Gauche/Droite.
Ca y est, ma rentrée est faite, l'année 2007-2008 a commencé. Demain, c'est la rencontre avec les élèves. En attendant, je vais vous citer deux extraits de l'éditorial de Philippe Val dans Charlie-hebdo, qui concernent deux thèmes que j'ai longuement développés sur ce blog durant l'été: le libéralisme de la gauche, la distinction gauche-droite. Allons-y:
"La gauche est libérale. C'est son identité. C'est à ça qu'on la reconnaît. Dire que Sarkozy est un libéral, alors qu'il surpeuple les prisons, qu'il a voté contre le Pacs, qu'il instaure des peines-planchers et des boucliers fiscaux qui ne libèrent que ceux qui sont les plus libres et qui emprisonnent les autres dans le crédit, est un non-sens. Il faut absolument récupérer ce mot de libéral, que la gauche s'est fait voler par la droite. Parler d'une gauche antilibérale, c'est aussi con que de dire que l'eau bout à zéro degré, ou qu'elle gèle à cent. Car c'est à partir de ce mot que l'on peut commencer à tracer la frontière qui sépare et séparera toujours la droite et la gauche".
Intéressant, parce que généralement, la gauche est accusée de se confondre avec la droite sur ce terrain du libéralisme, alors que Val nous explique le contraire, nous dit que la séparation se fera sur ce mot. Voilà le contenu qu'il donne à cette distinction gauche-droite:
"Sur des sujets fondamentaux, il n'y a pas de conciliation possible. Au contraire, leur opposition frontale est nécessaire au débat démocratique:
- Le travail ne peut en aucun cas être la même valeur pour la droite et pour la gauche. Pour la droite, il est un élément disciplinaire qui, de surcroit, procure ce qui est nécessaire à la survie. La droite ne voit aucun inconvénient à ce que la survie occupe toute la vie, elle le conçoit comme le plus long possible. La gauche refuse cette conception et se bat pour que le temps de vie consacré à la survie soit le plus court possible. Le reste de l'activité humaine relève du choix et de l'enthousiasme.
- La sexualité, pour la droite, reste justifiée par la procréation et la fondation d'une famille. Pour la gauche, la procréation et la famille relèvent de choix librement consentis, et la sexualité est d'abord justifiée par le plaisir qu'on y prend. Le droit des femmes et des homosexuels sont des acquis de gauche auxquels la droite s'est résignée, parce qu'on est en démocratie".
Philippe Val nous annonce que sa réflexion sur l'identité de la gauche se poursuivra dans le prochain numéro. Vivement mercredi!
Bon après-midi.
"La gauche est libérale. C'est son identité. C'est à ça qu'on la reconnaît. Dire que Sarkozy est un libéral, alors qu'il surpeuple les prisons, qu'il a voté contre le Pacs, qu'il instaure des peines-planchers et des boucliers fiscaux qui ne libèrent que ceux qui sont les plus libres et qui emprisonnent les autres dans le crédit, est un non-sens. Il faut absolument récupérer ce mot de libéral, que la gauche s'est fait voler par la droite. Parler d'une gauche antilibérale, c'est aussi con que de dire que l'eau bout à zéro degré, ou qu'elle gèle à cent. Car c'est à partir de ce mot que l'on peut commencer à tracer la frontière qui sépare et séparera toujours la droite et la gauche".
Intéressant, parce que généralement, la gauche est accusée de se confondre avec la droite sur ce terrain du libéralisme, alors que Val nous explique le contraire, nous dit que la séparation se fera sur ce mot. Voilà le contenu qu'il donne à cette distinction gauche-droite:
"Sur des sujets fondamentaux, il n'y a pas de conciliation possible. Au contraire, leur opposition frontale est nécessaire au débat démocratique:
- Le travail ne peut en aucun cas être la même valeur pour la droite et pour la gauche. Pour la droite, il est un élément disciplinaire qui, de surcroit, procure ce qui est nécessaire à la survie. La droite ne voit aucun inconvénient à ce que la survie occupe toute la vie, elle le conçoit comme le plus long possible. La gauche refuse cette conception et se bat pour que le temps de vie consacré à la survie soit le plus court possible. Le reste de l'activité humaine relève du choix et de l'enthousiasme.
- La sexualité, pour la droite, reste justifiée par la procréation et la fondation d'une famille. Pour la gauche, la procréation et la famille relèvent de choix librement consentis, et la sexualité est d'abord justifiée par le plaisir qu'on y prend. Le droit des femmes et des homosexuels sont des acquis de gauche auxquels la droite s'est résignée, parce qu'on est en démocratie".
Philippe Val nous annonce que sa réflexion sur l'identité de la gauche se poursuivra dans le prochain numéro. Vivement mercredi!
Bon après-midi.
11 Comments:
Tout ceci me semble bien caricatural. La sexualité n'appartient pas au domaine des choix politique, et le plaisir que l'on peut y prendre ne dépend pas de son bulletin de vote. Il en est de même des familles, même les communistes en ont, c'est dire...
Aucune opposition frontale sur un thème quelconque est nécessaire pour que la démocratie existe. Il suffit qu'il y ait un pouvoir en place, et que des règles inscrites dans le droit permettent une alternance et le vote, et qu'à l'issue de ce vote, la majorité l'emporte sans effusion de sang tout simplement.
Si l'on veut vraiment justifier d'un clivage, il est entre ceux qui veulent garder leur or, et ceux qui n'y voient qu'un outil comme un autre. La gauche primitive désire le partager équitablement entre tous. Quelque esprit novateur préfère distribuer le secret de la pierre philosophale: l'innovation mise sur le marché afin d'en augmenter le tonnage pour en calmer l'appétit de tous. Philippe Val vend ses mots à la masse, donc ne peut pas faire dans la dentelle, mais le trait grossier et le sens du poil.
By jpbb, at 5:31 PM
Pour le coup je pense que le commentaire de JPB est extremement caricatural a deux égards:
1)Oui la gauche est redistributrice et elle doit l'assumer pleinement.Je ne crois pas à la théorie économique du ruissellement qui prétend que si les riches sont bcp plus riches,globalement les pauvres seront un peu moins pauvres.Le paquet fiscal correspond très exactement à cela.
2)C'est vraiment faire un mauvais procès à Philippe Val que de penser qu'il écrit en fonction de ses lecteurs.Ses écrits sont remarquables;je ne suis pas d'accord avec tout mais je le remercie d'écrire ce qu'il dit.
Lorsque l'on demande au PS de s'adresser au plus grand nombre et d'etre proche des gens,fait-on nécessairement dans le grossier?
Je ne le crois pas.
FV
By Anonyme, at 6:29 PM
FV où ai-je nié que la « gauche » se devait d'être redistributrice ? Nous devons convaincre l'ensemble de la société française de l'être. Nous devons en plus faire qu'il y ait suffisamment à redistribuer afin que tous en aient. Nous devons mettre en oeuvre les moyens de production pour gommer les inégalités de naissances, afin que le « pauvre » puisse mettre en oeuvre son intelligence pour disposer des moyens de production propre à fabriquer des produits innovants dans le respect du cadre écologique. Pour le moment, il n'y a que les « riches » qui puissent se payer une usine. Là est le scandale. Pour nous, fidèles à la pensée de DSK, ce qui nous pose problème, c'est la misère et la pauvreté, tant intellectuelle que matérielle, et c'est pour les éradiquer dans le monde entier, notre internationalisme, que nous militons en étant réformistes et non dans l'attente irréelle du grand soir.
La presse par définition se doit d'écrire pour son lectorat. Sans lecteur habitué à trouver sa prose habituelle, un hebdo fait faillite dans la semaine.
Emmanuel trouve du plaisir à lire Vall et nous en fait part. Certains partagent son plaisir, d'autre le trouve à faire une lecture critique. Pour ma part, je ne pense pas que l'oeuvre de Vall constitue le sommet de la littérature politique, bien que l'opposition « traître et crétins » m'ait beaucoup amusée. Mais la lecture du « Manifeste pour un socialisme nouveau » que j'ai eu à La Rochelle, me semble bien plus profitable. :-)
By jpbb, at 7:34 PM
Soit! JPB n'a pas nié que la gauche devait etre redistributrice et j'en prends volontiers acte.
Mais alors il faut qd mm le dire autrement.Par exemple pour moi qd on est pauvre "acheter des usines pour fabriquer des produits innovants"ne me parait pas l'alpha et l'omega de l'activité humaine.
Désolé ! et pourtant je ne suis pas dans "l'attente irréelle du grand soir".
Pour la presse pas d'accord non plus mais ce n'est pas très grave.
Bien sur un journal sans lectorat n'existe pas .Mais lire uniquement ce que l'on a envie d'entendre n'a aucun intéret et surtout ne m'apprend rien.
C'est ainsi que je vais lire "le manifeste pour un socialisme nouveau"qui n'est pas ma prose habituelle.
FV
By Anonyme, at 8:21 PM
Il est vrai que j'en fais peut-être un peu trop avec Philippe Val, mais cet homme, qui n'est pas socialiste (je veux dire: pas adhérent au PS) est libre et intelligent, deux qualités pas si fréquentes que ça dans notre société très conformiste.
Il a du style et des idées, qui en plus vont dans un sens social-démocrate: quoi de mieux pour faire mon bonheur? J'aimerais beaucoup l'inviter à St Quentin pour une conférence-débat. Bref, à jpb et à FV, tous deux socialistes comme moi, je dis que nous avons tout intérêt à lire et à méditer les réflexions de personnes comme Val.
Une anecdote avant d'aller dîner: j'ai vu Philippe Val la première fois quand j'avais 18 ans, j'étais pensionnaire à Argeles-Gazost dans les Pyrénées et le lycée nous avait offert une sortie-spectacle avec ... Font et Val. Je n'imaginais pas alors que, 30 ans plus tard, ce chanteur humoriste deviendrait un intellectuel, à mes yeux penseur d'un socialisme moderne, social-démocrate. Mais je rassure jpb: je ne pense pas non plus que Philippe Val soit le Karl Marx de notre temps!
By Emmanuel Mousset, at 8:36 PM
un événement trés récent et 2 nuits blanches m'ont fait réfléchir sur le fait de savoir comment il est humainement possible de faire des choix politiques pour des millions d'individus , alors que l'être humain n'est pas individuellement maître de sa vie . en fait, faire de la politique c'est se prendre pour DIEU. VAL
By Anonyme, at 7:24 AM
Ce n'est pas le fait de faire de la politique mais de prendre le pouvoir qui nous identifie à DIEU.
Faire de la politique c'est imaginer un monde meilleur. Avoir le pouvoir c'est la possibilité de créer ce monde meilleur et donc effectivement d'imposer à ceux qui ne pensent pas la même chose une situation impossible!
En revenant sur ce que disait Emmanuel, rien n'est blanc, rien n'est noir mais tout est plus ou moins gris. Il n'y a pas de notion qui soit strictement de droite ou de gauche. Simone Weil qui est plutôt de droite a favorisé l'avortement par exemple et le dernier gouvernement de gauche a laissé se privatiser des entreprises publiques.
Une question que je soumets à votre réflexion : aujourd'hui l'objectif de l'école est 80% d'une classe d'âge au niveau bac. J'ai entendu le Ministre de l'éducation proposer 50% d'une classe d'âge au niveau licence! Est-ce possible et est-ce souhaitable?
Bonne journée
MD
By md, at 8:32 AM
L'avantage de Marx, c'est de nous avoir laissé un vocabulaire. Nous avons constaté que la propriété des moyens de production ne devaient pas être collectivisé. Quand personne ne se sent responsable, c'est le bazar, on fabrique n'importe quoi n'importe comment, toute l'économie s'effondre, et c'est la mort programmée du communisme et de l'URSS. On en est donc revenu au marché, car le client final par son acte d'achat le régule. Mais on n'a pas poussé l'étude suffisamment loin à ce stade, et surtout on n'a pas conclu quand à une possible amélioration du système de production. Or le « Manifeste pour un socialisme nouveau » est clair et net: « Délaissant un rapport purement critique pour miser désormais aussi sur les apports positifs de l'économie de marché, conscient que l'on ne peut redistribuer que ce qui est produit, nous pensons également que le socialisme doit être attentif aux conditions de la création de richesses. »
Il y a donc à ce niveau une inégalité à résoudre: toutes les personnes disposant de l'idée d'un produit innovant à produire respectant les critères écologiques doit pouvoir la présenter devant un jury composé d'innovateurs ayant réussi à passer l'épreuve afin d'obtenir suffisamment de capital risque pour tenter l'aventure industrielle, et ainsi renouveler et augmenter la production de richesses.
On passe alors du concept statique marxiste à une dynamique permettant avec le temps, d'obtenir toute la richesse nécessaire, ce qui est en accord total avec le réformisme. Plus SD, on ne trouve pas. :-)
By jpbb, at 9:32 AM
Chère VAL, faire de la politique, accéder au pouvoir, est-ce se prendre pour Dieu... ou pour le Diable? Ce que je sais, car je l'ai observé directement, c'est que la politique favorise des comportements pathologiques. J'ai connu des individus normaux, intelligents, moralement corrects, se transformer complétement en adhérant à un parti, devenir soumis, manipulateurs, stupides.
Je ne serai pas loin d'affirmer que la politique rend fou (mais ça se soigne!). Ce sera d'ailleurs l'un des thèmes que j'exposerai demain lors d'une conférence à l'Ecole d'infirmières dans l'hôpital de St Quentin, sur le thème "Raison et folie".
By Emmanuel Mousset, at 12:37 PM
Cher MD, pour moi, oui, il est possible, souhaitable et nécessaire d'amener le plus fort pourcentage d'une classe d'âge au meilleur niveau de culture générale. Après, chacun est libre de se spécialiser selon ses goûts, ses capacités, ses objectifs. Je ne comprends pas que certains enseignants de gauche puissent mettre en cause un objectif qui est l'ambition de toujours de la République.
By Emmanuel Mousset, at 12:41 PM
Moi je crois qu'il faudrait surtout laisser tomber ces étiquettes puériles "droite" (méchants pas beaux) et "gauche" (gentils bisounours contre l'injustice dans le monde).
Tant mieux si les gens de "gauche" réalisent enfin que le libéralisme sur lequel ils ont tant craché (DSK compris), ce n'est pas le diable en personne.
Moi je ne vous avais pas attendu (voir mon site).
By Anonyme, at 2:06 PM
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