L'état de la gauche.
Le Nouvel Observateur paru aujourd'hui donne un tableau du PS pas très reluisant, en s'appuyant sur un sondage qui montre que nous sommes très mal en point. Pas besoin d'ailleurs d'un sondage pour cela, il suffit de voir ce qui se passe dans bien des fédérations et des sections. La rénovation tarde à se faire, c'est le moins qu'on puisse dire. Elle ne se fera pas avant les municipales, elle ne pourra pas se faire avant, le délai est trop court, les préoccupations de boutique (les places sur les listes) monopolisent trop les énergies. Les choses sérieuses commenceront après, dans la préparation du congrès et la constitution d'une majorité. C'est là où tout se décidera, entre les traditionnalistes et les rénovateurs, c'est à ce moment que dans chaque fédération, les alliances se noueront. Et là, nous verrons bien qui fait quoi et qui est avec qui.
Les municipales, c'est du petit jeu, la rétribution des vanités et des fidélités de courant. Sarkozy, sauf grosse bourde d'ici mars, est encore trop puissant et trop malin pour être déstabilisé lors des municipales. Le vrai combat viendra après, quand le PS sera en ordre de marche. On ne gagne pas en rangs dispersés, sans projet. Avec le congrès, la grande clarification viendra, et nous serons alors d'attaque. Pas maintenant. Les européennes de 2009 et les cantonales de 2010 seront les vrais rendez-vous de la gauche, ses retrouvailles avec l'opinion.
J'ai acheté le bouquin de Ségolène, "Ma plus belle histoire, c'est vous". Elle n'a pas changé (personne ne change, moi le premier). Quelle idée de donner comme titre une formule qui rappelle une chanson de Barbara! L'amour ne figure pas, mais on ne peut pas ne pas y songer. S'il y a un sentiment qui me semble étranger à la politique, c'est l'amour. La politique, c'est une histoire de volonté, pas d'amour. D'ailleurs, l'amour, je ne sais pas trop ce que ça signifie. C'est un sentiment d'ordre privé, qui n'a pas sa place dans l'action publique. La volonté, je sais en revanche ce que c'est. Mais on retrouve dans ce titre la marque de fabrique de Ségolène, ce qui me déroute tant chez elle, cette approche sentimentale de la politique, ce que mon camarade guisard (salut Thierry!) appelle la "life politic".
On retrouve cette inspiration dans sa demande, pour l'avenir et une éventuelle campagne présidentielle, d'un "compagnon amoureux" qui la soutienne. Et aussi dans cette également étrange façon de considérer Bayrou, lors d'une tentative de rencontre nocturne qui a échoué, comme un amoureux inquiet craignant la "panne". Ségolène a ceci de particulier qu'elle ramène, consciemment ou non, la politique à l'intime. Ce n'est pas mon truc, c'est étranger à ma personne et à ma culture, mais je dois bien reconnaitre que ce qui a fait, et ce qui fait encore la popularité de Ségolène, c'est cette nouvelle vision de la politique. Car l'un des enseignements du sondage du Nouvel Obs, dont je vous parlais au début, c'est que Ségolène Royal reste la personnalité socialiste la plus populaire. Le phénomène Ségo se poursuit, on ne peut pas l'ignorer, foi de strauss-kahnien!
Sur le fond (mais je n'ai pas encore lu son ouvrage, je commente ce qu'en a retenu la presse), j'ai un point de désaccord et un point d'accord:
1- Mettre la défaite sur le dos de ses camarades, ce n'est pas bien. En politique, on gagne ensemble, on perd ensemble. Pas de bouc émissaire. Celui qui est le premier, au niveau national comme au niveau local, doit avoir la lucidité et l'humilité de reconnaitre ses erreurs. Mais pas de chasse à l'homme ... ou à la femme.
2- Le rapprochement avec Bayrou, oui, Ségolène a posé une question tabou dont la réponse est portant une des clés de la rénovation.
Bon après-midi.
Les municipales, c'est du petit jeu, la rétribution des vanités et des fidélités de courant. Sarkozy, sauf grosse bourde d'ici mars, est encore trop puissant et trop malin pour être déstabilisé lors des municipales. Le vrai combat viendra après, quand le PS sera en ordre de marche. On ne gagne pas en rangs dispersés, sans projet. Avec le congrès, la grande clarification viendra, et nous serons alors d'attaque. Pas maintenant. Les européennes de 2009 et les cantonales de 2010 seront les vrais rendez-vous de la gauche, ses retrouvailles avec l'opinion.
J'ai acheté le bouquin de Ségolène, "Ma plus belle histoire, c'est vous". Elle n'a pas changé (personne ne change, moi le premier). Quelle idée de donner comme titre une formule qui rappelle une chanson de Barbara! L'amour ne figure pas, mais on ne peut pas ne pas y songer. S'il y a un sentiment qui me semble étranger à la politique, c'est l'amour. La politique, c'est une histoire de volonté, pas d'amour. D'ailleurs, l'amour, je ne sais pas trop ce que ça signifie. C'est un sentiment d'ordre privé, qui n'a pas sa place dans l'action publique. La volonté, je sais en revanche ce que c'est. Mais on retrouve dans ce titre la marque de fabrique de Ségolène, ce qui me déroute tant chez elle, cette approche sentimentale de la politique, ce que mon camarade guisard (salut Thierry!) appelle la "life politic".
On retrouve cette inspiration dans sa demande, pour l'avenir et une éventuelle campagne présidentielle, d'un "compagnon amoureux" qui la soutienne. Et aussi dans cette également étrange façon de considérer Bayrou, lors d'une tentative de rencontre nocturne qui a échoué, comme un amoureux inquiet craignant la "panne". Ségolène a ceci de particulier qu'elle ramène, consciemment ou non, la politique à l'intime. Ce n'est pas mon truc, c'est étranger à ma personne et à ma culture, mais je dois bien reconnaitre que ce qui a fait, et ce qui fait encore la popularité de Ségolène, c'est cette nouvelle vision de la politique. Car l'un des enseignements du sondage du Nouvel Obs, dont je vous parlais au début, c'est que Ségolène Royal reste la personnalité socialiste la plus populaire. Le phénomène Ségo se poursuit, on ne peut pas l'ignorer, foi de strauss-kahnien!
Sur le fond (mais je n'ai pas encore lu son ouvrage, je commente ce qu'en a retenu la presse), j'ai un point de désaccord et un point d'accord:
1- Mettre la défaite sur le dos de ses camarades, ce n'est pas bien. En politique, on gagne ensemble, on perd ensemble. Pas de bouc émissaire. Celui qui est le premier, au niveau national comme au niveau local, doit avoir la lucidité et l'humilité de reconnaitre ses erreurs. Mais pas de chasse à l'homme ... ou à la femme.
2- Le rapprochement avec Bayrou, oui, Ségolène a posé une question tabou dont la réponse est portant une des clés de la rénovation.
Bon après-midi.
4 Comments:
pas d'accord, l'amour est le sentiment le plus altruiste qui existe. VAL
By Anonyme, at 1:00 PM
D'accord avec toi, mais l'amour en politique, ça n'existe pas. Ou bien alors, l'amour vache ...
By Emmanuel Mousset, at 1:27 PM
Salut Emmanuel !
Puisque tu parles de moi, un petit rectificatif sur l’expression ‘life politics’ : ce n’est pas moi qui ai inventé l’expression et je suppose qu’elle est issue des « années Blair ». La ‘life politics’, ce n’est pas une « approche sentimentale » de la politique, mais une approche ‘terre-à-terre’ de la politique. Il s’agit de partir des problèmes de la vie quotidienne (précarité du travail, insécurité, pouvoir d’achat, …) pour comprendre les besoins en politique économique, sociale… et environnementale.
D’ailleurs ça rappelle l’approche «inductive» pratiquée par des enseignants, qui consiste à partir de l’étude d’un cas particulier, pour comprendre le cas « général ».
Mais il y a une dérive possible de la ‘life politics’. C’est la ‘sarkozite’ : le vote de mesurettes après chaque fait divers.
Concernant les responsabilités de la défaite : en tant que libertaire, je n’aime pas trop les culpabilisations. Les erreurs sont forcément de tous les côtés : 3895 points partout, la balle au centre (sans jeu de mots !).
Concernant la volonté d’alliance avec Bayrou pendant la campagne, ce fut une initiative plus pragmatique qu’idéologique : Ségolène avait besoin des électeurs de Bayrou, pas de ses idées ! Car les divergences sont nombreuses : Bayrou reste pro-nucléaire, non libertaire et libéral (dans le sens : désengagement de l’état) ; contrairemnt à beaucoup de socialistes égarés, je ne le confondrai pas avec les « soc-dem ».
Et puis, accessoirement, Bayrou ne s’alliera qu’avec les partis qui accepteront de s’effacer devant lui.
Amicalement
Thierry de Guise
By Anonyme, at 7:50 PM
Merci Thierry pour tes précisions, avec lesquelles je suis en accord parfait.
Pour ton information, je serai demain (samedi 08 décembre) à Guise, à 17h30, au Centre social, pour un café philo sur le thème: "les religions sont-elles une menace pour la laïcité?". Ce n'est pas moi qui anime mais un collègue, prof de philo, de Guise.
Je t'informe aussi que le samedi 17 mai 2008, j'organise à Guise (ville de l'utopie!) une commémoration vivante et festive des 40 ans de Mai 1968. Si tu as des idées, une envie et une possibilité de participer, tu seras le bienvenu et j'attends tes suggestions.
By Emmanuel Mousset, at 11:30 PM
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