La peau de l'ours.
Bonjour à toutes et à tous.
Quand j'entends des camarades annoncer une "vague rose" pour dimanche soir, je suis inquiet. D'abord parce qu'on ne peut jamais rien annoncer en politique. Ceux qui le font se trompent régulièrement. Pas de boule de cristal, pas de boule électorale. Ensuite parce que c'est une erreur tactique: une victoire annoncée démobilise les électeurs de gauche et remobilise les électeurs de droite. Pas très malin! Enfin, je ne sens pas vraiment cette "vague rose" monter. En revanche, je vois beaucoup d'illusions s'installer.
Les sondages? Vous croyez encore aux sondages? L'un d'entre eux, ce matin, atteste d'une petite remontée de Nicolas Sarkozy, après sa grande dégringolade. Mais tout cela n'a pas de sens politique. Les humeurs de l'opinion ne font pas le résultat d'un vote. François Fillon est populaire alors qu'il est dans le même bateau, qu'il applique la même politique que Sarkozy. Comment expliquez-vous ça? La chute du président est surtout provoquée par son comportement, qui choque une partie de l'électorat de droite. Ira-t-il jusqu'à ne pas voter pour son leader dimanche? J'en doute beaucoup. C'est comme à Saint-Quentin: beaucoup critiquent le maire, beaucoup votent pour lui. Alors ...
L'appel à la "vigilance républicaine" lancé par la droite et la gauche, Villepin, Bayrou, Royal, Chevènement and co, aura-t-il un impact? Pas sûr. Dénoncer la "monarchisation" du pouvoir est récurrent sous la Vème République puisque ces institutions sont de nature monarchique. Là encore, nous sommes plus dans la forme que dans le fond. Ce n'est pas ce qu'attendent vraiment les Français. Le pamphlet de François Léotard "Ca va mal finir" est dans la même veine, celle d'une droite désabusée qui ne ralliera pas pour autant la gauche. Ca va mal finir? J'ai un copain, prof de philo, plutôt anar, qui ne cesse de me dire depuis 15 ans: "Ca va péter, ça va péter". Le problème, c'est que ça ne pète pas. Méfions-nous de ne pas tomber dans le même travers avec Sarkozy: Ca va mal finir ... alors qu'il y a quelques mois, on craignait d'en prendre pour 10 ans! Il faut avoir un peu de constance dans ses jugements.
Vous me direz sans doute que des questions de fond ont surgi ces dernières semaines: la remise en cause de la laïcité, le contournement de la justice. Oui, et ces thèmes me tiennent à coeur, et il faut se battre là-dessus. Mais je ne crois pas, en le regrettant, que les Français aillent aux urnes pour ça. En revanche, la déception, l'inquiétude et le mécontentement autour du pouvoir d'achat sont porteurs et mobilisateurs. Ceci dit, la politique gouvernementale n'est pas contestée en son coeur: paquet fiscal, suppression des droits de succession, réduction des effectifs de la Fonction publique, même les franchises médicales, le sursaut attendu n'est pas manifeste. Et je reste persuadé que le thème de la sécurité fera encore beaucoup pour maintenir Nicolas Sarkozy au pouvoir.
Et puis, une élection ne se gagne pas par opposition à la droite. Encore faut-il qu'il y ait une adhésion à la gauche. Le Parti socialiste a-t-il un projet? Non. A-t-il un leader? Non. Difficile dans ces conditions de crier à l'avance victoire. Ne nous berçons pas non plus d'illusions, c'est-à-dire de consolations, dans la soirée de dimanche: gagner quelques villes ne sera pas conquérir, loin de là, la France. N'oublions pas non plus que remporter des villes bourgeoises, ce serait bien, mais remporter des agglomérations ouvrières et populaires, ce serait mieux!
Mon inquiétude, partagée par beaucoup de camarades, c'est que le PS se satisfasse d'un socialisme municipal, socialisme de notables repliés sur de grosses municipalités, les conseils généraux et régionaux, sans volonté ni espoir d'une alternative nationale. Le PS occuperait alors la fonction "tribunicienne" que la droite gaulliste avait attribué au PCF dans les années 60: gérer localement, protester nationalement et ne jamais gouverner le pays. Cette glaciation empêcherait notre indispensable rénovation. Prudence donc, et modestie toujours: votons et appelons à voter socialiste, non pas comme un point d'arrivée mais comme un point de départ, celui d'un socialisme rénové et d'un leadership reconstruit, en vue d'une prochaine alternance nationale.
Bonne matinée.
Quand j'entends des camarades annoncer une "vague rose" pour dimanche soir, je suis inquiet. D'abord parce qu'on ne peut jamais rien annoncer en politique. Ceux qui le font se trompent régulièrement. Pas de boule de cristal, pas de boule électorale. Ensuite parce que c'est une erreur tactique: une victoire annoncée démobilise les électeurs de gauche et remobilise les électeurs de droite. Pas très malin! Enfin, je ne sens pas vraiment cette "vague rose" monter. En revanche, je vois beaucoup d'illusions s'installer.
Les sondages? Vous croyez encore aux sondages? L'un d'entre eux, ce matin, atteste d'une petite remontée de Nicolas Sarkozy, après sa grande dégringolade. Mais tout cela n'a pas de sens politique. Les humeurs de l'opinion ne font pas le résultat d'un vote. François Fillon est populaire alors qu'il est dans le même bateau, qu'il applique la même politique que Sarkozy. Comment expliquez-vous ça? La chute du président est surtout provoquée par son comportement, qui choque une partie de l'électorat de droite. Ira-t-il jusqu'à ne pas voter pour son leader dimanche? J'en doute beaucoup. C'est comme à Saint-Quentin: beaucoup critiquent le maire, beaucoup votent pour lui. Alors ...
L'appel à la "vigilance républicaine" lancé par la droite et la gauche, Villepin, Bayrou, Royal, Chevènement and co, aura-t-il un impact? Pas sûr. Dénoncer la "monarchisation" du pouvoir est récurrent sous la Vème République puisque ces institutions sont de nature monarchique. Là encore, nous sommes plus dans la forme que dans le fond. Ce n'est pas ce qu'attendent vraiment les Français. Le pamphlet de François Léotard "Ca va mal finir" est dans la même veine, celle d'une droite désabusée qui ne ralliera pas pour autant la gauche. Ca va mal finir? J'ai un copain, prof de philo, plutôt anar, qui ne cesse de me dire depuis 15 ans: "Ca va péter, ça va péter". Le problème, c'est que ça ne pète pas. Méfions-nous de ne pas tomber dans le même travers avec Sarkozy: Ca va mal finir ... alors qu'il y a quelques mois, on craignait d'en prendre pour 10 ans! Il faut avoir un peu de constance dans ses jugements.
Vous me direz sans doute que des questions de fond ont surgi ces dernières semaines: la remise en cause de la laïcité, le contournement de la justice. Oui, et ces thèmes me tiennent à coeur, et il faut se battre là-dessus. Mais je ne crois pas, en le regrettant, que les Français aillent aux urnes pour ça. En revanche, la déception, l'inquiétude et le mécontentement autour du pouvoir d'achat sont porteurs et mobilisateurs. Ceci dit, la politique gouvernementale n'est pas contestée en son coeur: paquet fiscal, suppression des droits de succession, réduction des effectifs de la Fonction publique, même les franchises médicales, le sursaut attendu n'est pas manifeste. Et je reste persuadé que le thème de la sécurité fera encore beaucoup pour maintenir Nicolas Sarkozy au pouvoir.
Et puis, une élection ne se gagne pas par opposition à la droite. Encore faut-il qu'il y ait une adhésion à la gauche. Le Parti socialiste a-t-il un projet? Non. A-t-il un leader? Non. Difficile dans ces conditions de crier à l'avance victoire. Ne nous berçons pas non plus d'illusions, c'est-à-dire de consolations, dans la soirée de dimanche: gagner quelques villes ne sera pas conquérir, loin de là, la France. N'oublions pas non plus que remporter des villes bourgeoises, ce serait bien, mais remporter des agglomérations ouvrières et populaires, ce serait mieux!
Mon inquiétude, partagée par beaucoup de camarades, c'est que le PS se satisfasse d'un socialisme municipal, socialisme de notables repliés sur de grosses municipalités, les conseils généraux et régionaux, sans volonté ni espoir d'une alternative nationale. Le PS occuperait alors la fonction "tribunicienne" que la droite gaulliste avait attribué au PCF dans les années 60: gérer localement, protester nationalement et ne jamais gouverner le pays. Cette glaciation empêcherait notre indispensable rénovation. Prudence donc, et modestie toujours: votons et appelons à voter socialiste, non pas comme un point d'arrivée mais comme un point de départ, celui d'un socialisme rénové et d'un leadership reconstruit, en vue d'une prochaine alternance nationale.
Bonne matinée.
7 Comments:
emmanuel,
J'espère que la peau de l'ours dont tu parles n'est pas celle de Grandours charmant !
Vatin, Lebrun, Majorel et Lefèvre ont pris position ...
On attend que tu en fasses autant !
du courage petit !
By Anonyme, at 1:10 PM
du courage à toi aussi petit ou petite, donnons ton nom.
By Anonyme, at 1:40 PM
Ecoute un peu, mon grand: j'ai déjà pris position, je ne cesse pas, jour après jour, de prendre position!
By Emmanuel Mousset, at 2:08 PM
Il ne faut pas oublier de transformer le PS en parti social démocrate réel, et laisser tomber les vieilleries qui nous plombent sur notre gauche, sinon nous ne trouverons jamais la confiance de l'électorat populaire et citoyen, et on aura toujours des peaux de banane de leur part sous nos pas.
By jpbb, at 3:23 PM
quitte à vendre ma peau, laisser moi mourrir avant.
et en temps que fidele lecteur de ce blog, je confirme que son auteur a toujours exprimé ses positions dans une grande transparence.
Ne se contentant pas de dire voilà ce que je pense, mais aussi en expliquant quel était la démarche intelectuelle qui l'amenait à cette conclusion.
Je crois meme que cela a entrainé quelques pressions et quelques désagréments pour l'auteur de ce blog parce qu'il avait le courage de ses opinions.
un parti socialiste ouvrier et populaire peut etre le jour où il ne sera pas indispensable d'etre redevable de l'isf pour appartenir à ses instances dirigeantes.
By grandourscharmant, at 5:11 PM
J'imagine que vous n'avez pas du recevoir les documents de campagne du canton sud, bienheureux que vous etes d'habiter dans le centre ville.
Je vous conseille d'y jeter un oeil car j'aimerais bien avoir votre avis sur la question.
6 candidats, 3 photos couleurs, 3 photos noir et blanc.
2 sourires sans dents, 4 sourires avec dents.
JLT, on aperçoit ses dents rien à redire
JCC semble avoir une dentition parfaite et c'est bien le seul.
Ne connaissant pas personnellement MG, j'aimerai bien avoir votre avis
je trouve ses canines bien écartées
comme si les merveilles de la technologie étaient passé par là et que la photo avait été retouché.
quant à AG, c'est la totale dent de travers, furoncles au dessus de la levre supérieure, mal rasé
vraiment pas l'image qu'on pourrait attendre d'un candidat à une élection
quand on sait qu'il existe des logiciels de retouche vidéo assez sophistiqués ma réaction premiere a été de me dire qu'on aurait pu penser à retoucher la photo
ma réaction seconde de me demander si justement tout ou partie des photos n'avaient pas justement été retouché.
De mémoire, je crois me souvenir avoir entendu parlé de cas similaire où le techncien chargé de retoucher les photos l'avait fait mais pas dans le sens souhaité.
quand on sait que tout est image.
By grandourscharmant, at 9:53 PM
Votre dernier commentaire est de mauvais goût. Vous m'avez habitué à mieux. A moins que je sois imperméable à votre humour ... très spécial. Je trouve que vous avez la dent dure.
By Emmanuel Mousset, at 11:35 PM
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