Vive la famille?

Bonjour à toutes et à tous.

Je vais vous entretenir ce week-end du dernier ouvrage de Luc Ferry, Familles je vous aime, paru cette année aux éditions XO. Le titre est un peu bêbête, le contenu vaut beaucoup mieux. Les deux premières chapitres reprennent des idées connues de Ferry: les deux dernières siècles sont ceux de la "déconstruction" de toutes les valeurs, religieuses, morales, politiques. Résultat aujourd'hui: personne ne croit plus en rien. Problème: l'homme a besoin de croire en quelque chose. Question: quelle peut être la nouvelle croyance ou valeur de notre temps? Réponse: la famille. Je vous conseille la lecture du chapitre III ("le sacre de l'intimité ou la naissance d'un nouvel humanisme"), qui contient le coeur de la thèse de Ferry, dont je ne partage pas, loin de là, toutes les propositions, mais qu'il m'a semblé intéressant en ce week-end de soumettre à votre réflexion.

Luc Ferry nous montre que l'époque moderne voit le renforcement des liens familiaux (p.98). Jadis, on fondait une famille par intérêt, aujourd'hui par amour (p.103). La famille moderne a inventé également l'intimité, autrefois tous vivaient dans la même pièce (p.106-107). Il y a donc un lien fort entre famille et individualisme, qui explique que notre société apprécie à la fois la vie familiale et l'individualisme. De plus, la famille, dans un univers de mondialisation et de marchandisation, est devenue le lieu précieux et concret de la solidarité (p.95). Enfin, et je crois que c'est l'idée la plus forte de Ferry, la vie privée ne s'oppose plus à la vie publique mais l'une s'élève à l'autre. Je cite:

"La sphère privée devient sous nos yeux la grande affaire publique de demain. Loin d'être singuliers ou isolés, les problèmes de l'individu tendent vers l'universel. Pour le dire simplement, nous avons à peu de chose près les mêmes soucis, les mêmes joies et les mêmes difficultés face aux aléas de l'existence, de sorte que ce que nous croyons naïvement appartenir à la logique individuelle est en vérité éminemment public et collectif" (p.96).

La nouvelle et grande révolution de notre temps, c'est "la révolution de la vie privée" (p202), qu'on pourrait regretter (repli sur soi, déclin de l'engagement public, etc) mais dont Ferry se réjouit, car elle annonce selon lui l'apparition d'un "nouvel humanisme".

Voilà ce que pense Ferry, qui me semble important mais discutable. Je vous en reparle dans la journée.


Bonne matinée.