Michèle n'est plus communiste.

Dans L'Aisne Nouvelle de jeudi, j'apprends que Michèle Cahu, vice-présidente du Conseil régional de Picardie, quitte le PCF. Michèle! Je la connais depuis un peu moins de 10 ans. Au début, elle n'était pas adhérente au PC, mais très attirée. Nous nous sommes rencontrés dans le comité saint-quentinois contre le racisme, fondé à la fin des années 1990 pour dénoncer l'alliance entre Charles Baur, alors président du Conseil régional, et l'extrême droite. Le socialiste dissident Yves Mennesson en était le premier responsable. Après une fâcherie avec les communistes, majoritaires dans ce comité, c'est Michèle Cahu qui l'a remplacé, poussée par le PC, selon la bonne vieille stratégie des "compagnons de route".

Michèle a commencé alors une rapide ascension. De sympathisante, elle est devenue adhérente, avec un bon profil pour les communistes: infirmière intello, sachant gérer une réunion et prendre la parole. A tel point qu'elle est devenue très vite ... premier secrétaire fédéral, c'est-à-dire n°1 du PCF dans le département. Ces promotions trop rapides ne sont jamais bonnes. Vite monté, vite descendu! Elle était au sommet de l'appareil départemental mais n'avait pas la "culture d'appareil". Le comité contre le racisme a disparu, Michèle est réapparue en conseillère régionale en 2004, vice-présidente chargée de la coopération et de l'Europe, en pleine lune de miel entre le patron des communistes picards, Gremetz, et celui des socialistes, Gewerc. Les lunes de miel ne sont pas faites pour durer. Michèle a choisi le parti de Marie-Georges Buffet et des rénovateurs communistes, tandis que Maxime Gremetz optait pour le parti de ... Maxime Gremetz et des refondateurs orthodoxes, soutenus à Saint-Quentin par Jean-Luc Tournay et Corinne Bécourt.

Douloureuse rupture, étrange paradoxe, mais tellement fréquents en politique: Michèle a été portée au pouvoir par ceux qui se retourneraient ensuite violemment contre elle. Du coup, elle s'est séparée d'un groupe communiste au Conseil régional qui a complétement explosé puiqu'il s'est divisé en trois nouveaux groupes. Le déclin idéologique favorise la dégénérescence politique. Conséquence ultime: Michèle quitte aujourd'hui le PCF. Elle aura été communiste de carte environ 8 ans. C'est peu dans une vie. Elle redevient celle que j'ai connue il y a 10 ans, une femme de gauche: "J'ai fait un cheminement, aujourd'hui j'ai donc abandonné cette idéologie", dit-elle à L'Aisne Nouvelle. Dans une liste de gauche telle que je la concevais, Michèle aurait eu toute sa place, incarnant l'aile moderne du communisme. Mais la vie n'est pas finie, ni la sienne, ni la mienne, et l'histoire continue...

A très bientôt Michèle.