Aller et retour.
Bonjour à toutes et à tous.
Rentré d'Agen depuis hier soir 22h30, j'ai encore un peu la tête dans le Lot-et-Garonne. Ca fait bizarre de quitter Saint-Quentin, ça fait bizarre d'y revenir. J'y suis, mais je vous reparle quand même de ce petit voyage. A l'aller, dans le train de nuit, une pensée m'est venue: pas de contrôleur durant tout le trajet, très peu d'arrêts, des voyageurs endormis, quelques zigotos sur la plateforme avalant bière sur bière et parlant 8 heures durant, cette situation donnait un fort sentiment de vulnérabilité. Nous étions bloqués dans ce convoi impossible à quitter, livrer à nous-mêmes et à n'importe quel incident entre individus. Il y a quelques années, un train de ce type, un matin du jour de l'An, avait été la proie de quelques voyous semant la terreur. Dans un espace aussi confiné, la peur se propage très vite, accentuée par l'idée qu'on ne peut pas fuir.
Réfléchissant à tout cela (quand je ne dors pas, je réfléchis, ça m'évite de perdre mon temps), je me suis dit qu'un simple contrôleur, avec sa casquette, son uniforme, sa poinçonneuse et son pouvoir de verbaliser, est déjà le représentant de l'ordre, de l'autorité, de l'Etat, de la loi. C'est pourquoi les délinquants ne les supportent pas et s'en prennent à eux, les symboles les plus fragiles de la société. Et quand ils ne sont pas là, c'est un sentiment de douce et inquiétante anarchie qui règne, comme dans ce train bondé.
Au retour, fini le populaire Corail, je me retrouve dans un TGV bon bourgeois. Je laisse aller, là encore, ma pensée (tout voyage ferroviaire me rend songeur, m'incite à la méditation, au fil du paysage qui défile). Traversant plusieurs wagons pour me rendre dans le coin restauration, je me rends compte que de nombreux enfants ne regardent pas par la fenêtre, ne parlent pas à leurs parents mais ont un écran devant eux où passent des films, le plus souvent des dessins animés. Voilà une belle image futuriste qui s'est réalisée: pouvoir regarder un film dans le train, comme à la maison ou au cinéma. Mais quelque chose me gêne: que vont devenir des enfants qui n'auront pas eu la chance de s'ennuyer dans un train lors d'un grand trajet? Cette expérience, cette épreuve, ne font-elle pas partie de la vie? Laissons les enfants être des enfants, c'est-à-dire s'ennuyer dans les trains. Devenus adultes, comme moi, ils ne s'ennuieront plus, ils réfléchirons.
Bon après-midi.
Rentré d'Agen depuis hier soir 22h30, j'ai encore un peu la tête dans le Lot-et-Garonne. Ca fait bizarre de quitter Saint-Quentin, ça fait bizarre d'y revenir. J'y suis, mais je vous reparle quand même de ce petit voyage. A l'aller, dans le train de nuit, une pensée m'est venue: pas de contrôleur durant tout le trajet, très peu d'arrêts, des voyageurs endormis, quelques zigotos sur la plateforme avalant bière sur bière et parlant 8 heures durant, cette situation donnait un fort sentiment de vulnérabilité. Nous étions bloqués dans ce convoi impossible à quitter, livrer à nous-mêmes et à n'importe quel incident entre individus. Il y a quelques années, un train de ce type, un matin du jour de l'An, avait été la proie de quelques voyous semant la terreur. Dans un espace aussi confiné, la peur se propage très vite, accentuée par l'idée qu'on ne peut pas fuir.
Réfléchissant à tout cela (quand je ne dors pas, je réfléchis, ça m'évite de perdre mon temps), je me suis dit qu'un simple contrôleur, avec sa casquette, son uniforme, sa poinçonneuse et son pouvoir de verbaliser, est déjà le représentant de l'ordre, de l'autorité, de l'Etat, de la loi. C'est pourquoi les délinquants ne les supportent pas et s'en prennent à eux, les symboles les plus fragiles de la société. Et quand ils ne sont pas là, c'est un sentiment de douce et inquiétante anarchie qui règne, comme dans ce train bondé.
Au retour, fini le populaire Corail, je me retrouve dans un TGV bon bourgeois. Je laisse aller, là encore, ma pensée (tout voyage ferroviaire me rend songeur, m'incite à la méditation, au fil du paysage qui défile). Traversant plusieurs wagons pour me rendre dans le coin restauration, je me rends compte que de nombreux enfants ne regardent pas par la fenêtre, ne parlent pas à leurs parents mais ont un écran devant eux où passent des films, le plus souvent des dessins animés. Voilà une belle image futuriste qui s'est réalisée: pouvoir regarder un film dans le train, comme à la maison ou au cinéma. Mais quelque chose me gêne: que vont devenir des enfants qui n'auront pas eu la chance de s'ennuyer dans un train lors d'un grand trajet? Cette expérience, cette épreuve, ne font-elle pas partie de la vie? Laissons les enfants être des enfants, c'est-à-dire s'ennuyer dans les trains. Devenus adultes, comme moi, ils ne s'ennuieront plus, ils réfléchirons.
Bon après-midi.
3 Comments:
J'ai toujours réfléchi quel que soit le lieu, ce qui fait que je ne m'ennuie jamais, même enfant dans les trains. M'ennuyer m'ennuie... ;-)
By jpbb, at 6:56 PM
"Réfléchiront" avec un t, bien sûr. Un week-end d'AG à Agen, c'est fatiguant, il faut récupérer...
By Emmanuel Mousset, at 7:13 PM
j'aime m'ennuyer car cela m'oblige à trouver quelque chose à faire d'autre que de s'avachir devant la télé par exemple ; prendre un livre ou laisser vagabonder sa pensée c'est tellement bien et je crois que de nos jours c'est un luxe car plus personne ne pense que s'ennuyer est positif pour l'esprit
By Anonyme, at 5:56 PM
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