L'Aisne avec DSK

16 mars 2008

L'école de la démocratie.

Bonjour à toutes et à tous.

En ce deuxième tour des élections municipales, je veux vous parler d'un article de René Dosière paru dans Libération de cette semaine. Le titre m'a d'abord choqué: "Les communes, des coquilles vides". C'est surprenant... et provocateur, entre les deux tours d'une élection municipale! Je ne suis pas sûr que René, ou le journal, aient choisi un bon titre, c'est-à-dire un titre explicite. Mais le contenu, lui, est très bon. C'est du René!

Notre député dénonce d'abord deux formes de "mépris envers la vie politique locale": utiliser le scrutin municipal en vue de sanctionner le gouvernement ou bien en faire une élection administrative sans enjeu politique. A Saint-Quentin (mais aussi ailleurs), la gauche a adopté la première ligne de conduite et la droite la seconde. Dans les deux cas, il y a instrumentalisation du vote et dénaturation: d'un côté, on transforme le local en national, de l'autre, le politique en technique. Résultat: les vraies questions de politique municipale sont oubliées. René Dosière en repère au moins six, totalement occultées durant cette campagne:

1- L'élection directe au suffrage universel des présidents de conseil d'agglomération ou communauté de communes. Ces élus brassent beaucoup d'argent public, sont devenus plus puissants que les maires et ne rencontrent généralement aucune opposition structurée dans leur conseil. C'est anormal, inacceptable et à bien des égards scandaleux.

2- "La plaie de la démocratie française", comme le rappelle René, c'est le cumul des mandats et des indemnités. Mais qui va mettre fin un jour à cet autre scandale, cette seconde et révoltante anomalie? Tout le monde condamne le cumul et beaucoup (les mêmes!) le pratiquent. Des petits progrès ont été faits, il faut frapper maintenant un grand coup. On a su le faire pour la parité, pourquoi pas pour l'interdiction du cumul?

3- La taxe d'habitation est "l'impôt le plus injuste de notre système fiscal", établi sur des bases définies en... 1970. Il est évident qu'il faut le remplacer. Qui en parle? Qui propose quoi? Personne.

4- Les inégalités de richesse entre communes sont dramatiques. Les 10% les plus riches ont 22 fois plus de ressources que les 10% les plus pauvres. La gauche, dont j'ai rappelé il y a quelques jours que sa valeur principale était l'égalité, devrait s'engager dans ce combat et réfléchir à un système de péréquation.

5- Le fonctionnement municipal lui-même serait à revoir. La confusion entre le pouvoir exécutif et le pouvoir délibératif pose problème, la prime majoritaire trop élevée réduit le rôle de l'opposition.

6- C'est un serpent de mer qui a la vie dure, mais c'est surtout une juste revendication: le vote des résidents étrangers non européens. Les socialistes l'ont proposé (il y a longtemps puisque j'avais à l'époque 20 ans!), il serait plus que temps de le faire.

René Dosière conclut par cette belle formule: les élections municipales, c'est "l'école de la démocratie". Encore faudrait-il qu'on y pratique vraiment la politique municipale, notamment à travers les six grandes questions que pose mon camarade.


Bonne matinée, et bon vote.

5 Comments:

  • Je suis également énervé quand le PS dénature les élections municipales pour en faire un objet politique servant son acrimonie envers le pouvoir actuel. Pour le cumul des mandats, ce devrait être constitutionnel: "un homme un mandat".

    By Blogger jpbb, at 12:11 PM  

  • un homme un mandat
    pourquoi pas

    et puis
    suppression de toutes aides de l'état à celui qui ne vote pas,
    on peut toujours exprimer son mécontentement avec un bulletin nul ou blanc.

    On ne peut pas bénéficier de la générosité de l'état et se défiler quand celui ci a besoin de nous.

    By Blogger grandourscharmant, at 1:28 PM  

  • - "Un homme, un mandat", je ne serai pas aussi radical. En tout cas, pour certains mandats, oui, sans hésiter. Et l'inscrire dans la Constitution, pourquoi pas.

    - La 2ème proposition, celle de Grandours, me gêne aussi par sa radicalité. Mais l'idée est à creuser, en l'atténuant. Pourquoi pas l'obligation de voter?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:52 PM  

  • - Sur l'enjeu local-national : j'ai cru comprendre que la sensibilité politique majoritaire au Sénat, dépendait (indirectement) de celle des maires de France.
    Donc : enjeu national aussi, non pas dans le sens "jugement du gouvernement", mais plutôt "mise en place de contre-pouvoirs".

    - sur le vote des résidents étrangers : j'avais été intéressé par une personnalité de Gauche qui considérait que c'était une "nationalité française au rabais". Il prônait plutôt un assouplissement et une simplification des démarches pour devenir français, pleinement.
    Et puis il faut arrêter avec l'argument : "ils paient des impôts, donc ils doivent pouvoir voter" : Ca n'a rien à voir : des tas de français sont non-imposables... et votent.

    - Arrêtons aussi de répéter avec lyrisme que "le vote est un devoir" : pour l'instant, en France, le vote n'est un droit.
    En faire un devoir (comme en Belgique, je crois), pourquoi pas... si l'abstention devient inquiétante. Inconvénient : les français les plus dépolitisés et incultes iront voter massivement... pour qui ? Pour le candidat le plus démago !
    A l'inverse, certains proposent un "permis de voter", en limitant le droit de vote à ceux qui ont un minimum de culture politique. Une idée radicale, clairement "anti-beaufs"... toujours proposée par les électeurs de Gauche.

    Thierry

    By Anonymous Anonyme, at 5:46 PM  

  • Bonjour Thierry.

    - Un permis de voter? C'est effrayant!

    - Le vote est d'abord un droit. C'est en même temps un devoir moral. Faut-il en faire une obligation comme chez nos amis belges? That is the question.

    - Citoyenneté et nationalité, ces deux notions devraient partiellement se recouvrir, et ce n'est pas qu'une question d'imposition fiscale.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:10 PM  

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