L'Aisne avec DSK

30 janvier 2008

01-02-03-04-05-06-07-08 etc.

Bonsoir à toutes et à tous.


J'ai souvent sur ce blog soutenu le conseiller général communiste Raymond Froment dans ses actions d'utilité publique, je l'ai régulièrement félicité pour son dynamisme. Mais là, non! Je ne suis pas d'accord avec le dernier combat en date qu'a engagé Raymond: la sauvegarde des plaques minéralogiques départementales! Et si je vous en parle, c'est que beaucoup de gens en parlent et que la droite, nationalement, pourrait y perdre quelques voix aux élections municipales. Ce n'est pas bien sûr ce dernier aspect qui me préoccupe, et s'il n'y avait que lui, au contraire je m'en réjouirais. Mais ce qui m'inquiète, c'est ce que signifie ce mouvement de protestation contre une mesure qui n'a rien de politique, qui est purement administrative et technique. Je cite Raymond dans le communiqué qu'il a envoyé à la presse:


"Je demande aux politiques des étages supérieurs de mettre fin à cette idée de faire disparaître un 02 auquel nous sommes très attachés, auquel on s'identifie. "Touche pas à mon 02". Nous, gens de l'Aisne, nous aimons notre département."


Froment, c'est le peuple de l'Aisne qui se soulève contre les "étages supérieurs" de la politique, c'est la reprise de l'éternel combat des "petits" qui tiennent à leur 02 contre les "puissants" qui le bradent. Son slogan reprend celui de SOS-Racisme dans les années 80: "Touche pas à mon pote." La plaque d'immatriculation devient le symbole du droit à la différence. A quand la petite main jaune au revers de la veste? Mais le fond de cette réaction, c'est le ressort identitaire, tel qu'en parle Françoise Anton, interrogée par Le Courrier Picard dans sa rubrique "C'est vous... qui le dites!":


"C'est une spécificité française qui disparaîtrait (...). Enlever ce numéro, c'est enlever une partie de notre identité."


L'obsession identitaire, la voilà qui resurgit, au détour d'une banale décision administrative. Depuis 25 ans, elle gangrène notre pays, sous des formes anodines comme celle-ci, sous des formes infiniment plus dangereuses, de la montée du vote nationaliste FN à l'instauration d'un ministère de l'Identité nationale par Sarkozy. Je ne mélange pas tout, je ne dis pas que les détracteurs de l'abandon de la plaque sont des frontistes. Evidemment pas. Mais j'affirme qu'une préoccupation identitaire peut prendre des aspects, avoir des effets totalement étrangers les uns aux autres. Je ne pense pas en tout cas que l'attachement minéralogique résulte seulement d'un conservatisme naturel ou d'une force de l'habitude.


Pour moi, les numéros des départements, ça me rappelle l'Ecole, où il fallait les apprendre, en CM2 je crois. La nostalgie a sa part là-dedans. Ca me rappelle aussi la préparation du concours pour devenir facteur, que j'ai passé en 1987 (et raté!), ce qui m'a obligé à les réapprendre. L'Ecole et la Poste, c'est un peu la France, qui s'en va quand les numéros des départements s'en vont de nos autos. C'est aussi une mémoire de base, un exercice mnémotechnique à la fois simple et complexe, une sorte de "devoir de mémoire" élémentaire.


Pourtant, quelle absence de poésie! Le 02, ce n'est qu'un chiffre. Comment peut-on l'aimer? Parce qu'il représente l'Aisne? Mais je n'ai pas besoin de ce chiffre pour me représenter l'Aisne et pour l'aimer! Quand j'étais enfant, l'idée que mon numéro de Sécurité Sociale allait m'accompagner toute ma vie me fascinait. J'avais l'impression que c'était le seul élément de ma personne à traverser le temps sans être altéré par celui-ci. Suis-je tombé amoureux pour autant de ce numéro? Bien sûr que non, et je ne le connais même pas par coeur! Une appartenance ne peut pas se réduire à un chiffre. Je me souviens de ce générique d'une de mes séries préférées, "Le Prisonnier", où Patrick MacGohan s'écriait: "Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre." Voilà ma réponse à Raymond.

Et puis, cette fameuse plaque d'immatriculation, elle n'avait de sens que pour les automobilistes à l'extérieur de leur département, sur la route des vacances, où les enfants jouaient à reconnaître les départements. Arrivé au camping, c'était une façon de repérer d'éventuels "départementaux", le désir de se retrouver entre soi, ce qui n'est pas ma vision des vacances, qui ne sont intéressantes que parce qu'on sort de chez soi et des siens pour aller ailleurs et vers les autres.


Il y a un peu plus inquiétant. Dans mon Cher natal, l'immatriculation de la voiture permettait de détecter les "étrangers". Les 75 perdus dans le 18, des parisiens en plein coeur du Berry, c'était la suspicion, d'ailleurs très ordinaire, sans véritable hostilité, mais tout de même une forme de méfiance. Du moins les voitures étaient-elles marquées, comme le bétail. On savait à qui on avait affaire, quand une vitre s'abaissait pour demander un renseignement. Comment va-t-on faire maintenant?


Le plus drôle dans cette histoire de plaque d'immatriculation, c'est l'alliance objective, comme disent les marxistes, entre les villes et les campagnes, les banlieues immigrés et la France profonde, la fierté du 02 et la fierté du 9-3. Zéro deux, neuf trois, même combat!




Bonne soirée.

28 Comments:

  • Je voudrais dire... que je n'ai rien à dire de plus ! Je suis en accord total avec toi.
    Allez, un peit commentaire quand même, pour enfoncer le clou :
    - "s'identifier" à un nombre, quelle tristesse !
    - si l'identité de l'Aisne est liée à un simple numéro, c'est que'elle est bien fragile...
    Thierry

    By Blogger Thierry D., at 11:31 PM  

  • à l'heure du zapping, de la mobilité, de l'éclatement familial qui nous éloignent de nos bases de naissance, l'identification à un département est dérisoire! (d'autant que beaucoup ont été fabriqués artificiellement). Le rapport Attali a, à juste titre, envisagé même leur disparition complète car ils créaient une surabondance de strates administratives!! Les "amoureux" de leur département ont de plus la possibilité de rajouter sur leur plaque un logo départemental ou régional!
    Que diantre, ne sommes nous pas européens!
    MD

    By Blogger md, at 7:55 AM  

  • J'ai une idée, qui va réconcilier tout le monde: donner aux enfants papier et feutres de couleur, les laisser imaginer et dessiner un beau et gros 02 qu'ils pourront afficher sur la vitre arrière de l'auto de papa et maman. Ainsi, la plaque d'immatriculation aura été abolie, mais les tenants du 02 verront leur liberté respectée, avec en plus la poésie enfantine, et la personnalisation avec la départementalisation!

    Question plus politique: supprimer ou pas le département? J'aimerais avoir vos arguments et contre-arguments. Moi, je suis plutôt pour sa suppression.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:33 AM  

  • C'est une évidence qu'il faut supprimer les départements. Il y a un échelon administratif de trop dans notre pays.
    Pensez qu'un "petit" pays comme le notre possède une centaine de département. Ce découpage n'et plus adpaté au monde dans lequel on vit.

    La seule chose à sauver dans le département est le mode d'élection. Le principe du conseiller général est bon. Gardons le pour l'élection du conseil régional. Le conseiller général est vraiment proche de ses administrés et élus par eux. Quoi de mieux pour représenter les intérets de notr canton devant les instances régionales?

    By Anonymous Anonyme, at 9:52 AM  

  • Si les conseillers généraux deviennent des conseillers régionaux, cela va augmenter considérablement les effectifs de l'assemblée régionale. Nous avons 42 conseillers généraux dans l'Aisne. Il doit y en avoir autant dans les deux autres départements, ce qui porterait le nombre d'élus à environ 130. Concevable ou pas?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:06 PM  

  • ne sommes pas déjà passé de 6 vice présidents sous charles baur
    à 16 sous claude gewerc ?

    By Blogger grandourscharmant, at 4:03 PM  

  • Je ne m'oppose pas à la suppression des départements dans le cadre administratif car je ne m'y connais pas suffisamment pour avoir un avis là dessus mais j'ai une question:
    Est-ce simplement une suppression administrative ou les départements vont réellement disparaître? Il n'y aurait plus de panneau "Vous êtes dans l'Aisne" quand on y entrerait? Dans ce cas, ne croyez-vous pas que leur suppression sera une certaine perte culturelle? "L'aisne" n'existerait plus? Les axonnais non plus?


    Jean Bonnot.

    By Anonymous Anonyme, at 4:39 PM  

  • personnellement, je suis pour la disparition des départements tels qu'ils existent actuellement ainsi que des petites communes. Seul un regroupement intercommunal me parait viable à terme; A quoi peut rimer des communes de moins de 5000 habitants?
    L'efficacité réside dans la mutualisation des moyens. Des communes de la taille d'un gros canton avec un maire - conseiller général regroupées en régions (façon länder allemands). Efficacité dans la prise de décision, efficacité dans la mise en oeuvre de projets structurants,..., réduction des coûts...

    By Blogger md, at 8:13 AM  

  • D'accord avec MD. Reste un problème de taille (mais les problèmes sont faits pour être réglés!): quelle représentation vraiment démocratique au sein de l'intercommunalité? Pour le moment, c'est très insatisfaisant.


    A Jean Bonnot:

    La disparition de l'échelon administratif n'implique pas la disparition de l'entité humaine et culturelle qu'on appelle "Aisne". Mon Berry natal ne correspond à aucune réalité administrative: il est divisé en deux départements, le Cher et l'Indre, et est englobé dans la région Centre. Il n'empêche qu'existe une identité culturelle berrichonne. Une identité forte n'a pas besoin d'être défendue, elle existe par elle-même, en dehors de tout cadre administratif.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 5:46 PM  

  • pour gérer l'intercommunalité, scrutin de liste au suffrage universel avec l'instar de la région (qui a un quota d'élus par département) un quota d'élus par commune! Le plus difficile sera la détermination du nombre de représentants de chaque commune, certaine étant vraiment ridiculement petite et si on fixe au minimum un élu le nombre de personnes qui devront siéger risque d'être important
    MD

    By Blogger md, at 7:39 PM  

  • D'où la complexité de cette représentation démocratique. Mais c'est à nous d'imaginer des formules plus simples.

    Je précise, au passage, que le Parti des Travailleurs, avec lequel nous avions conclu l'accord, est un adversaire résolu de l'intercommunalité.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:30 PM  

  • .....avec lequel nous avons et pas avions.....

    By Anonymous Anonyme, at 10:32 PM  

  • Non, je maintiens la conjugaison, puisque l'accord a été rejeté hier soir par les socialistes. Il fait donc partie du passé et ne s'applique plus, du moins aux socialistes.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:20 PM  

  • Mais c'est ridicule et faux, vous le savez bien que cela vous plaise ou pas.

    By Anonymous Anonyme, at 12:01 AM  

  • Ce n'est pas faux, c'est le résultat incontestable d'un vote!

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:40 AM  

  • Vous savez bien que ce vote n'a pas de sens .Il s'agit de se prononcer sur une liste.Vous avez une liste? Non. Vous etes candidat? Non. Personne ne vous demande de soutenir cette liste; Vous avez tjrs dit avant meme qu'elle existe que vous ne la soutiendriez pas, que vous n'en feriez pas partie,qu'il fallait la combattre et meme créer une 2eme section.Le problème c'est juste de ne pas tirer contre son camp.

    By Anonymous Anonyme, at 8:12 PM  

  • Ceux qui tirent contre leur camp, qui sabordent la section socialiste, qui trahissent notre idéal politique en s'alliant avec l'extrême gauche, ce sont les poperénistes, ce n'est pas moi.

    Le vote de jeudi soir, le rejet très majoritaire de la liste, ça n'a pas de sens? Vous vous moquez du monde!

    Une liste alternative, oui, la majorité de la section socialiste de Saint-Quentin en a une, et elle la présentera la semaine prochaine.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:24 PM  

  • Pourquoi avoir attendu?
    Mais est-ce que tu sais qd mm que la liste est présentée par le premier des socialistes avec la commission électorale. ET que l'on ne peut pas revenir sur l'élection du 1er des socialistes. C'est qqch qui est derrière nous.

    By Anonymous Anonyme, at 11:17 PM  

  • J'ai déjà expliqué, en accord avec Jean-Jacques Thomas, notre premier secrétaire fédéral, qu'il fallait distinguer entre "premier des socialistes", chargé de négocier avec nos partenaires et de constituer une liste, et "tête de liste", celui qui finalement sera choisi pour conduire la liste. Il n'est donc pas trop tard. Lundi, la commission électorale se réunira et les socialistes majoritaires feront des propositions aux poperénistes. Et mardi, les adhérents réunis en assemblée générale seront appelés à se prononcer sur la nouvelle liste.

    C'est clair?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:30 PM  

  • Non c'est une interprétation totalement erronée.Les statuts ne comportent que 2 articles très clairs concernant les élections municipales.Il n'y a pas de distinction entre 1er des socialistes et tete de liste.Ca n'aurait d'ailleurs pas beaucoup de sens.Mais j'y pense soudain vous ne deviendriez pas procédurier?

    By Anonymous Anonyme, at 1:00 AM  

  • Oui, je deviens procédurier face à des camarades qui l'ont été avant moi, malgré moi. C'est le seul langage qu'ils connaissent et qu'ils respectent, avec celui du rapport de force.

    Je suis désolé de vous contredire, et je m'appuie sur les propos de notre premier secrétaire fédéral: premier des socialistes et tête de liste, ce n'est pas statutairement la même chose. Voyez à Tergnier les démêlés de mon camarade Brocheton avec le député-maire Desallangre, qui viennent justement de la confusion entre les deux termes.

    Là où je peux vous donner raison, c'est que la plupart du temps, politiquement, dans les faits, c'est la même chose. Mais à St Quentin, de par la candidature minoritaire, nous sommes dans une situation inhabituelle (mais pas complètement rare).

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:06 AM  

  • La aussi on avance un peu: dans les faits c'est souvent la meme chose. Ouf!!Mais enfin si vous avez lu le texte c'est clair.
    A ST-Quentin la candidature dite "minoritaire"a été validée par le parti que cela plaise ou non.

    By Anonymous Anonyme, at 8:00 PM  

  • D'accord avec vous: le candidat minoritaire a été validé par la fédération comme premier des socialistes. Politiquement, est-ce satisfaisant? Non. Mais je respecte les règles du parti. La suite demain et après-demain.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:38 PM  

  • Bon quand meme!

    By Anonymous Anonyme, at 1:49 PM  

  • Douteriez-vous de mon légalisme envers le Parti socialiste? Vous me vexeriez. Je ne m'appelle pas Jean-Pierre Lançon (exclu du PS en 1995) ni Anne Ferreira (faisant campagne en 2005 contre son propre parti).

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:00 PM  

  • Pour le passé ne soyez pas aigri.
    Pour le présent j'ai juste noté qu'une fois de plus vous avez changé d'avis.Désormais le 1er des socialistes et la tete de liste c'est la meme chose.C'est ce que l'on essayait de vous expliquer depuis un petit moment.

    By Anonymous Anonyme, at 4:47 PM  

  • Allez dire ça à Jean-Jacques Thomas qui dit le contraire.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 5:21 PM  

  • Comprends pas!

    By Anonymous Anonyme, at 1:57 PM  

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