L'Aisne avec DSK

02 septembre 2007

La Rochelle, fin.

L'université d'été des socialistes à La Rochelle s'est terminée il y a quelques heures par le traditionnel discours de François Hollande. Je n'ai entendu que des extraits sur France-Info, qui m'ont déplu. Pourquoi ironiser sur les rénovateurs et leurs efforts pour sortir le parti de l'impasse? Les rénovateurs n'existent que parce que des conservateurs empêchent toute évolution. François oublie-t-il qu'en son temps, dans les années 80, lui aussi se voulait rénovateur, lui aussi voulait dépasser les courants, en créant les "transcourants"? Je ne suis pas toujours d'accord avec les analyses de Manuel Valls, mais il a le mérite de mettre les pieds dans le plat. De ce point de vue, je n'ai pas trouvé que les propositions de François Hollande étaient à la mesure de la crise que traverse actuellement le PS.

Car retiendra-t-on de cette université une seule décision qui soit marquante? Je n'en vois pas. Bien sûr, je me félicite du bon climat, des retrouvailles militantes, de la qualité des échanges. Mais encore une fois, aux yeux du public extérieur, qu'en restera-t-il? Le drame, c'est que, cette semaine, la seule suggestion politique forte, donc discutable, et qui devra être discutée, est venue non pas du PS mais du Medef, le départ à la retraite à l'âge de 61 puis 62 ans. J'en ai fait un billet il y a quelques jours, pour dire, et un socialiste ne doit pas craindre de le dire, que cette idée méritait d'être étudiée, qu'elle pouvait être acceptable sous certaines conditions et dans un cadre précis. Je constate que mes camarades strauss-kahniens sont allés dans ce sens, en posant l'allongement de la durée d'activité comme une possibilité à examiner pour rétablir les comptes sociaux.

Mais bon sang, allons-y, soyons clairs, n'ayons pas peur du qu'en-dira-t-on d'extrême gauche, ne laissons pas l'espace politique au Medef, qui dans cet affaire ne fait que défendre des intérêts de classe, et comment pourrait-il faire autrement, étant donné de ce qu'il est? Il faut foncer, montrer que le réalisme économique, les équilibres budgétaires ne valent pas pour eux-mêmes mais sont la condition de la justice sociale. Voulons-nous oui ou non que le montant de nos retraites soit préservé? Voulons-nous oui ou non que les cotisations n'augmentent pas? Voulons-nous oui ou non que nos enfants et petits-enfants aient un avenir à peu près assuré? Alors, décidons clairement, arrêtons les analyses partagées par tous ou les propositions générales qui ne veulent rien dire ou trop dire.

Il va falloir faire de même avec nos alliances et nos partenaires, cesser de tergiverser, dire clairement ce que nous voulons. Pierre Moscovici, qui a animé une table ronde sur le sujet, a dit de ce que le bon sens réclame: une discussion avec le MoDem pour voir si une alliance en bonne et due forme est possible. Les centristes ne sont pas plus le diable aujourd'hui que les staliniens hier. La réalité est sous notre nez: une partie importante de notre électorat a voté Bayrou et empêché la dynamique du second tour. Arrêtons de nous demander pourquoi, nous l'avons fait cent fois. Agissons, posons les conditions d'une alliance avec eux, nous verrons bien ce qu'il en ressortira. Je vais vous dire: pour un peu, si je me laissais aller (ce qu'il ne faut pas), je demanderais aux socialistes d'être hyperactif comme Sarkozy!

Dernière chose sur La Rochelle: l'homme très applaudi a été Bertrand Delanoë et j'en suis très heureux, pour lui, pour nous. Mais quand j'entends les rumeurs qui le présentent comme un bon leader et pourquoi un futur candidat, je redis qu'il faut se calmer et ne pas nous refaire le coup de la popularité. Avec Ségolène, on a déjà donné. Non, un parti politique sérieux ne fixe pas sa stratégie au gré des sondages, il réfléchit, il travaille et il agit. Voilà ce qui nous manque.


Bon après-midi.

3 Comments:

  • C'est normal que Hollande n'endosse pas son échec et celui de Ségolène, et dise « non, non, tout est parfait. On perd et c'est normal, comment pourrait-il avoir un ou des coupables. A la limite collectivement... ».
    Pour ma part je ne partage pas cette analyse. Si nous voulons être un parti de gouvernement, alors nous devons proposer un programme clair, basé sur le réel, et qui séduise les Français. Nous, les amis de DSK l'avons mis au net. Sur ce texte référentiel que nous acceptons d'amender en fonction de l'évolution du réel et de sa mise à jour, nous pouvons proposer pour le parti une reconstruction claire. Nous nous plierons sans doute dans un premier temps au système des courants pour déposer la motion qui va bien, et l'emporter au sein du PS. Mais nous abandonnerons ce système bancal de synthèse. Il y aura au sein du nouveau PS une majorité, qui sera la motion arrivée en tête, et en face l'opposition. Et ceux qui ne pourront pas attendre ou n'accepteront pas la majorité ainsi dégagée pourront aller militer dans un autre parti. Les choses sont claires, car nous sommes avant tout un parti qui respecte la démocratie même dans son fonctionnement au sein du parti. Nous avons serré les dents en soutenant Ségolène dans la campagne présidentielle sans état d'âme et nous avons constaté son échec et le vide de sa réflexion. Quand le moment de choisir un candidat sera venu, nous le ferons en permettant à chaque militant de proposer sa candidature, en mettant en place un système qui fasse émerger la meilleure personne pour le poste donné. Nous n'inverserons pas l'ordre des choses, à proposer un quelconque leader du moment et à aller taper collectivement avec lui dans le mur. Ces temps sont révolus.

    Nous n'avons plus de partenaires. Nous avons un texte fondateur. Ceux qui s'y sentent bien nous rejoignent dessus. Il peut attirer tout l'électorat du centre aux écolos en englobant la majorité du PS. Il est en adéquation avec les temps actuels, nous n'avons donc plus à nous compromettre avec les héritiers staliniens. Il était temps...

    By Blogger jpbb, at 7:49 PM  

  • Rien à redire à ce commentaire, mais tout de même une incertitude et inquiétude:

    "Nous nous plierons sans doute dans un premier temps au système des courants pour déposer la motion qui va bien, et l'emporter au sein du PS. Mais nous abandonnerons ce système bancal de la synthèse".

    Ok, mais il y a tout de même un problème, qui peut être transformé pour nous en défi: comment une motion strauss-kahnienne peut-elle atteindre la majorité? Ca me semble très difficile, passer de 20% à 51%. Donc il faudra passer des alliances, retomber plus ou moins dans un système de synthèse avec d'autres forces internes.

    Mais comme je n'étais pas à La Rochelle, je n'ai peut-être pas tout compris.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:44 PM  

  • La majorité relative suffira. Un seul tour. Et la raison l'emporte. La force du réel, le choix des individus. il ne peut pas y avoir deux visions qui se valent, il faut trancher car l'une englobe l'autre. Chaque militant se définira dans son vote non par rapport à un choix de personnes ou de magouilles politiciennes qui nous ont conduit à des échecs permanents, mais par rapport à sa conscience suivant le choix de sa raison et de son intelligence. Nous devons faire ce pari ou l'humanité est morte.

    By Blogger jpbb, at 10:24 PM  

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