L'Aisne est morte, vive l'Aisne!
Yves Daudigny, président socialiste du Conseil général de l'Aisne, a réagi la semaine dernière à la proposition de Jacques Attali de supprimer dans les 10 ans les départements. Il y a quelques jours, sur ce blog, j'ai lancé le débat: pour ou contre la suppression du département? Yves est contre ... évidemment. C'est un peu comme si vous demandiez au prof de philo de lycée que je suis si j'approuve la suppression de la philo dans les lycées: je vais répondre que non ... évidemment. Ceci dit, il est intéressant d'écouter les arguments d'Yves, qui invitent les partisans de la suppression du département, dont je suis plutôt, à réfléchir. Ces arguments sont de trois ordres:
1- Les compétences. Le Conseil général de l'Aisne entretient 5500 km de routes, a sous sa tutelle 1300 collégiens, s'occupe des personnes handicapées, des personnes âgées (APA) , des personnes en difficulté sociale (RMI), met en place l'ADSL, les transports à la demande, aide les commerçants avec le Fidarco, entretient l'hélicoptère sanitaire, etc. Qui va se charger de tout cela si on supprime le département?
Ma réponse: c'est parce que précisément les compétences et attributions du Conseil général sont multiples, ce qu'Yves vient de démontrer, qu'on les retrouve aussi, partiellement, à d'autres échelons. Ce qui pourrait sauver le département, ce serait une spécialisation dans un domaine que la région ou la commune ne pourraient absolument pas assumer. Je n'en vois pas. L'aide sociale, peut-être ... Ce qui me semble certain, c'est qu'il y a un problème de strates multiples qui se répètent inévitablement sur certains points: commune, communauté de communes ou d'agglomération, département, région, Etat!
2- La démocratie. Yves Daudigny pense, selon L'Aisne Nouvelle du 26 janvier, que le département est plus proche du citoyen que la région ou l'Etat, qu'il est indispensable au contact avec les entreprises et les associations, bref que c'est un niveau nécessaire de démocratie.
Ma réponse: je suis encore moins convaincu par cet argument que par le précédent. Le conseiller général dit quelque chose aux maires qui en ont besoin pour solliciter des subventions, mais le citoyen de base ne le connaît guère, en tout cas infiniment moins que le maire, le député ou même un simple conseiller municipal. Et puis, la composition des conseils généraux n'est pas représentative de la population. Dans l'Aisne, sur 42 conseillers, il n'y a que trois femmes, peu de jeunes, beaucoup de notables. Un conseiller général, c'est souvent un élu qui est déjà élu (maire). Quant à la politique, nous sommes aux antipodes de la proportionnelle. Ce serait plutôt la régle de la disproportion, quand on voit une formation politique très localisée, Initiative Démocratique de Gauche (IDG), devenir un groupe-clé. Il y a une sorte de conservatisme naturel qui se dégage des conseils généraux, même quand ils sont détenus par la gauche, parce que cet échelon est souvent plus administratif que politique.
3- L'histoire. Créé en 1790, le département rappelle la Révolution. Une carte de France sans la dentelle de ses départements, ce n'est plus une carte de France! On les a appris par coeur à l'école, on repère leur numéro sur les plaques d'immatriculation, ils font partie de notre vie, on aura du mal à s'en débarrasser. Yves reprend l'argument du n° d'immatriculation comme "élément de forte identification", et qui a fait l'objet de quelques commentaires sur ce blog. Jean-Pierre de Kerraoul, dans son éditorial de La Thiérache, est explicite: "L'atout majeur des départements, c'est d'être inscrit depuis deux siècles dans la mémoire et dans le paysage familier des Français."
Ma réponse: quand on est de gauche, l'histoire est faite pour être bousculée, pas pour s'y soumettre. Le département a été une structure révolutionnaire il y a plus de deux siècles, quand il a fallu abattre les derniers vestiges de la féodalité qu'étaient les provinces d'Ancien Régime. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Quant à l'identité départementale, je l'ai déjà dit: elle ne se réduit pas à une structure administrative.
Bonne fin d'après-midi.
1- Les compétences. Le Conseil général de l'Aisne entretient 5500 km de routes, a sous sa tutelle 1300 collégiens, s'occupe des personnes handicapées, des personnes âgées (APA) , des personnes en difficulté sociale (RMI), met en place l'ADSL, les transports à la demande, aide les commerçants avec le Fidarco, entretient l'hélicoptère sanitaire, etc. Qui va se charger de tout cela si on supprime le département?
Ma réponse: c'est parce que précisément les compétences et attributions du Conseil général sont multiples, ce qu'Yves vient de démontrer, qu'on les retrouve aussi, partiellement, à d'autres échelons. Ce qui pourrait sauver le département, ce serait une spécialisation dans un domaine que la région ou la commune ne pourraient absolument pas assumer. Je n'en vois pas. L'aide sociale, peut-être ... Ce qui me semble certain, c'est qu'il y a un problème de strates multiples qui se répètent inévitablement sur certains points: commune, communauté de communes ou d'agglomération, département, région, Etat!
2- La démocratie. Yves Daudigny pense, selon L'Aisne Nouvelle du 26 janvier, que le département est plus proche du citoyen que la région ou l'Etat, qu'il est indispensable au contact avec les entreprises et les associations, bref que c'est un niveau nécessaire de démocratie.
Ma réponse: je suis encore moins convaincu par cet argument que par le précédent. Le conseiller général dit quelque chose aux maires qui en ont besoin pour solliciter des subventions, mais le citoyen de base ne le connaît guère, en tout cas infiniment moins que le maire, le député ou même un simple conseiller municipal. Et puis, la composition des conseils généraux n'est pas représentative de la population. Dans l'Aisne, sur 42 conseillers, il n'y a que trois femmes, peu de jeunes, beaucoup de notables. Un conseiller général, c'est souvent un élu qui est déjà élu (maire). Quant à la politique, nous sommes aux antipodes de la proportionnelle. Ce serait plutôt la régle de la disproportion, quand on voit une formation politique très localisée, Initiative Démocratique de Gauche (IDG), devenir un groupe-clé. Il y a une sorte de conservatisme naturel qui se dégage des conseils généraux, même quand ils sont détenus par la gauche, parce que cet échelon est souvent plus administratif que politique.
3- L'histoire. Créé en 1790, le département rappelle la Révolution. Une carte de France sans la dentelle de ses départements, ce n'est plus une carte de France! On les a appris par coeur à l'école, on repère leur numéro sur les plaques d'immatriculation, ils font partie de notre vie, on aura du mal à s'en débarrasser. Yves reprend l'argument du n° d'immatriculation comme "élément de forte identification", et qui a fait l'objet de quelques commentaires sur ce blog. Jean-Pierre de Kerraoul, dans son éditorial de La Thiérache, est explicite: "L'atout majeur des départements, c'est d'être inscrit depuis deux siècles dans la mémoire et dans le paysage familier des Français."
Ma réponse: quand on est de gauche, l'histoire est faite pour être bousculée, pas pour s'y soumettre. Le département a été une structure révolutionnaire il y a plus de deux siècles, quand il a fallu abattre les derniers vestiges de la féodalité qu'étaient les provinces d'Ancien Régime. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Quant à l'identité départementale, je l'ai déjà dit: elle ne se réduit pas à une structure administrative.
Bonne fin d'après-midi.
6 Comments:
Qui peut me définir précisément l'identité axonnaise?
Combien de natifs de l'aisne dans notre département?
En habitant à chateau Thierry, je me sens plus proche de reims ou Paris que de Laon ou st-Quentin. Et je ne parle même pas du nord du département...
Dans mon collège, on acceuille des élèves de la marne, par exemple.
L'identité axoannaise, faite moi rire...Le "zéro-deux" en force!!!
By Anonyme, at 8:24 AM
- Ta remarque vaut-elle pour tout département?
- Pourquoi des gens se sentent-ils malgré tout "attachés" à l'Aisne?
By Emmanuel Mousset, at 9:41 AM
je ne suis pas partisan de conserver les départements à la condition que cela conditionne des économies importantes qui seront visibles dans le porte monnaie des citoyens
je pense que l'on ai plus attaché à son lieu de naissance, d'adolescence ou d'adulte selon son vécu mais pas forcément au département !!! enfin c'est mon avis - je suis né à Paris et je vis dans l'Aisne sans pour cela me sentir axonnais mais plutôt Parisien alors l'importance du département c'est vraiment du conservatisme plan plan et s'attacher à un numéro ! on a déjà celui de la sécu (dont vous parliez dans votre premier billet) qui nous colle à la peau jusqu'à la fin de nos jours où le numéro du département est précisé !! est ce que l'on s'est penché sur cet aspect dans l'immatriculation des individus (sommes-nous que des NUMÉROS ?)
By Anonyme, at 9:57 AM
c'est bien là que l'on voit l'attachement des élus aux petits pouvoirs! Il est interessant de constater que les arguments pour maintenir les départements sont artificiels! C'est plutôt la perte de son siège qui fait réagir l'élu!
De même quand on voit le gachis avec les communes!. j'entendais l'autre jour que le plus vieux maire de France avec 60 ans de mandat de maire était l'élu d'une commune de 45 habitants (et il se représentait seul candidat à sa succession après papa et grand papa)! c'est scandaleux et stupide! Il est urgent que la gauche s'attache à cela! Supprimer les communes et les départements qui n'ajoutent rien à la qualité de vie des habitants mais ajoutent de l'impôt à l'impôt. Voilà une bonne idée pour accroitre le pouvoir d'achat, même si cela est dérisoire!
MD
By md, at 10:56 AM
Supprimer toutes les communes? Tu ne vas pas un peu loin, Michel?
By Emmanuel Mousset, at 11:00 AM
non seulement celles qui n'ajoutent rien à la qualité de vie des habitants
MD
By md, at 11:03 AM
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