L'Aisne avec DSK

17 mars 2008

Lendemains qui chantent.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai déjà donné ce conseil: être indifférent à l'événement, rester froid, cultiver la distance, inscrire son analyse dans la durée, ne pas se laisser éblouir par le présent. Un lendemain d'une grande et belle victoire, pas facile d'adopter un tel comportement. C'est un état d'esprit. Entraînez-vous, ça viendra. Mes lecteurs psycho-affectifs, qui ont besoin d'excitation, auront du mal. Qu'ils insistent! Commencez aujourd'hui avec les résultats d'hier. Je vais jouer les rabat-joie pour vous aider dans l'exercice. Je serai votre coach en indifférence. Vous deviendrez impassible, capable ainsi de militer des années sans désespérer puisque vous n'attendrez plus rien, ni de l'événement, ni des autres, ni de vous-même. Vous vous transformerez en rocher, plus rien ne pourra vous atteindre. Les critiques deviendront des caresses, les attaques seront vécues comme des divertissements amusants. Vous regarderez alors la politique comme un jeu, mais le plus sérieux de tous les jeux.

Donc, les résultats d'hier: ils sont excellents pour le PS. Mais attention: en 2005, le PS engrangeait déjà d'excellents résultats à d'autres élections locales, régionales et cantonales. Ca n'a pas empêché la victoire de la droite deux ans plus tard. Les socialistes n'ont pas vocation à constituer un contre-pouvoir dans les villes, les départements et les régions, mais à exercer un jour le pouvoir. Je sais que la droite a été dimanche battue, et bien battue, mais je ne sais pas si elle a été sanctionnée. J'aimerais, mais une analyse sérieuse ne s'aligne pas sur ce que j'aime ou n'aime pas.

Notre société nous envoie des signaux électoraux qui bien souvent nous échappent et sont parfois contradictoires. Nous cherchons à rationaliser ce qui n'est peut-être pas entièrement rationnel. En 2006, le référendum sur la Constitution européenne a laissé croire à une vague anti-libérale. Il n'en était rien. Lors du scrutin municipal, beaucoup de ministres ont été réélus, souvent au premier tour. Alors, sanction du gouvernement? L'abstention a été puissante, beaucoup d'électeurs ne se sont pas sentis concernés. Cela aussi relativise le résultat.

Surtout, il y a ce sondage paru dans Aujourd'hui en France, qui vaut ce qu'il vaut mais nous invite à la prudence. Trois chiffres ont retenu mon attention:

1- Les Français ont voté essentiellement pour des raisons purement locales, et 20% seulement pour s'opposer à Nicolas Sarkozy.

2- 67% souhaitent que les réformes annoncées se poursuivrent.

3- 66% estiment que la priorité politique devrait être l'amélioration du pouvoir d'achat, contre 36% pour l'aide aux catégories sociales les plus défavorisées. N'oublions pas: le pouvoir d'achat, c'est un thème sarkozien, pas spécifiquement de gauche.

Je suis très heureux que le PS administre de nombreuses nouvelles collectivités locales, et je regrette que Saint-Quentin, dans ce contexte très favorable, nous échappe. Mais la vocation du PS n'est pas de gérer des villes, c'est de gouverner la France. Je ne voudrais pas que l'un empêche l'autre mais y prépare. Pour cela, les socialistes devront aller jusque bout de leur rénovation. C'est pourquoi nous poursuivrons dans l'Aisne les "rencontres rénovatrices" engagées en janvier à Soissons.


Bonne soirée indifférente.

4 Comments:

  • C'est que le chemin va être long pour arriver au terme de la rénovation. D'abord mettre le PS au pied du mur, virer le populisme, le culte de la personnalité, les vieilles habitudes de courants qui paralysent l'évolution idéologique. Passer franchement à la sociale démocratie, mettre le capitalisme au service de la création de richesse et du social dans le cadre européen mondialisé. Cela fera fuir Mélanchon vers la LCR, cela ne sera pas une grosse perte mais permettra de clarifier notre image aux yeux des Français. On pourra alors avancer à grands pas et organiser fin 2011 des primaires à l'italienne et mettre en 2012 face à Sarkozy un PS métamorphosé séduisant l'électorat et un candidat ou une candidate en phase avec cette évolution. Ce sont les éléments nécessaires pour remporter cette victoire. Mais comme aurait dit Mitterrand, nous verrons bien. ;-)

    By Blogger jpbb, at 7:40 PM  

  • ah manu, éternel fan d'épictète...

    Il faut vouloir les choses telles qu'elles arrivent...

    By Anonymous Anonyme, at 9:01 AM  

  • Je ne suis pas philosophe mais "vouloir les choses telles qu'elles arrivent" comme dit anonyme ça me semble bien la voie de tous les renoncements. Pour prendre quelques exemples qui ont marqué ma génération est ce qu'il fallait "vouloir les choses telles qu'elles arrivent" au moment des émeutes ouvrières de Berlin-Est; de la guerre d'Algérie, du Vietnam, du printemps de Prague... de la désindexation des salaires sous le gouvernement Fabius..etc ? Je sais bien que nous ne sommes pas devant des choix aussi dramatiques mais dans la loi de la jungle qui tient lieu d'ordre mondial, le temps du courage pourrait redevenir bien nécessaire. Je suis entièrement d'accord avec ton combat pour un non cumul intégral des mandats (et pour une limitation dans le temps pour chaque type de mandat). C'est la seule voie pour que la décentralisation ne réinvente pas la féodalité comme on le voit trop souvent mais élargisse les bases de la démocratie. Merci Emmanuel pour ton combat et bravo pour ton style flamboyant.

    Claude H.

    By Anonymous Anonyme, at 12:14 PM  

  • Epictète, Marc-Aurèle, Sénèque, mais oui, mes auteurs préférés, les stoïciens, bien mieux que les épicuriens. Et certains sont devenus empereur!

    Attention, vouloir les choses telles qu'elles arrivent, ce n'est pas du fatalisme, c'est admettre que les choses ne pouvaient pas arriver autrement, et donc ne pas s'en désoler. Je pourrai très facilement montrer que tout ce qui est arrivé à Saint-Quentin avait de sérieuses raisons pour se dérouler ainsi.

    "C'est ainsi", voilà la sagesse des stoïciens, qui ne laisse aucune place au regret.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 12:17 PM  

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