'institution est régulièrement mise en accusation. Un seul est juste, Sarkozy.
- La gauche est systématiquement prise à contre-pied. Yade va administrer une leçon de progressisme et d'intégration dans une municipalité communiste, Aubervilliers, tout comme Sarkozy pendant la campagne citait les ancêtres de la gauche et serrait la main aux ouvriers.
Cette méthode activiste, médiatique, démagogique et populiste, c'est celle de beaucoup de membres du gouvernement, c'est la méthode Sarkozy.
Bon après-midi.
4 Comments:
L'action sans la réflexion mène dans le mur! Sarkozy et son équipe vont se scratcher!! Agir à chaud dans l'émotion n'est pas constructif mais c'est une méthode très médiatique et hélas les médias en sont très friands puisque c'est ce qui les fait vivre. Cependant j'entends peu de commentaires du PS et de la gauche non pas sur la méthode car cela ne donnera rien, les français sont obnubilés par le clinquant et le people mais sur les solutions données par le Président et proposées par la gauche.
MD
By md, at 5:09 PM
C'est le serpent qui se mord la queue. L'époque est médiatique, le PS a beau critiquer, mener un travail sérieux d'analyses et de contre-propositions, comme durant l'université de La Rochelle, ce n'est pas repris par les médias parce que ce n'est pas médiatique. Faudrait-il alors que le PS adopte la méthode Sarkozy et tombe à son tour dans la médiatisation à outrance? Je ne crois pas, mais la question est posée.
By Emmanuel Mousset, at 10:18 PM
sarko, trés american way of life, suit tout simplement le modéle de ses confréres outre atlantique, il est en campagne permanente. il prépare 2012 car pour lui les municipales et autres , c'est déjà bouclé dans son esprit. en outre, il n'est pas anodin d'avoir placé Panfieu face à delanoe. il sacrifie un pion ( la mairie de paris) et tente de se choisir son futur adversaire pour les présidentielles ( delanoe valeur montante du PS). aux échecs cette méthode s'appelle un blitz .
par contre, il existe une justice divine médiatique : l'équipe de france de rugby a perdu!!!!!!! VAL
By Anonyme, at 9:41 AM
Très bonne analyse de VAL sur le blitz politique de Sarkozy. Finalement, le génie de cet homme ne serait-il pas d'écarter les présidentiables socialistes pour conserver et promouvoir ceux qui ne peuvent qu'échouer face à lui, hier Royal, demain Delanoë?
En revanche, sur les municipales, soyons plus prudent, et Sarkozy, qui est intelligent, le saît: aucune élection n'est gagnée d'avance, et je souhaite qu'il perde la prochaine, en mars 2008. C'est possible, si les socialistes ne font pas trop de conneries.
Pour la défaite de la France hier soir, mille fois d'accord: on nous refait avec le rugby ce qu'on faisait jusqu'ici avec le foot, patriotisme stupide, marchandisation du sport, conformisme de toute une société, frime insupportable, etc. La défaite est regrettable au plan sportif (nos joueurs ont été mauvais) mais elle est moralement bienvenue.
By Emmanuel Mousset, at 10:31 AM
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