L'Aisne avec DSK

03 février 2008

Les damnés de la caisse.

Debout, les damnés de la terre,
Debout, les forçats de la faim...

L'Internationale


J'ai suivi de près le mouvement de grève dans les grandes surfaces vendredi. Le taux de participation a été fort. Le prolétariat moderne est peut-être là, dans nos sociétés, mais en même temps très différent du prolétariat industriel d'autrefois: les caissières et les employés de la grande distribution, y compris les vendeurs, chefs de rayon, administratifs. Les damnés de la caisse ont remplacé les damnés de la terre. Je n'exagère pas. Le paysan jadis était méprisé (les "bouseux") comme aujourd'hui la caissière de chez Auchan ou Cora, symbole de petit salaire et d'échec social pour beaucoup. Et pourtant il en faut, comme il fallait autrefois, et encore maintenant, de paysans.

A la différence de l'ouvrier enfermé dans son usine, la caissière est devant nous, son exploitation est visible, la dureté de son travail est évidente. Parfois, le client participe à cette dureté, par ses exigences, ses remarques, son impatience. Il y a en France 636000 salariés dans la grande distribution, 61% de femmes, 37% de temps partiel. Les caissières, on leur a donné un autre nom, comme dans les avions: hôtesse de caisse. Ca fait plus chic. Je me méfie des mots nouveaux, surtout quand ils sont jolis. Ils cachent parfois des réalités anciennes et plutôt laides. En l'occurrence celles-ci:

1- Les caissières et personnels des supermarchés ont des rémunérations très basses et très peu de formation.

2- A contrario, les profits de la grande distribution, exploitant l'hyperconsommation, sont colossaux.

3- Les conditions de travail sont très médiocres. La caissière est à la chaîne, même si ce sont des produits et des personnes qui défilent devant elle. Le stress est constant. J'ai travaillé quelques semaines, en 1985-1986, au guichet d'une Poste dans la banlieue parisienne. C'est pareil, exténuant.

4- Pas bien payées, pas de bonnes conditions de travail, et en plus un emploi incertain, depuis que se développent les caisses automatiques.

5- La goutte d'eau, ou plutôt de vinaigre: l'obligation du travail dominical.

Bref, vous mêlez tout ça, vous vous souvenez que Nicolas Sarkozy avait dit qu'il serait "le président du pouvoir d'achat", vous voyez toujours rien venir, sinon de travailler encore plus, d'être encore plus stressées, et ça donne le mouvement de vendredi.

Si vous voulez en savoir plus sur la vie d'une caissière de grande surface en 2008, je vous invite à aller faire un tour sur un blog formidable: caissierenofutur.over-blog.com


Bon dimanche.

2 Comments:

  • J'ai toujours en face de moi un être humain quand je fais mes course au supermarché.

    By Blogger jpbb, at 4:01 PM  

  • C'est parce que tu es toi même un être humain dans ce face-à-face. Mais combien le sont réellement?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:05 PM  

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