Public, privé.
Pour en revenir au livre de Luc Ferry que je vous ai résumé ce matin, je ne commenterai pas les constats (sur lesquels tout le monde peut s'accorder) mais les jugements.
La politisation de la vie privée est-elle une bonne chose? Lorsque Jacques Chirac, il y a quelques années, annonçait que ses trois grands chantiers nationaux étaient la sécurité routière, la lutte contre le cancer et l'insertion des handicapés, c'était tout à fait inhabituel pour un chef de l'Etat, dont les priorités sont traditionnellement la place de la France dans le monde, la prospérité économique ou la justice sociale. La sécurité routière revient normalement aux policiers, la lutte contre le cancer aux chercheurs et aux médecins, l'insertion des handicapés aux assistantes sociales ou aux inspecteurs du travail, pas à l'action directe et prioritaire du premier magistrat du pays.
Je ne trouve pas scandaleux qu'un chef de l'Etat prenne en charge, avec la politique étrangère, la politique économique et la politique sociale, la politique des transports, de la santé et de l'intégration. Seulement, nous le transformons en super chef d'Etat, et c'est ce qui est en train de se passer avec Nicolas Sarkozy. Au-delà de la dimension psychologique et quasi pathologique de son hyperactivité, il y a une évolution politique majeure et profonde du rôle attribué au président de la République dans nos institutions. Le problème, qu'on pose généralement en terme de droit constitutionnel, doit surtout être posé en terme de sociologie. C'est l'évolution de la société, décrite par Ferry, qui conduit à cette métamorphose du pouvoir suprême.
Ce qui me gêne, c'est qu'à la politisation de la vie privée (la lutte contre le cancer devient un objectif politique) correspond parallèlement une privatisation de la vie politique. Et là, je ne suis plus d'accord parce que je ne vois rien de positif dans cette dérive à laquelle les magazines donnent un autre nom, la "peopolisation" du politique. Dans Paris-Match de cette semaine, un journaliste demande à Ségolène Royal ce qu'elle pense des photos de son ex-compagnon avec sa nouvelle compagne. Qu'est-ce que la question apporte à la vie politique? Rien.
Luc Ferry aborde le premier mouvement (la politisation du privé) et oublie d'en tracer les limites (un hyper chef à la tête de l'Etat, est-ce tenable?). Surtout, il ne parle pas de la dérive inverse (et consécutive?), la privatisation du politique. Voilà mon premier point de désaccord avec sa thèse, par ailleurs pertinente quant au diagnostic. Je continuerai un peu plus tard de vous exposer les autres désaccords, plus forts.
Bon après-midi.
La politisation de la vie privée est-elle une bonne chose? Lorsque Jacques Chirac, il y a quelques années, annonçait que ses trois grands chantiers nationaux étaient la sécurité routière, la lutte contre le cancer et l'insertion des handicapés, c'était tout à fait inhabituel pour un chef de l'Etat, dont les priorités sont traditionnellement la place de la France dans le monde, la prospérité économique ou la justice sociale. La sécurité routière revient normalement aux policiers, la lutte contre le cancer aux chercheurs et aux médecins, l'insertion des handicapés aux assistantes sociales ou aux inspecteurs du travail, pas à l'action directe et prioritaire du premier magistrat du pays.
Je ne trouve pas scandaleux qu'un chef de l'Etat prenne en charge, avec la politique étrangère, la politique économique et la politique sociale, la politique des transports, de la santé et de l'intégration. Seulement, nous le transformons en super chef d'Etat, et c'est ce qui est en train de se passer avec Nicolas Sarkozy. Au-delà de la dimension psychologique et quasi pathologique de son hyperactivité, il y a une évolution politique majeure et profonde du rôle attribué au président de la République dans nos institutions. Le problème, qu'on pose généralement en terme de droit constitutionnel, doit surtout être posé en terme de sociologie. C'est l'évolution de la société, décrite par Ferry, qui conduit à cette métamorphose du pouvoir suprême.
Ce qui me gêne, c'est qu'à la politisation de la vie privée (la lutte contre le cancer devient un objectif politique) correspond parallèlement une privatisation de la vie politique. Et là, je ne suis plus d'accord parce que je ne vois rien de positif dans cette dérive à laquelle les magazines donnent un autre nom, la "peopolisation" du politique. Dans Paris-Match de cette semaine, un journaliste demande à Ségolène Royal ce qu'elle pense des photos de son ex-compagnon avec sa nouvelle compagne. Qu'est-ce que la question apporte à la vie politique? Rien.
Luc Ferry aborde le premier mouvement (la politisation du privé) et oublie d'en tracer les limites (un hyper chef à la tête de l'Etat, est-ce tenable?). Surtout, il ne parle pas de la dérive inverse (et consécutive?), la privatisation du politique. Voilà mon premier point de désaccord avec sa thèse, par ailleurs pertinente quant au diagnostic. Je continuerai un peu plus tard de vous exposer les autres désaccords, plus forts.
Bon après-midi.
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