L'utilité d'un sondage.
Bonjour à toutes et à tous.
J'ai critiqué hier le sondage paru dans L'Union, ayant trait aux élections municipales, en dénonçant son inutilité. Toutefois, il y a un aspect de ce sondage, que je n'avais pas eu le temps d'aborder, qui me semble utile: les préoccupations des Saint-Quentinois. Utile parce que ça permet de cerner les attentes et les revendications de la population, à partir desquelles un programme municipal devrait être rédigé. Utile aussi parce que les résultats du sondage sont assez surprenants et qu'ils posent quelques problèmes politiques, que je vous énonce:
1- La première préoccupation, et de très loin, des Saint-Quentinois dans ce scrutin municipal, c'est l'emploi. Normal dans une ville qui est durement touchée par le chômage. Le problème, c'est que l'emploi n'est pas directement une prérogative municipale, mais ressort d'abord des politiques nationales. La municipalité peut faciliter la création d'emplois, rendre la ville attractive, ce n'est pas elle qui va relancer la croissance, la production et la création d'entreprises. Le débat sur l'emploi est donc à la fois nécessaire et difficile.
Je crois, pour ma part, qu'il faut sortir de la polémique autour de la "zone franche": a-t-elle ou non favorisé ou maintenu les emplois? A partir du moment où tout le monde reconnaît, Pierre André le premier parce que les faits et les chiffres sont là pour le dire, que Saint-Quentin connaît un taux de chômage insupportable, que c'est le problème n°1 dans notre ville, il faut envisager des solutions. La zone franche en était une, manifestement insuffisante. Mais est-ce que sa suppression apporterait plus de travail? Je ne pense pas. Donc, passons à autre chose, imaginons d'autres solutions, ne nous laissons pas enfermer dans un débat qui ne débouche sur rien.
2- Après l'emploi, la deuxième préoccupation des Saint-Quentinois, c'est la sécurité. Tout se tient, et moins d'emploi, c'est moins de sécurité. Il ne faut donc pas isoler la sécurité de l'ensemble d'une politique municipale. La première revendication des Saint-Quentinois, c'est de "développer le réseau de surveillance". Pierre André va dans ce sens, notamment en proposant le déploiement de la vidéo-surveillance. Ce système est très en vogue, on en parle beaucoup dans les municipalités pour remédier aux problèmes de délinquance. Je n'y suis pas favorable, non par laxisme mais au contraire par souci d'efficacité!
La surveillance, surtout électronique, déplace la délinquance, elle ne la réduit pas. Les voyous n'ont pas peur des caméras! La solution est humaine, par la présence des personnes, l'éducation des enfants, la responsabilité des citoyens. La vidéo-surveillance a un coût (d'achat, d'installation, de maintenance) élevé, et une rentabilité contestable: il faut savoir dans quoi on veut investir, faire des choix. Les individus seront toujours plus dissuasifs que les machines, et je préfèrerai que l'argent des machines aille à l'embauche de personnel.
3- 70% des Saint-Quentinois interrogés demandent de limiter le commerce en périphérie pour redynamiser le centre-ville. C'est la grande évolution par rapport à la campagne de 2001, où le centre-ville était considéré comme privilégié, au détriment des "quartiers" (comme si le centre-ville, où j'habite, n'était pas un quartier!). Aujourd'hui, c'est le centre-ville qui apparaît en difficulté. Mais la solution proposée n'est pas convaincante.
D'abord, elle est hypocrite: tout le monde va à Auchan et Cora, parfois en famille, pour acheter, s'y promener, y passer une bonne partie de la journée. On ne reviendra pas là-dessus. Ce qu'il faut, c'est repenser autrement le centre-ville, sans l'opposer à la périphérie. Le développement d'une ville est global. Quelques pistes (sur lesquelles je reviendrai): le centre-ville tel qu'il a été conçu il y a une trentaine d'années, ça n'existe plus. Les villes ont de moins en moins de "centre". Même remarque pour les "quartiers", qui ne sont plus des entités pertinentes.
4- La première demande des Saint-Quentinois porte sur l'ouverture de nouvelles formations à l'antenne universitaire. Mes élèves vont poursuivre les études à Amiens, Lille, Reims, alors qu'ils aimeraient souvent rester à Saint-Quentin. Le renforcement de l'offre d'études est donc une nécessité. Ce sera aussi un moyen pour freiner ou stopper la baisse démographique, qui n'est jamais un signe de vitalité.
J'ai depuis longtemps un projet en tête, qui ne règle pas le problème mais qui permettrait de contribuer à cet "esprit universitaire" qui manque à notre ville. Ce serait de créer une "université populaire", qui ne se substitue pas aux structures universitaires mais réponde à la demande de culture et de formation. Les structures administratives sont une chose, l'état d'esprit en est une autre. A Arras (46000 habitants) et à Saint-Brieuc (48000 habitants), il y a des universités populaires. Pourquoi pas à Saint-Quentin?
Pour terminer cette première approche d'un projet municipal, je remarque que les problèmes de circulation et de stationnement, dont tout le monde disait qu'ils étaient en tête, arrivent ... à la fin. Comme quoi il faut prendre de la distance avec des formes de protestation qui s'expriment avec virulence mais ne sont pas toujours prioritaires. Emploi, sécurité, aménagement de la ville, formation, on peut penser que ce seront les thèmes de campagne, beaucoup plus pertinents que le prix de l'eau ou le parking de l'hôpital. Nous en reparlerons dans les prochains jours ...
Bon après-midi.
J'ai critiqué hier le sondage paru dans L'Union, ayant trait aux élections municipales, en dénonçant son inutilité. Toutefois, il y a un aspect de ce sondage, que je n'avais pas eu le temps d'aborder, qui me semble utile: les préoccupations des Saint-Quentinois. Utile parce que ça permet de cerner les attentes et les revendications de la population, à partir desquelles un programme municipal devrait être rédigé. Utile aussi parce que les résultats du sondage sont assez surprenants et qu'ils posent quelques problèmes politiques, que je vous énonce:
1- La première préoccupation, et de très loin, des Saint-Quentinois dans ce scrutin municipal, c'est l'emploi. Normal dans une ville qui est durement touchée par le chômage. Le problème, c'est que l'emploi n'est pas directement une prérogative municipale, mais ressort d'abord des politiques nationales. La municipalité peut faciliter la création d'emplois, rendre la ville attractive, ce n'est pas elle qui va relancer la croissance, la production et la création d'entreprises. Le débat sur l'emploi est donc à la fois nécessaire et difficile.
Je crois, pour ma part, qu'il faut sortir de la polémique autour de la "zone franche": a-t-elle ou non favorisé ou maintenu les emplois? A partir du moment où tout le monde reconnaît, Pierre André le premier parce que les faits et les chiffres sont là pour le dire, que Saint-Quentin connaît un taux de chômage insupportable, que c'est le problème n°1 dans notre ville, il faut envisager des solutions. La zone franche en était une, manifestement insuffisante. Mais est-ce que sa suppression apporterait plus de travail? Je ne pense pas. Donc, passons à autre chose, imaginons d'autres solutions, ne nous laissons pas enfermer dans un débat qui ne débouche sur rien.
2- Après l'emploi, la deuxième préoccupation des Saint-Quentinois, c'est la sécurité. Tout se tient, et moins d'emploi, c'est moins de sécurité. Il ne faut donc pas isoler la sécurité de l'ensemble d'une politique municipale. La première revendication des Saint-Quentinois, c'est de "développer le réseau de surveillance". Pierre André va dans ce sens, notamment en proposant le déploiement de la vidéo-surveillance. Ce système est très en vogue, on en parle beaucoup dans les municipalités pour remédier aux problèmes de délinquance. Je n'y suis pas favorable, non par laxisme mais au contraire par souci d'efficacité!
La surveillance, surtout électronique, déplace la délinquance, elle ne la réduit pas. Les voyous n'ont pas peur des caméras! La solution est humaine, par la présence des personnes, l'éducation des enfants, la responsabilité des citoyens. La vidéo-surveillance a un coût (d'achat, d'installation, de maintenance) élevé, et une rentabilité contestable: il faut savoir dans quoi on veut investir, faire des choix. Les individus seront toujours plus dissuasifs que les machines, et je préfèrerai que l'argent des machines aille à l'embauche de personnel.
3- 70% des Saint-Quentinois interrogés demandent de limiter le commerce en périphérie pour redynamiser le centre-ville. C'est la grande évolution par rapport à la campagne de 2001, où le centre-ville était considéré comme privilégié, au détriment des "quartiers" (comme si le centre-ville, où j'habite, n'était pas un quartier!). Aujourd'hui, c'est le centre-ville qui apparaît en difficulté. Mais la solution proposée n'est pas convaincante.
D'abord, elle est hypocrite: tout le monde va à Auchan et Cora, parfois en famille, pour acheter, s'y promener, y passer une bonne partie de la journée. On ne reviendra pas là-dessus. Ce qu'il faut, c'est repenser autrement le centre-ville, sans l'opposer à la périphérie. Le développement d'une ville est global. Quelques pistes (sur lesquelles je reviendrai): le centre-ville tel qu'il a été conçu il y a une trentaine d'années, ça n'existe plus. Les villes ont de moins en moins de "centre". Même remarque pour les "quartiers", qui ne sont plus des entités pertinentes.
4- La première demande des Saint-Quentinois porte sur l'ouverture de nouvelles formations à l'antenne universitaire. Mes élèves vont poursuivre les études à Amiens, Lille, Reims, alors qu'ils aimeraient souvent rester à Saint-Quentin. Le renforcement de l'offre d'études est donc une nécessité. Ce sera aussi un moyen pour freiner ou stopper la baisse démographique, qui n'est jamais un signe de vitalité.
J'ai depuis longtemps un projet en tête, qui ne règle pas le problème mais qui permettrait de contribuer à cet "esprit universitaire" qui manque à notre ville. Ce serait de créer une "université populaire", qui ne se substitue pas aux structures universitaires mais réponde à la demande de culture et de formation. Les structures administratives sont une chose, l'état d'esprit en est une autre. A Arras (46000 habitants) et à Saint-Brieuc (48000 habitants), il y a des universités populaires. Pourquoi pas à Saint-Quentin?
Pour terminer cette première approche d'un projet municipal, je remarque que les problèmes de circulation et de stationnement, dont tout le monde disait qu'ils étaient en tête, arrivent ... à la fin. Comme quoi il faut prendre de la distance avec des formes de protestation qui s'expriment avec virulence mais ne sont pas toujours prioritaires. Emploi, sécurité, aménagement de la ville, formation, on peut penser que ce seront les thèmes de campagne, beaucoup plus pertinents que le prix de l'eau ou le parking de l'hôpital. Nous en reparlerons dans les prochains jours ...
Bon après-midi.
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