L'Aisne avec DSK

01 janvier 2008

L'homme de l'année.

La presse aime bien, en ce début d'année, désigner l'homme de l'année qui vient de s'achever. Je me souviens, en 2004, l'homme de l'année, pour Le Point, c'était ... François Hollande. En 2005, l'homme de l'année, n'était-ce pas Laurent Fabius, grand vainqueur du référendum sur l'Europe? Voyez ensuite ce qu'ils sont devenus l'un et l'autre, surtout l'autre. Méfions-nous de l'homme de l'année, il n'y reste souvent qu'une année, et c'est insuffisant pour qui veut gagner en politique. En 2007, pour moi, l'homme de l'année, ce sera qui? DSK, bien sûr! Un français à la tête de l'illustre FMI, chargé de mettre en place une politique financière dans le cadre de la mondialisation, voilà qui mérite bien le titre d'homme de l'année, non?

Mais je ne veux pas vous parler de la scène nationale. C'est le local qui m'intéresse cet après-midi. Car à Saint-Quentin, Le Courrier Picard a invité ses lecteurs à désigner l'homme de l'année pour la ville. Arrive en 4ème position (sur 10 candidats) mon ami Karim Saïdi, et c'est de lui dont je veux vous parler. D'autant que L'Aisne Nouvelle, elle aussi, le présente comme la personnalité "qui monte" dans la vie associative, un des 10 qui compte à Saint-Quentin. Je suis heureux de vous en parler parce que, pour une fois, un socialiste est mis en avant dans la presse et se fait connaitre pour des raisons positives. Heureux et fier, car Karim prouve qu'un homme de gauche peut mener une vie associative active sans être mêlée aux disputes de son parti. Je me demande même si je ne devrais pas suivre son exemple.

Avec Karim, nos chemins se sont croisés puis ont été très parallèles sans se superposer nécessairement. Lui prof à Condorcet, moi prof à Henri Martin, lui au SNES, moi au SE-UNSA. La première action commune, c'était il y a 5 ou 6 ans, nous avions été reçus par le sous-préfet, avec d'autres responsables de syndicats enseignants, pour évoquer le problème de la suppression des emplois aidés dans l'Education nationale (déjà!). Après, j'ai retrouvé Karim au PS, lui plutôt NPS, moi bien sûr strauss-kahnien. Mais j'ai toujours apprécié chez lui son ouverture d'esprit, son refus du sectarisme. Il est devenu ensuite l'animateur à Saint-Quentin de la campagne de Ségolène Royal, puis a pris ses distances, du moins je le ressens ainsi, avec la section. Comment le lui reprocher? Vous en connaissez beaucoup qui accepteraient de glisser la main dans un panier de crabes? Moi ça va, j'ai un gant de fer... Je ne me permettrai pas de l'enrôler sous une quelconque bannière, mais c'est incontestablement un rénovateur.

Mais ce que j'apprécie surtout en lui, et c'est ce qui lui vaut les honneurs de la presse locale en cette fin d'année, c'est son engagement associatif. Des gens qui font et qui ne se contentent pas de causer, je n'en connais pas des masses, surtout à gauche. A droite, c'est différent, ils ont le pouvoir, ça suscite un peu plus facilement les vocations. Donc Karim est un militant associatif, un vrai, très présent, capable de mettre en place des projets. Je ne serai pas exhaustif, que Karim me pardonne, je retiendrai ce qui m'a marqué dans son action, qui tourne autour d'une idée, presque chez lui une obsession: la lutte contre les discriminations. Il en a d'abord parlé en historien qu'il n'est pas initialement puisque c'est un prof d'éco-gestion. Mais il l'a fait admirablement dans un ouvrage qui renvoie aussi à son histoire personnelle, à ses origines: le peuple kabyle, le destin de l'Algérie, la lutte pour l'indépendance. Là encore, là surtout, ce qui me frappe chez Karim, c'est l'absence de parti pris. Il analyse, il cherche à comprendre, il nourrit son action présente de la méditation du passé. C'est fondamentalement un modéré très engagé, ce qui n'est pas contradictoire.

Je l'ai invité à faire une conférence dans le cadre de mon association Rencontre Citoy'Aisne, il m'a invité à une animation commune dans son lycée, à propos du colonialisme. De ce point de vue, il a la même conception que moi du partenariat (et sans doute les mêmes difficultés à affronter, les mêmes critiques à subir: mais c'est la rançon de l'action publique!). Il a lancé une association très active, "Devoir de Mémoire", a contribué à mettre en place une charte pour l'intégration dans les entreprises, à l'occasion de laquelle il a fait venir Azouz Begag, ministre de l'intégration, durant l'été 206. Je m'en souviens, j'étais là, c'était en pleines vacances d'été, période où il n'est pas facile de mobiliser. Et puis, Karim est devenu, en 2007, le correspondant de la HALDE, haute autorité chargée de traiter des discriminations, une sorte de consécration bien méritée.


Bonne année, l'homme de l'année!

2 Comments:

  • Pour "El mundo", l'homme de l'année 2007 est Sarkosy...

    C'est triste...

    By Anonymous Anonyme, at 12:06 PM  

  • Pour je ne sais plus quel magazine américain (Time?), c'est ... Poutine. En vérité, l'homme de l'année n'existe pas!

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 2:59 PM  

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