Tranches de siècle.
Bonsoir à toutes et à tous.
L'Express a consacré un numéro spécial à "Saint-Quentin en 1950". Je n'ai pas encore acheté mais j'ai vu la couverture: une démonstration d'un cascadeur de Jean Sunny, voiture inclinée sur ses deux roues, dans une rue du centre-ville. Jean Sunny! Il est mort l'an dernier, il a marqué la France profonde pendant au moins 40 ans. Dans les années 50, c'était l'attraction, dans une société où les distractions étaient rares. Au milieu d'un monde qui découvrait l'automobile, avant que la route ne devienne une hécatombe, Sunny organisait des rodéos mécaniques. Le spectacle était très populaire. Sur la photo, il n'y a ni barrières métalliques, ni agents de police pour protéger la foule, au premier rang de laquelle on voit des enfants. C'était ça les années 50: l'obsession de la sécurité n'existait encore pas. On sortait à peine d'une tragédie, rien ne pouvait faire peur, surtout pas les acrobaties de Jean Sunny!
A part ça, les années 50, c'est quoi pour moi? Les années d'avant ma naissance, les années surgies de la guerre, la décennie de mes grands-parents, l'existence d'une France encore rurale telle que Jacques Tati la dépeint dans "Jour de fête", une société qui s'américanise, dans laquelle il existe des bases militaires US sur le sol français. D'ailleurs, Jean Sunny, avec ses voitures en feu et leurs loopings, ne fait que reprendre une recette américaine. Les années 50, c'est aussi l'apparition des majorettes, ces bataillons de charme qui viennent d'outre-atlantique. Tout cela a un goût, une saveur, une ambiance, et chaque décennie, chaque tranche de siècle peuvent être appréciées ainsi.
Les années 60, par exemple: quand j'y pense, je vois la consommation et la contestation, De Gaulle et Mai 68. Pour moi, ce sont des années de rêve puisque ce sont celles de mon enfance. Les années 70 ont un autre goût: l'héritage de Mai, parfois amer avec le mouvement punk en 1977. Des années tout de même très typées, avec le disco à la fin. Les années 80 sont moins originales. Je retiens Mitterrand au pouvoir, la gauche enfin victorieuse, et en bout de course, l'effondrement du mur de Berlin. Décennie 90? Bizarre, c'était il n'y a pas si longtemps, j'avais la trentaine, mais rien ne m'a marqué. Je ne sais pas ce que sont, fondamentalement, ces années-là. En réalité, j'ai l'impression que depuis le milieu des années 80, on se répète. 1990-2000, c'est fade pour moi.
On célèbre en ce moment les 30 ans de la disparition de Claude François. 30 ans déjà! Pourtant, Clo Clo n'a pas vieilli, ses chansons sont encore celles qu'on écoute aujourd'hui en discothèque. En 1975, on m'aurait fait écouter un chanteur de 1945, j'aurai trouvé ça inimaginable. Notre culture contemporaine s'est forgée dans les années 60-70. Voilà pourquoi on s'y reconnait de nos jours sans grand problème. C'est le socle sur lequel se sont dressées sans originalité les décennies suivantes. Et après? On verra...
Bonne soirée.
L'Express a consacré un numéro spécial à "Saint-Quentin en 1950". Je n'ai pas encore acheté mais j'ai vu la couverture: une démonstration d'un cascadeur de Jean Sunny, voiture inclinée sur ses deux roues, dans une rue du centre-ville. Jean Sunny! Il est mort l'an dernier, il a marqué la France profonde pendant au moins 40 ans. Dans les années 50, c'était l'attraction, dans une société où les distractions étaient rares. Au milieu d'un monde qui découvrait l'automobile, avant que la route ne devienne une hécatombe, Sunny organisait des rodéos mécaniques. Le spectacle était très populaire. Sur la photo, il n'y a ni barrières métalliques, ni agents de police pour protéger la foule, au premier rang de laquelle on voit des enfants. C'était ça les années 50: l'obsession de la sécurité n'existait encore pas. On sortait à peine d'une tragédie, rien ne pouvait faire peur, surtout pas les acrobaties de Jean Sunny!
A part ça, les années 50, c'est quoi pour moi? Les années d'avant ma naissance, les années surgies de la guerre, la décennie de mes grands-parents, l'existence d'une France encore rurale telle que Jacques Tati la dépeint dans "Jour de fête", une société qui s'américanise, dans laquelle il existe des bases militaires US sur le sol français. D'ailleurs, Jean Sunny, avec ses voitures en feu et leurs loopings, ne fait que reprendre une recette américaine. Les années 50, c'est aussi l'apparition des majorettes, ces bataillons de charme qui viennent d'outre-atlantique. Tout cela a un goût, une saveur, une ambiance, et chaque décennie, chaque tranche de siècle peuvent être appréciées ainsi.
Les années 60, par exemple: quand j'y pense, je vois la consommation et la contestation, De Gaulle et Mai 68. Pour moi, ce sont des années de rêve puisque ce sont celles de mon enfance. Les années 70 ont un autre goût: l'héritage de Mai, parfois amer avec le mouvement punk en 1977. Des années tout de même très typées, avec le disco à la fin. Les années 80 sont moins originales. Je retiens Mitterrand au pouvoir, la gauche enfin victorieuse, et en bout de course, l'effondrement du mur de Berlin. Décennie 90? Bizarre, c'était il n'y a pas si longtemps, j'avais la trentaine, mais rien ne m'a marqué. Je ne sais pas ce que sont, fondamentalement, ces années-là. En réalité, j'ai l'impression que depuis le milieu des années 80, on se répète. 1990-2000, c'est fade pour moi.
On célèbre en ce moment les 30 ans de la disparition de Claude François. 30 ans déjà! Pourtant, Clo Clo n'a pas vieilli, ses chansons sont encore celles qu'on écoute aujourd'hui en discothèque. En 1975, on m'aurait fait écouter un chanteur de 1945, j'aurai trouvé ça inimaginable. Notre culture contemporaine s'est forgée dans les années 60-70. Voilà pourquoi on s'y reconnait de nos jours sans grand problème. C'est le socle sur lequel se sont dressées sans originalité les décennies suivantes. Et après? On verra...
Bonne soirée.
10 Comments:
vous devriez peut etre songer
à prendre quelques bons livres
et à oublier ce blog pendant une semaine ou deux.
en tant que lecteur, ce n'est pas la solution que je préférerais
mais je pense que parfois, il faut savoir faire autre chose.
By grandourscharmant, at 1:01 AM
Mais les bons livres, je les lis! Non, je continue ce blog, il est plus utile que jamais: montrer qu'il existe une autre ligne socialiste à Saint-Quentin que celle défendue par Anne Ferreira et Jean-Pierre Lançon. Et quand je vois ce qui s'est passé hier durant l'installation du conseil municipal, je me dis que c'est vraiment nécessaire. J'y reviendrai dans un billet ce dimanche.
Savoir faire autre chose? Mais je fais déjà autre chose! Non, ce qu'il faut surtout, c'est faire ce qu'on sait faire (et que les autres ne font pas...). Voilà ma règle de vie.
By Emmanuel Mousset, at 9:25 AM
La question n'est évidement pas d'arreter ce blog,
il est évidement plus que nécessaire et il risque de l'etre encore plus à l'avenir.
a certains moments, il faut savoir souffler et savoir ne pas faire ce qu'on aime faire et ce qu'on sait faire.
Un silence assourdissant est parfois bien plus efficace que le plus pertinent des commentaires.
Il faut savoir mettre en berne la flamme qui nous consume si nous ne voulons qu'elle nous consume totalement
Ce n'est que mon avis libre à vous de le suivre ou pas.
Des mots vous en auraient bien besoin pendant 6a
et je m'interroge sur la pertinence de peut etre les mettre de coté pendant quelques jours.
By grandourscharmant, at 10:10 AM
- Je n'ai pas besoin de souffler puisque je ne suis pas essoufflé.
- Le silence assourdissant, c'est la mort politique. En politique, il faut parler, s'exprimer (et publiquement) sinon c'est fini. Tant qu'il y a des mots, il y a de l'espoir.
- Le problème n'est pas celui de la flamme qui nous consumme mais de la flamme qui s'éteint et qu'il faut absolument entretenir.
Désolé, je ne rentrerai pas dans ma tanière pour hiberner, même quelques jours: je ne suis pas un ours mais un militant.
By Emmanuel Mousset, at 11:09 AM
Ah les paillettes...
S'il n'y en a qu'un, que je promène sur mon iPhone, c'est Charles Trenet. Il est immortel et traverse toutes les époques. La chanson populaire en tant que réflexion philosophique, La Mer, Que Reste t'il de nos Amours, Douce France.
Un vrai miroir...
By jpbb, at 12:06 PM
finalement, vous etes tres sarkozyste dans votre façon d'aborder les choses,
notre président n'aurait pas tenu un autre discours, je le crains.
et si ça justement ce n'est pas la marque d'un certain essouflement.
tant qu'il y a des mots, il y a de l'espoir, mais quand ces mots sont inaudibles, ils ne servent à rien.
Evidément qu'il faut savoir s'exprimer, mais il faut aussi savoir ne pas le faire.
Je ne suis pas sur que ce soit une bonne chose de ne pas pouvoir ne pas s'exprimer
vous parliez d'hier, peut etre que plutot que de dire ce qui a été dit
JPL aurait mieux faire de ne rien dire.
si la séquence qui vient de se jouer ne vous a pas affecté physiquement et moralement,
c'est que vous n'y avez pas participé
et si vous n'etes pas capable de décrocher ne serait ce qu'un moment,
la vie est faite de temps fort et de temps faible
il faut savoir susciter les temps faibles pour éviter qu'ils ne s'invitent au plus mauvais moment
Savoir se taire, c'est accepter de ne pas pouvoir remporter toutes les batailles.
si on ne peut pas faire un pas de coté pour savoir prendre un peu de recul,
cela signifie que l'expression a pris le pas sur l'action
et que ce qui compte le plus c'est de s'exprimer pas d'agir.
la phobie du silence de peur de ne plus etre vu, de peur de ne plus etre capable de s'exprimer ?
La peur de s'arreter dirigé par la crainte de ne pas pouvoir reprendre.
L'hibernation permet de pouvoir survivre aux conditions climatiques les plus difficiles
mais ce qui peut etre bon pour un ours ne l'est pas forcément pour vous.
je suis un fidéle lecteur de ce blog depuis quelques mois et ce silence n'est pas dans mon intéret.
vous ferez ce que vous voulez mais ce qu'on veut faire
est ce toujours ce qu'on devrait faire...
By grandourscharmant, at 12:28 PM
Je vous réponds d'abord par une taquinerie que vous me pardonnerez, j'en suis sûr (le dimanche, on a le droit d'être facétieux, non?): pour un homme qui me demande de me taire, je vous trouve bien bavard...
Bon, le fond maintenant:
- Sarkozyste, moi? Dans la forme, un certain activisme, peut-être. Tout n'est pas mauvais chez l'adversaire. Mais pas de bling-bling! (je n'ai même pas de montre!)
- Je n'ai pas été affecté par ce qui s'est passé parce que je n'y ai pas participé? On pourrait retourner l'argument: c'est parce que je n'ai pas participé que j'aurai pu être très affecté. Quand on aime l'action, on a envie d'agir.
- En politique, il faut bouger, ne pas s'arrêter. L'immobilité, c'est la mort. Je stoppe tout, je suis oublié dans les 15 jours. Faites de la politique,,vous comprendrez.
By Emmanuel Mousset, at 2:05 PM
La politique, c'est aussi l'art de la séduction, savoir susciter le désir et l'envie chez l'autre.
C'est savoir laisser faire les choses.
Une fois que les ingrédients ont été mélangé, il faut savoir laisser cuire le gateau
en soufflant dessus toutes les 30s,
il ne cuira pas plus vite.
N'etre qu'actif, c'est n'etre qu'une cible, savoir sortir de la ligne de mire.
Vous devriez vous intéresser aux courses celui qui franchit la ligne en tete, n'est pas forcément celui qui a mené toute la course, il faut aussi savoir se cacher et se préserver, laisser les autres faire les efforts alors qu'on en fait pas soi meme pour pouvoir les cueillir quand ils se seront épuisés.
Vous devriez prendre la peine de lire ou relire sun tzu.
quand on est qu'actif, les autres savent ce que vous etes en train de faire, il faut savoir faire appel à leur fantasmagorie, ce que vous faites sera toujours moins terrifiant pour eux que ce qu'ils pourront imaginer que vous etes en train de faire.
Le militant cesse d'exister s'il ne milite plus, mais quand on veut exercer des responsabilités, il faut savoir cultiver une part d'inactivité.
Ce sont ces moments là qui forgent les victoires et les défaites.
car il y a une marge entre etre vulnérable et laisser croire qu'on l'est.
By grandourscharmant, at 4:09 PM
Ce que vous dites est fort intéressant... et fort juste, et me conduit à me poser une terrible question que je n'ai pourtant jamais cessé de me poser: suis-je fait pour la politique? Ne vivrais-je pas une réelle passion qui tournerait à vide, qui se condamnerait à une dramatique stérilité?
Ce qui est certain, c'est que je ne suis ni séducteur, ni pâtissier, ni turfiste, ni lecteur de Sun Tzu.
Le portrait que vous faites du politique et de son art, je ne m'y reconnais pas.
Peut-on être autrement qu'on est? Je ne crois pas.
By Emmanuel Mousset, at 6:19 PM
je ne dis pas que des conneries quand meme enfin, j'espere.
On peut tout à fait faire de la politique comme on le veut
c'est comme prendre l'avion,
on peut etre pilote, co-pilote, hotesse, passager, mécanicien sur le tarmac ou controleur aérien.
Personne n'est obligé d'etre élu pour faire de la politique, mais pour espérer des responsabilités opérationnelles, ce n'est pas totalement inutile de l'etre.
DSK sans mandat électif fait de la politique, mais c'est l'élu Sarkozy qui décide d'un certain nombre de choses.
On peut faire de la politique sans etre maire, mais pour pouvoir etre maire, il faut etre élu et pour cela, il faut avoir les qualités pour.
Un élu n'est pas un militant politique tout à fait comme les autres, le poids des urnes lui confere pouvoir et responsabilités.
By grandourscharmant, at 7:52 PM
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