Ce soir ou jamais.

Bonjour à toutes et à tous.

L'Union, sous la plume de Bernard Dordonne et Graziella Basile, a réagi hier au vote socialiste de jeudi par un article intitulé sobrement: "La liste de Jean-Pierre Lançon rejetée par la section du PS." Jean-Louis Cabanes, notre secrétaire de section, s'exprime avec une grande clarté sur l'état de la situation, les intentions des socialistes rénovateurs majoritaires et les perspectives d'avenir. Je résume en trois points notre démarche ("notre", c'est-à-dire celle des socialistes rénovateurs qui l'ont fortement emporté jeudi soir):

1- Nous sommes des socialistes, soucieux de défendre avant tout l'identité politique et les intérêts électoraux du Parti socialiste. L'union à gauche, en conformité avec nos accords fédéraux et notre histoire, oui. L'union à l'extrême gauche, en pleine incohérence et confusion politique, non. C'est pourquoi nous rejetons le protocole d'accord proposé par une organisation d'extrême gauche et soutenu par toutes les organisations d'extrême gauche.

2- Nous sommes des légalistes. Une tête de liste a été désignée, nous la reconnaissons et ne la remettons pas en question, même si nous avions envisagé une autre stratégie, la candidature unanime. Nous avions la capacité à présenter une autre liste, en dehors du Parti socialiste. Un espace politique s'offrait à nous, le cours des événements pouvait justifier politiquement cette démarche. Nous ne l'avons pas fait, par respect envers les règles du Parti. J'ajouterais aussi qu'aucun d'entre nous n'a rejoint la liste de Pierre André, en dépit de sa stratégie d'ouverture.

3- Nous sommes des réalistes. La situation actuelle du PS local est intolérable, il faut faire quelque chose. Jeudi soir, nous avons gagné, fortement gagné, doublement gagné, en écartant le protocole d'accord avec l'extrême gauche, en refusant la liste proposée parce qu'elle découlait de ce protocole d'accord. Que faire d'une double victoire? En rester là, regarder le PS se déliter, laisser notre avenir se compromettre? Non, s'opposer ne suffit pas, il faut proposer. Conformément à nos statuts et à nos engagements, nous avons donc constitué une liste alternative qui sera ce soir soumise au vote de la section. C'est une liste de compromis, de cohérence et d'avenir. C'est ce soir ou jamais.

Ces trois points, ils n'ont pas été acceptés facilement. Sur le deuxième surtout, je n'étais pas chaud. Se rallier à une tête de liste que je conteste politiquement parce qu'elle est minoritaire et ne peut donc pas rassembler, ce n'est pas évident pour moi. J'ai tendance à penser qu'il faut toujours aller au bout de ses idées, et obliger chacun à prendre ses responsabilités. Là-dessus, j'étais plutôt enclin à laisser cette tête de liste et son courant assumer les conséquences et le résultat de leurs choix politiques, en toute clarté. Jean-Louis Cabanes a joué un rôle important et salutaire dans l'évolution de la réflexion collective (et de ma réflexion personnelle!). Il a su convaincre qu'il ne servait à rien de revenir en arrière ou de se projeter trop en avant, de regretter ce qui s'est fait ou bâtir des hypothèses fragiles quant à l'avenir. Ce qui compte, c'est le présent et savoir ce qu'on en fait quand on a la force avec soi et le sens des responsabilités.

De mon côté, un autre facteur a joué: l'insistance de notre fédération et de son premier secrétaire fédéral à vouloir l'union des socialistes saint-quentinois, et les paroles particulièrement persuasives de la présidente de la commission fédérale chargée des élections.

J'en reviens à Jean-Louis et au rôle majeur et positif qu'il a tenu ces dernières semaines, alors qu'il n'a plus grand chose personnellement à y gagner. Je ne l'ai pas toujours eu dans mon coeur, nous avons été par le passé en conflit sévère et je le considérais trop subordonné à notre ancienne députée. J'avoue avoir été surpris par son sens politique, j'ai découvert qu'il pouvait exister par lui même, faire preuve d'une autorité naturelle, analyser avec perspicacité une situation et nous conduire collectivement vers un objectif, c'est-à-dire les principales qualités qu'on demande à un homme politique. De plus, il est resté jusqu'au bout, après 7 années d'opposition, à faire face à Pierre André au conseil municipal, dans des conditions difficiles. Et si c'avait été lui notre meilleure tête de liste? Pas moi, pas Stéphane, bien sûr pas Jean-Pierre, mais Jean-Louis? Bon, j'ai dit qu'il ne fallait pas refaire l'histoire, je ne vais pas me contredire. Mais j'ai cette pensée, donc je vous la livre, comme à mon habitude ...

Les dés sont jetés, ils retomberont ce soir et nous saurons. Mais ce sera ce soir ou jamais.


Bonne matinée.