L'Aisne avec DSK

31 décembre 2007

L'image de la France.

Bonjour à toutes et à tous.

A quelques heures de la traditionnelle allocution télévisée du président de la République, je veux revenir sur l'image que Nicolas Sarkozy donne de la France au monde. Rappeler d'abord que faire de la politique, c'est être en représentation, d'un électorat qui vous mandate, d'une population qui vous accepte, de convictions qui justifient votre action. La représentation, c'est la preuve qu'on ne fait pas de la politique pour soi mais pour les autres. Ce n'est pas un vague et superficiel protocole, c'est un principe politique. De ce point de vue, un responsable politique, et encore plus le chef de l'Etat, n'est pas un citoyen comme un autre. Il a des devoirs d'Etat, des exigences de représentation.

Ce préambule me permet de reparler de l'équipée (sauvage!) de Sarkozy à Rome, flanqué de Jean-Marie Bigard, Guy Gilbert et Max Gallo. On a rigolé de ce barnum circus, un comique du genre pipi caca, un curé blouson noir et un ancien socialiste converti au catholicisme. Quand je vous disais, il y a quelques jours, que Sarkozy et Carla en lunettes noires sous le soleil d'Egypte semblaient sortir tout droit d'un film de Jean-Pierre Mocky, j'ai la même impression avec l'échappée au Vatican.

Soyons clairs: j'apprécie Bigard, que j'aimerais voir en spectacle, je ris en écoutant ses sketches; Guy Gilbert a une forte parole, des convictions solides et une action sociale utile; Max Gallo est un auteur dont j'apprécie les ouvrages de vulgarisation (j'ai été passionné par sa vie de Napoléon). Je ne porte donc pas de jugement sur ces trois personnes, et si j'avais à le faire, ce serait un jugement positif. Mais la question n'est pas là. Elle est dans l'utilisation que Sarkozy fait de ces trois personnes, de l'image qu'elles ont auprès du public, de l'image qu'elles donnent de la France en acceptant l'invitation du chef de l'Etat. Car la représentation, c'est une affaire d'image.

Or, la constitution de la délégation française auprès du pape était, au sens propre du terme, "déplacée", pour quatre raisons:

1- Le choix des trois "personnalités" était manifestement commandé par leur influence médiatique. Si Guy Gilbert a été retenu, c'est moins pour ce qu'il fait (ils sont nombreux à le faire) que pour son profil très médiatique. Je ne pense pas qu'il soit bon, juste et utile que le pouvoir politique se soumette à la logique des médias, que je respecte, qui a sa raison d'être mais qu'il ne faut pas mêler aux affaires de l'Etat.

2- Bigard l'a dit, Gilbert aussi: Sarkozy, c'est un "pote", et c'est aussi pour ça, l'amitié, qu'ils se sont trouvés du voyage. Non, la République, ce n'est pas une bande de "copains" qui se retrouvent pour une virée, même vaticane. Et c'est vrai à tous les étages de la République, y compris quand on constitue une liste municipale (suivez mon regard ...).

3- Sarkozy n'a pas fait une visite privée. Il est reçu en tant que chef d'Etat, sa délégation est en représentation, ses "invités" portent l'image de la France. Autant les blagues au ras des couilles de Bigard me font bien marrer devant ma télé, autant je suis gêné de le voir associé au pouvoir, dans un rôle de représentation, auprès de la papauté. Le grotesque de la situation n'a échappé à personne, sauf à Sarkozy, manifestement.

4- Nos trois Pieds Nickelés sont connus, et même populaires en France. Mais à l'étranger, ils ne disent rien à personne. Leur présence ne parle qu'aux français. N'est-ce pas là l'image d'un pays qui a renoncé à s'adresser au monde, à se faire entendre et comprendre par lui? N'y a-t-il plus en France un scientifique de renom, un écrivain illustre, un artiste de génie, un philosophe d'envergure, un explorateur remarquable, pour que le président de la République s'entoure de Bigard, Gilbert et Gallo?


Bonne dernière journée 2007.